Chapitre 4 : À vos ordres, colonel !

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- J'aurais jamais pensé faire ça.

- Ouais mais t'es con aussi, il méritait sûrement pas que tu le frappes.

- Mais il est tellement bizarre, j'te jure.

- Et alors ? C'est pas parce qu'on est différent que c'est forcément un défaut !

Il devait être 22h. J'étais assis en hauteur à contempler les lumières de la ville de Londres avec Billy.

Je tourne vers lui un visage moqueur.

- Ça y est ? T'as fini de me faire la morale ? T'as pas changé hein, après chaque engueulade de tes parents à cause de l'une de nos bêtises, tu me saoulais avec tes reproches.

- Sauf que là, j'étais pas avec toi. Et tabasser un innocent pour se faire des amis on l'avait jamais fait.

- On aurait pu.

- N'importe quoi ! On en avait rien à foutre de plaire aux gens ou de se faire des amis. Et même si on se bagarrait entre nous, on l'aurait jamais fait avec un pauvre gars seulement parce qu'il était seul ou différent !

Je soupire.

- Ouais bah ça a changé.

C'est là qu'il prononça la phrase de trop.

- Tu sais ce qui a changé ?! Toi.

Je me lève brusquement et sa main jaillit pour attraper mon poignet.

- Je te connais par cœur Andy, murmure-t-il, toujours aussi impulsif, hein? Rassieds-toi. Je te demande pardon.

Ses prunelles brillaient dans le noir et j'ai su qu'il était sincère.

- J'ai plus envie d'en parler, dis-je en grognant.

- On en parle plus, soupire-t-il.

Et je me rassis.

Cette colline me plaisait bien. Bizarre, hein ? Une colline près de Londres. Moi non plus je ne pensais pas que ça existait.Et Athènes me manque.

Des cris raisonnent dans ma tête et je me laisse envahir par les souvenirs.

- ANDYYYY ! BILLYYYY ! Venez ici !

Mariage de ma tante.
Un rire nerveux me secouait et Billy mit sa main sur ma bouche pour me faire taire, du haut de ses 9 ans. Cachés sous la table du banquet dont la nappe nous permettait une certaine discrétion, nous nous partagions notre butin.

- Bien joué Amiral Dermanis, me félicita mon ami.

- Merci Bi...

Il me fait les gros yeux.

- Capitaine Bill, me repris-je, très sérieux.

- Bon. Voilà ta part.

Il me tend une part de gâteau, quelques dragées et trois chocolats. Puis, il attrape la bouteille en verre que j'ai réussi à chiper aux cuisiniers et mord dans le bouchon en liège pour l'ouvrir "comme les pirates", dit-il.

Une minute et trois efforts vains plus tard, il s'agace et finalement réussit à enlever le bouchon avec les mains. Je fais mine de prendre un verre en plastique mais il me stoppa et me dit d'un air solennel :

- "Au goulot, matelot !"

Il prend une gorgée directement à la bouteille et j'en déduis que boire au goulot signifiait ne pas avoir besoin de verre. Puis il me la passa. Je bus une grande gorgée, confiant, avant de recracher le contenu sur ma tenue blanche.

Lonely is so lonely aloneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant