CHAPITRE 1

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Il était un peu plus de trois heures du matin quand Lola Zimmerman se réveilla en sursaut au beau milieu de son lit colonial, dont le cadre en fer forgé ornementé finement ciselé était drapé d'une légère toile de soie blanche. La sueur faisait briller son visage, quelques gouttes éparses clairsemaient son doux visage. Sa nuisette en satin blanc Dolce Gabbana collait et épousait les courbes de son corps.

La petite blonde se redressa haletante. Les événements qui venaient de se dérouler affolaient tous ses sens. Son cœur battait beaucoup trop vite, frôlant dangereusement le point de rupture. Ses mains dans un simple réflexe empoignèrent sa poitrine. Elle inspirait de grandes bouffées paniquées, luttant avec ce corps qui chercher par tous les moyens à expulser les peurs envahissantes. Il fut un temps où son père aurait accouru dans sa chambre pour lui apporter douceur et réconfort, mais ce temps était révolu et elle ne pouvait plus que compter sur elle-même. Le simple fait de penser à ce grand dadais avait un effet apaisant immédiat. Etreinte dans le suaire blanc de sa robe de chambre, son visage angélique encore sous emprise, il lui fallut de longues minutes passées sur le fil ténu pour retrouver un semblant de cohérence.

Impossible d'échapper au rêve de cette nuit, une foule de question se bousculait, mais pour le moment, tout était encore beaucoup trop confus pour ordonner ses idées. Les vieilles habitudes revenant au galop, elle fit la seule chose sensée que lui dictait sa bonne conduite, sortir de sa chambre et se diriger tout droit vers sa salle de sport personnelle au sous-sol. Une fois son casque beat sur les oreilles, sa Playlist en route, elle s'installa sur son tapis de course avant d'avaler le kilomètre. Règle numéro un, la douleur prévalait sur les pensées persistantes et Lola couru encore et encore, jusqu'à sentir de l'acide bouillir dans ses veines, jusqu'à ce que ses pensées ne fussent plus tourmentées que par ses cuisses hurlantes. Epuisée, tenant à peine sur ses jambes, elle regagna péniblement sa chambre, après avoir pris une douche purificatrice. Elle avait réussi à canaliser son esprit, mais essayer de retrouver le sommeil, était une autre paire de manche. Chaque fois qu'elle fermait les yeux elle se retrouvait plongée au beau milieu de la forêt, à l'orée de cette clairière. N'y tenant plus, sachant pertinemment sa nuit gâchée, elle descendit pour la deuxième fois de sa chambre, direction la cuisine.

Il y avait toujours une multitude de parfum exotique rangé dans les placards, ce qui rendait le choix d'autant plus difficile pour la préparation d'une simple tasse de thé. Le vrombissement du micro-onde emplissait l'espace, comblant la résonnance du vide. C'était dans ses moments, que ses parents lui manquaient. Elle aurait voulu trouver le réconfort des bras de son père. Cette maison était bien trop grande pour une femme seule, mais elle ne pouvait se résoudre à la quitter. Le manoir était chargé du souvenir de ses parents. Elle les avait aimés plus que tout au monde. Ils lui avaient donné tellement d'amour. Maintenant restait une triste mélancolie, et le vide.

Tout en dégustant machinalement son thé brûlant, Lola était littéralement plongée dans une intense réflexion. Elle se souvenait parfaitement du rêve de cette nuit. En règle général, on ne se rappel jamais de ses rêves. Tout au plus, quelques bribes fugaces, et puis elles disparaissaient dans le flou de la mémoire pour sombrer dans l'oubli éternel. Mais ce n'était pas un rêve ordinaire. Ce n'était pas la première fois qu'elle faisait ce genre de rêve. Pourtant celui-là était différent des autres. Elle en avait eu qui pouvait vous empêcher de dormir des jours durant. Au-delà du crime en lui-même, ce qui la dérangeait particulièrement, c'était l'enfant. Comment avait-elle put la voire ?

Depuis les prémices de l'adolescence, Lola en avait fait de toute sorte, plus horrible les uns que les autres. Elle avait découvert que ses rêves étaient toujours liés à des événements tragiques passés, dont elle n'avait jamais entendu parler. Elle se retrouvait spectatrice invisible de scène de crime vous faisant vous poser des questions sur l'essence même de la nature humaine. Surmontant les peurs et le dégout qui s'emparaient de ses tripes, elle s'infligeait des épreuves terribles, regarder ces monstres torturer des victimes innocentes dans les moindres détails. Trancher. Couper. Eviscérer. Fracasser. Etc... Elle n'avait pas le choix. Ces expériences étaient terribles. Elle se réveillait dans tous ses états. Parfois tipes et boyaux finissaient sur le parquet de sa chambre. Tout ça contribuait à une forme de paranoïa, elle préférait garder ses distances avec les gens, ayant vu la noirceur de l'âme humaine, et rare était ceux qui pouvait se vanter, de la serrer dans les bras.

les rêves de LolaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant