les rêves de Lola

CHAPITRE 21

Ils ne tardèrent pas à arriver aux frontières de la ville, devant la grille en fer de l'orphelinat. Son enceinte était auréolée d'un mur en pierre de meulière où poussaient çà et là des grappes lierres. Une fois la voiture garée, ils pénétrèrent dans la cour où s'ébattaient une multitude d'enfants qui accoururent à l'encontre des visiteurs. C'était un rituel immuable, chaque marmot voulait se montrer dans l'espoir de quitter ce lieu, et de gouter à une vie meilleure. Lola reteint ses larmes en voyant leurs visages tous crottés de boue, leurs bras tendus vers eux, et leurs yeux emplis du désespoir vibrant de ne pas être choisi.

Une femme sortit du bâtiment principal en criant et en jurant. La marmaille s'éparpilla aux quatre coins de la cour feignant de reprendre leurs activités tout en regardant attentivement les étrangers du coin de l'œil. Elle se dirigea à l'encontre des inconnus.

- J'peux savoir ce que vous foutez là ?

- Bonjour, répondit Lola. Je suis désolée, nous débarquons comme çà à l'improviste. J'ai été moi-même pensionnaire de cet orphelinat, je voulais juste voir à quoi il ressemblait. Et surtout, j'aurais aimé savoir s'il était possible de consulter mon dossier ?

- Seriez pas de flicaille par hasard. Ou pire encore, un de ces sales fouineurs de journaliste ?

- Non, rétorqua Lola face à tant de suspicion.

- Parce que les journalistes, je commence à bien les cerner, toujours à vous inventer tout un tas de bobards pour arriver à leurs fins... vous êtes qui déjà ?

- Je m'appelle Lola...

- Ben ça, ça m'fait une belle jambe, rien à fiche d'un prénom...

- Mon nom c'est Zimmerman...

- Et lui là-bas, celui qui vous accompagne, c'est quoi son nom ?

- Monsieur Durant, c'est mon ami...

- Et j'peux savoir c'que vous me voulez au juste ?

- Comme je vous l'ai dit, je suis venue pour consulter mon dossier...

- Et qu'est-ce que vous voulez que ça me fiche, je n'ai pas que ça à faire, dit-elle avant de tourner les talons.

- Attendez, s'écria Lola, y'a pas moyen de s'arranger ?

La grosse dame s'immobilisa avant de se retourner, on pouvait voir une lueur de cupidité briller dans le creux de ses prunelles.

- Tout dépend de combien vous parlez.

- J'ai un billet de cinquante euros, il est à vous si vous consentez à nous aider...

- J'sais pas... c'est pas grand-chose... j'suis sûre que vous pouvez faire mieux...

Marc n'y tenait plus, cette bonne femme commençait à lui sortir par les yeux.

- J'en ai assez entendu comme ça, allez viens Lola, on va pas se laisser extorquer de la sorte...

- Et si je rajoute un billet de vingt, ça vous va ?

- Vous avez une pièce d'identité ?

- Attendez deux minutes, dit-elle tout en se dépatouillant à la vas vite, à trouver ses papiers dans son range bordel, qui lui faisait office de sac. Voilà, tenez. Elle Lui tendit sa carte du bout des doigts, entre les billets froissés.

- Humm... très bien... suivez-moi, dit-elle, tout en examinant la carte d'un œil torve.

Ils emboitèrent le pas à la vieille dame, dont les traits sévères lui donnaient l'air peu commode. Quelques couloirs plus tard, ils arrivèrent devant l'encadrement de la porte du bureau. La femme proéminente se glissa à l'intérieur, laissant notre couple de Français sur le pas. Lola glissa subrepticement un coup de coude à Marc, avant de lui glisser un mot du coin de la bouche à l'oreille.