Chapitre 12 : Ne jamais laisser un Bill et une April sans surveillance.

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Je frissonne. Tout est si calme, presque sans vie. Je suis désormais la seule présence humaine qui semble rendre utile les meubles et tapisseries qui composent cette maison. On pourrait croire que cette demeure luxueuse ait été laissé à l'abandon suite à un grand secret de famille. Si important qu'il a brisé des liens du sang et du cœur et  provoqué des adieux déchirants qui n'auront jamais pu être exprimé à cause d'une fuite précipitée. 

Épuisé par ce rude week-end, je traîne ma carapace charnelle jusqu'à la cuisine pour y récupérer une pomme tandis que mon esprit divague vers ces pensées sinistres qu'en temps normal j'interdis d'immerger. Pris d'assaut, je n'ai pas eu la force de lutter. Me voilà donc en proie à des scénarios lugubres qui me font froid dans le dos. 

- Si j'avais au moins quelqu'un pour me tenir compagnie..., je grommelle pour moi-même. 

Je soupire bruyamment. Même si ma cousine est une vraie petite chipie aux faux airs d'ange, je dois avouer qu'elle et ses bêtises me manquent un peu. Terriblement.

C'est donc avec un geste machinal que je croque un bout de ma pomme et me laisse tomber sur une des chaises du mini bar en bois de hêtre qui occupe une partie de la cuisine. Une fois repu par ce maigre dîner, je décide de retrouver mon plus grand amour... C'est-à-dire mon lit. 

Rien n'est plus confortable et apaisant que lui. 

Les yeux mis clos, j'ouvre la porte de ma chambre sans allumer la lumière et vais fermer les volets. Je retourne à tâtons jusqu'à mon grand lit double mais me cogne le petit orteil contre le pied de la chaise de mon bureau. Je pousse un juron en sautillant sur place. Fatigué, je me déshabille en vitesse en balançant mes vêtements sur la maudite chaise et me presse de rejoindre mon amoureux. Je tire enfin la couverture et plonge mes jambes dans...

- Mais... Que...

Je fais un bon et repousse ma couverture de toutes mes forces, pris d'une terrible angoisse. C'est froid. Liquide. Limite visqueux.  

Je ramène mes jambes jusqu'à mon torse et allume ma lampe de chevet mais mes pieds sont recouverts de...

- AAAAAAAAH ! 

DU SANG !?

Je hurle de panique à nouveau et bondis de mon lit. 

ENLEVEZ-MOI ÇA !

Horrifié, je fixe mes draps qui ont pris cette couleur rouge, poisseuse et pâteuse, n'osant plus esquisser le moindre regard vers mes jambes. Sachant pertinemment que personne ne viendra à mon secours, je pousse un cri désespéré puis essaye de me raisonner. 

Réfléchis Andy. Réfléchis. Pourquoi y aurait-il du sang dans ton lit !?

Soudain, un éclair de lucidité me frappe. Je me lève, encore un peu tremblant et m'approche de mon malheureux lit. J'ai l'impression que mon cœur est coincé dans ma gorge et je tente en vain de le ravaler, une sueur froide coulant sur mon front. Encore un peu méfiant, je soulève lentement un bout de ma couverture en retenant ma respiration.

- C'est pas du sang... ! Dis-je à voix haute comme si je tentais de rassurer quelqu'un. 

J'étais vraiment mort de trouille.

- C'est du... 

Sans aucune hésitation cette fois-ci, je plonge un doigt dans cette substance sombre. 

- Du ketchup !!

Je repense alors au sourire si particulier que Bill avait eu avant de partir. Ce n'était en fait qu'un sourire plein de malice suite à la blague qu'il avait inventé avec ma cousine. Et c'est qu'elle a bien joué le jeu la p'tite ! 

Tu m'étonnes qu'elle veut savoir si ce traître de Bill à une amoureuse. Tsss.

- Bon et je fais comment pour dormir maintenant ? 

Je jette un coup d'œil à mon défunt amour, complètement barbouillé de ketchup. Je fronce les sourcils, désespéré. 

C'est mort pour lui ce soir.

Je réprime un gloussement.

Aha. Mort. Sang. Ketchup. Non ? Ok.

Au prix d'un dernier effort, je sors de ma chambre avec un plaid et mon oreiller. Puis, je m'installe dans la chambre d'amis pour enfin m'endormir sans mauvaise surprise. 

[...]

- Bah alors mec ! T'as passé une nuit blanche ou quoi ? Me lance Matt, un sourire en coin. 

La tête encore dans le coton je ne réagis pas immédiatement à sa réflexion. Je finis par me réveiller et lui donne un coup de coude :

- Pfff bah ouais ! Je suis occupé moi, la nuit... , dis-je d'un air rempli de sous-entendus. Contrairement à toi.

J'en fais rire plus d'un mise à part Justin qui commence à avoir des doutes sur ce que je raconte. Du moins, c'est ce que je crois vu le regard noir qu'il me lance et ses mains bien enfoncées dans les poches de sa veste. 

Moohh le coq fait moins le fier hein ? Il pense que j'ai passé mon week-end avec Spencer ?

- Et on peut savoir qui a été l'heureuse élue ? Poursuit Matt.

Justin se raidit, à l'affût de ce que je vais prononcer. Je me fais un malin plaisir à le voir s'inquiéter.

- Qu'est-ce qui te dit qu'il y en avait qu'une... ? Finis-je par dire. 

Et ils se remettent tous à rire. 

- Ça ne répond pas à sa question. Assène froidement Justin. 

J'ouvris la bouche pour lui offrir un réponse encore plus douteuse mais une voix forte et enjouée se fit entendre de tous. Spencer était entourée d'un groupe de filles qui étaient suspendues à ses lèvres. 

- Ma-gni-fique ce mec. Je vous jure ! Absolument adorable avec son sourire en coin... 

Justin fit volte-face pour me prendre par le col, la rage commençant à monter d'un cran. 

- Hé mec ! Calme-toi, qu'est-ce qui te dit qu'elle parle de moi ? 

Pris d'un doute, il relâche sa prise mais ne me lâche pas du regard. 

- Mais je suis flatté que t'ai pensé à moi. J'avoue, je suis plutôt un gars adorable avec mon sourire en coin, me moquai-je en joignant le geste à la parole. Et surtout ma-gni-fique

Furieux, Justin détourne la tête, dégoûté de sa propre réaction. 

Et un point pour...

- Mannequin. Un beau mannequin aux cheveux bruns. 

QUOI !? Mais de qui parle Spencer ?

Un peu piqué au vif, j'imite mon ennemi et écoute plus attentivement ce que raconte Spencer. Mais mon attention est attiré par deux points lumineux. Des chaussures à paillettes. Elles sont pas horribles mais... Qui porte ça ? Je relève la tête. 

Ah. Le muet. Pourquoi ça ne m'étonne pas ?

Le mec-qui-ne-parle-pas sursaute comme si je l'avais pris sur le fait. D'un air presque coupable, son sourire s'affaisse et son regard s'assombrit en me regardant Justin et moi. Je ne supporte pas qu'on me dévisage avec un air de dégoût et Justin est visiblement du même avis. Alors je me redresse et m'apprête à aller le voir pour lui faire comprendre que je n'aime pas les morveux comme lui. Mais je n'en ai pas eu l'occasion. 

- Oh ! Vous êtes là les gars, fait mine May d'un air plus sournois que surpris. 

Elle claque une bise à Justin qui en paru plus que ravi mais sa fierté descendit d'un cran quand elle m'enlaça pour un câlin. Il se crispe et serre les poings. Je lui adresse un clin d'œil avec mon fameux "sourire en coin". 

Cette fois, la guerre est déclarée. Et la balle est dans mon camp. 

Lonely is so lonely aloneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant