CHAPITRE 23

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Le lendemain matin, après s'être douché, rasé, habillé, et englouti un copieux petit déjeuner au restaurant de l'hôtel, Marc prit la direction du commissariat de police de Piatra Neamt. A son arrivée, il put constater la vétusté du bâtiment lui faisant face. Immanquablement, il se revoyait dans le petit commissariat, qui avait vu ses débuts, où le temps s'écoulait comme une calme rivière. Une fois à l'intérieur de la bâtisse, il se retrouva dans un petit hall simpliste qui ne comportait guère plus qu'un unique banc en bois massif de trois places, et un bureau de réceptionniste barrant l'accès à une porte arrière, sans nul doute l'accès aux locaux. Il dirigea ses pas vers l'homme qui était assis derrière le comptoir, vêtu de son uniforme de service bleu marine et képi sur la tête. Ce dernier semblait n'avoir prêté aucune attention à l'arrivé de Marc, et restait complétement absorbé dans la lecture d'un quotidien. Ça devait être une de ces bourgades tranquilles, qui ne connaissait que très peu les vices des hommes. Néanmoins, il dédaigna plier le coin de son journal pour jeter un regard suspicieux et acerbe à l'arrivé de l'importun.

- Qu'est-ce que tu veux l'étranger ? Lui demanda sèchement le policier, dont on ne voyait dépasser qu'un képi et un œil.

La politesse, ils doivent pas connaitre ici, se demanda Marc.

Dans quelle brigade de péquenaud attardé était-il tombé. Il espérait que chez lui jamais personne n'ai à faire une tel maladresse, sinon il passerait un sale quart d'heure. Il sentait la moutarde lui monter au nez.

- Ecoute petit, appel ton chef ça nous évitera de perdre du temps.

Autant aller à l'essentiel, discuter avec ce genre d'énergumène ne servait à rien. Le policier Roumain venait enfin de plier la moitié supérieur de sa feuille de choux, on voyait à présent ses deux yeux.

- Petit ?!? C'est moi que tu traites de petit ? Laisse-moi te dire une chose petit, ici le seul chef à qui tu auras à faire c'est moi ! C'est compris petit... il relevait le menton dans un air de défi, laissant apparaitre le bout de son nez.

- Ecoute blanc bec, t'es gentil, t'évite de nous faire perdre notre temps, et tu vas chercher ton chef, dit Marc, en posa sa carte de police sur le comptoir. Ça te la coupe ça hein. Et oui, je suis commissaire divisionnaire, un grade que t'atteindra certainement jamais, alors t'es gentil...

- Ici on est en Roumanie, j'ai aucun ordre à recevoir de toi du con...

Marc avait une seule envie, bondir par-dessus le comptoir, et donner une bonne leçon à cet imbécile.

- Du con ? C'est moi que tu traites de con ?

Le jeune policier se leva d'un bond de sa chaise, la reversant au passage, provoquant un raffut de tous les diables. Visiblement, il était prêt à en découdre lui aussi. Les deux hommes se regardaient en chien de faïence, ni l'un, ni l'autre ne semblaient vouloir baisser le regard.

La porte accrochée sur le mur du fond se mit à vibrer sur ses gongs, sous l'impact d'une puissante voix caverneuse et éraillée.

- Par l'enfer, Vassili, qu'est-ce que c'est que ce bordel ?

La porte s'ouvrit à grand fracas. Un homme de petite stature fit son apparition dans l'encadrement. Il en imposait rien que par sa seule présence. La taille pantagruesque de son ventre laissait pantois sur ses capacités à se mouvoir. Il était doté d'une grosse barbe hirsute poivre et sel qu'il devait cultiver depuis des années à en juger par sa taille. Ses cheveux en pagaille, semblaient avoir traversés un champ de bataille. Il portait encore les stigmates des marques encore fraiche sur son visage de quelques objets qui avaient voulu laisser là leurs empreintes quand il s'était endormi dessus. Il avait la mine patibulaire, et l'œil furibond d'un ours grognon.

les rêves de LolaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant