les rêves de Lola

CHAPITRE 18

Le mercredi après-midi, c'était la journée de ses enfants, autant que faire ce pouvait. Il passait déjà un nombre incalculable d'heures à son travail. Alors il essayait au moins de leurs accorder cette demi-journée. Bien souvent, ses enquêtes l'emportaient jusqu'au bout de la nuit dans toutes sortes d'affaires sordides. Lorsqu'il rentrait à la nuit était tombée, ses deux fils dormaient à poings fermés. Il regrettait tous ces moments manqués. Mais il avait fait un choix, et ce choix impliquait des responsabilités auxquelles il ne pouvait déroger. Il se glissait alors furtivement dans leurs chambres, prenant soin de ne pas les réveiller. Il les contemplait une minute, avant de leurs adresser un baisé sur le front, tout en leurs souhaitant d'agréables rêves.

Ce jour là était une compensation à son manque de devoir de père. Il en profitait pour s'occuper d'eux. Pendant ce temps, sa femme qui leurs tenait la bride tout le reste de semaine, soufflait un peu en allant voir ses copines. En aucune manière il ne pouvait le lui reprocher, mais ça creusait un peu plus le fossé grandissant.

C'était ainsi, sans déroger à la règle, que Marc rentrait chez lui en cet après-midi. Une fois le palier de la porte d'entrée franchi, ses deux fils, Eric six ans et Michael trois ans, déjà surexcités se jetèrent sur lui, en lançant dans l'air à gorge déployé des « papas » en veux-tu, en voilà. Il les accueillit sourire aux lèvres avant de les prendre un dans chaque bras, et de les embrasser partout partout dans les cris d'allégresse des enfants. Puis ils repartaient en furie, courant au travers des pièces de la maison dans le fracas des chamailleries.

Sa femme, une belle brune qui avait gardée un peu d'embonpoint dû à la grossesse du dernier arriva pour lui déposer un baisé en guise de bienvenu. Ce baisé de banalité lui parut fade et sans saveur. Il ne put s'empêcher de repenser à Lola.

- Alors ta journée ?

Il savait que c'était une question pour la forme qui ne trouverait qu'une réponse évasive. Il n'aimait pas ramener ses problèmes de boulots à la maison.

- Une journée normale et toi ?

- Alors, tu devineras jamais ce qu'ils ont fait tes fils.

- Je m'attends au pire quand tu commences comme ça.

- Tout d'abord, est ce que tu as vu Eric ?

- Ben oui, qu'est-ce qu'il a fait ?

- T'as rien remarqué ?

- Non.

- Eh ben dit donc, pour un policier, t'es pas très observateur. Il a voulu faire comme Benzema, tu sais, les deux traits sur le sommet de son crâne. Il a pris ton rasoir, et c'est fait un beau trou dans ses cheveux. Heureusement il s'est pas coupé, dit-elle tout en mimant la scène, alliant le geste à la parole.

- Ah, c'est pour ça qu'il avait un bonnet sur la tête, je comprends mieux. Il a voulut cacher sa bêtise.

- Attend, c'est pas tout. Ils ont décidé de jouer les artistes peintre à main nu dans leurs chambres. Du coup, maintenant, ils ont un nouveau papier peint. Et le pire reste à venir. Eric, je suppose, a entrainé Michael à jouer au foot dans la maison, pendant que j'étais occupée à ranger.

- Je leurs avais pourtant interdit de jouer au ballon dans la maison. En plus on a un jardin...

- Attend, attend, c'est pas fini. Donc, en jouant au foot, ils ont cassés le vase de ma mère. Tu sais, celui qu'elle nous avait offert pour nos dix ans de mariage, et qui lui avait été offert par grand-mère, qui elle-même la tenait de sa mère. Enfin, tu connais la chanson. Et ma mère qui vient la semaine prochaine. Je crois qu'on va en entendre parler toute la semaine.