CHAPITRE 28

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Il était un peu plus de cinq heures du matin, lorsque Lola se réveilla en sursaut. Cette fois, elle était bel et bien dans son lit à l'hôtel. Elle porta instinctivement la main à sa poitrine. Son cœur battait beaucoup trop vite. Son corps ruisselait de sueur. Non pas que ce rêve-là ai été plus terrifiant que çà. Mais ses expériences l'éprouvaient jusqu'au plus profond de son âme. Parfois, elle craignait ne jamais se réveiller. Quelques fois, elle l'espérait.

Quelques minutes suffirent à notre aventurière en herbe pour reprendre ses esprits. Ni une, ni deux, elle fila sous la douche tel un rituel purificateur. Une fois sortie, séchée, et habillée, Lola tournait dans sa chambre comme un fauve en cage. D'habitude, elle serait allée dans sa salle de sport, aurait épuisé son corps pour retrouver le sommeil. Ici, elle n'avait pas beaucoup de choix. La seule solution qui s'offrait à elle était de sortir faire un jogging. L'idée de parcourir les rues en pleine nuit dans un pays étranger ne l'enchantait guère. Surtout, ses cinq années à vivre en ermite n'était pas si loin. Même si elle avait parcouru énormément de chemin depuis, c'était tout simplement au-dessus de ses forces.

Elle n'avait plus qu'une idée en tête, lancinante, qui tournait en boucle : elle devait se confier à Marc. A pas feutrés, elle se glissa dans le couloir, fit les cents pas devant sa porte, n'osant pas frapper. Chaque fois qu'elle s'enhardissait, son coté timide reprenait le dessus, laissant s'échapper loin au grand galop cette témérité éphémère. Puis vint le moment où elle frappa doucement, presque par peur de le déranger. Elle attendit un bon moment, mais aucune réaction ne se faisait sentir de l'autre côté. Elle faillit repartir, revint à la charge, frappa plus fort. Toujours rien. Il devait dormir vraiment profondément avec la cuite qu'il tenait. Il était temps d'user des grands moyens. Lola sortit son portable, et composa le numéro du commissaire.

Il l'entendait nettement à présent. La sonnerie de son téléphone chantait la même musique depuis plusieurs minutes. A première vue, il ne devait pas avoir dormi plus de quatre heures. Il avait les yeux encore collés. Sa tête était une boule de douleur enflant au rythme des battements de son cœur. Il décrocha son téléphone, plus pour faire taire cette sonnerie incessante. Il porta le combiné à son oreille, sans même avoir esquissé un battement de cil.

- Allo, dit-il, de sa voix était pâteuse et sèche.

- Hé ben dit donc, il t'en a fallu un temps pour décrocher, j'aurais pu mourir dix fois.

- Lola ?!?

Marc faillit se rendormir. Habituellement, il aurait accouru dans son éclatante armure. Mais là, l'alcool et la fatigue avait pris le pas sur la raison.

- T'es toujours là ?

- Quel heure il est ? Répondit-il après un sursaut de retour dans le monde.

- Il est bientôt six heures.

Il lui fallut bien vingt bonnes secondes pour digérer l'information.

- Lola, j'ai dormi à peine quatre heures, j'ai une gueule de bois carabinée... tout va bien ? Finit-il par s'inquiéter.

- Oui. Allez ouvre moi, ça fait une demi-heure que je poireaute devant ta porte.

Marc tituba le long des quelques mètres le séparant de la porte. Après avoir ouvert, il retourna poser son séant lourdement sur le lit, une main fortement appliquée sur son front pour essayer d'atténuer la douleur. A peine un son était-il sorti de la bouche de Lola, qu'il leva sa main libre, l'index levé, pour intimer le silence.

- Tout d'abord, je tiens à te dire que j'ai pas les idées claires. Il va me falloir une bonne dose de café et une aspirine, avant de commencer.

les rêves de LolaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant