EPILOGUE

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Une brise légère parcourait les rues de la ville de Zurich, ballotant légèrement les mèches blondes de Lucien Romanenskov. Il séjournait depuis plusieurs jours, à l'abri des regards indiscrets à l'intérieur des cafés, toujours un différent chaque jour, donnant sur une vue dégagée de l'Union de Banques Suisses. La fouille minutieuse de la maison du fuyard avait permis de déterminer que la famille possédait un compte dans cette banque. Il y avait un peu plus de deux millions d'euros qui attendaient bien à l'abri. Il ne résisterait pas à l'appel de venir récupérer ce magot. Lucien avait d'abord pensé qu'il le coincerait chez sa belle-mère quand il essayerait de récupérer ses enfants. Les pauvres avaient déjà perdu leur mère et leur était en cavale allait certainement finir ses jours en prison. Comme bien souvent, c'était toujours les enfants qui trinquaient pour les erreurs de leurs parents. Mais il ne s'était pas pointé. Un groupe de policier était toujours en surveillance de la propriété. L'homme semblait s'être volatilisé. En somme, c'était relativement facile de sortir du pays en échappant aux forces de l'ordre. Il le savait bien. Et s'il était aussi malin que ça, il devait bien se douter que la police avait fait fermer son compte, tout en donnant des instructions précises, au cas où quelqu'un viendrait essayer de récupérer son contenu. Le policier d'Interpol aurait presque mit sa main à couper, qu'il tenterait d'une manière ou d'une autre de récupérer ses deux millions, appel irrésistible des sirènes.

Cependant, cela faisait bien cinq jours que Lucien était en planque. Officiellement, il était en arrêt. Son chef ne lui avait pas laissé le choix. Soit il venait travailler au calme dans les bureaux, soit il prenait un peu de repos pour soigner son épaule. Il avait choisi de se reposer dans la ville de Zurich. Il restait tout de même en contact avec les policiers en charge de la surveillance de la banque. Après tout, c'était lui qui avait mené cette enquête jusqu'à ce dénouement, il se sentait la responsabilité de continuer à la diriger. Les journées lui semblaient interminables. La plaque fixée dans son omoplate lui lançait d'affreuses démangeaisons. Sur les coups de dix heures, lasse, il partit en direction du lac pour profiter de la journée ensoleillé. Traversant la place centrale, au milieu de la foule, il croisa Alexandresco. Il eut du mal à le reconnaitre. Il s'était coupé les cheveux, laissé pousser la barbe, portait une grosse paire de lunette et une casquette sombre. Le bougre ne semblait pas l'avoir reconnu. Lucien continua son chemin, se gardant de mettre toujours une personne entre lui et le fugitif, et dirigea ses pas vers l'un des policiers en planque.

- Je viens de croiser le suspect en direction de la banque.

L'homme était en faction derrière un stand ambulant chromé de glace. En apparence, il passait ses journées à vendre des délices froids aux parfums exotiques aux enfants, mais il passait plus de temps à surveiller la place qu'à regarder la clientèle dans le blanc des yeux. Délaissant sans vergogne la populace, grognant de protestation, il prit son talkiewalkie avant de s'élancer sur la place.

- Suspect en visuel sur la place en direction de la banque. Je répète, suspect en visuel sur la place, demande d'intervention immédiate.

La réponse dans le grésillement des hauts parleurs du talkie, ne se fit pas attendre

- A toutes les unités, intervention, je répète intervention. Donné description précise du suspect.

Le policier tourna un regard interrogateur en direction de Lucien.

- C'est la casquette noire, droit devant, avec le manteau gris, vous le voyez ?

L'homme acquiesça d'un signe approbateur de la tête. Un oiseau passant par-là, survolant la scène, pouvait voir le piège se refermer inexorablement. Une vingtaine de policiers en habit de civil envahissaient la place de toute part. L'étau se resserrait sur la cible. La foule en toute discrétion était mise à l'écart par quelques agents. Un geste de la main de l'officier en charge de l'opération, et l'ensemble des hommes et femmes se retrouvèrent armes aux poings.

- Alexandresco, arrêtez-vous, vous êtes cerné, levez les mains, vous m'entendez ! Sa voix roula comme un tonnerre, un couple de pigeon non loin s'envola à tire d'aile.

Le fuyard s'arrêta net sur place, un frisson parcouru son échine. Il pivota lentement pour faire face à ses commanditaires, tout en gardant les mains dans les poches. Son regard derrière ses lunettes ne laissant pas transparaitre ses yeux s'arrêta sur Lucien.

- Tu m'as finalement retrouvé, lui dit-il, le ton neutre sans saveur.

- Allez, fait pas le con, lève les mains bien haut, t'as aucun moyen de t'en sortir.

- Faut bien qu'on paye un jour ou l'autre pour ce qu'on a fait... avant qu'on en finisse... mes gamins...

- Vous leurs avez fait assez de mal comme ça toi et ta femme avec ce trafic ignoble d'enfants... ils ont déjà perdu leur mère, leurs laissent pas enterrer leur père...

- J'ai aucune excuse, j'ai fermé les yeux, et j'aurais pas dû. Promet moi une chose, quand tu les reverras, dit leurs que je les aime...

- Tu leurs dira toi-même, quand tu seras derrière les barreaux. Allez lèves les mains lentement qu'on en finisse.

- Tu sais très bien que je peux pas aller en prison.

Alexandresco sorti brusquement les mains de ses poches. Il tenait un pistolet dans sa main droite. Derrière le brouhaha des cris inaudibles montant de toute part, un coup de feu empli l'espace comme un coup de tonnerre. Sa casquette noire volait en arrière, pendant qu'une tache rouge grandissait au milieu de sa poitrine. Une deuxième, une troisième, puis une quatrième détonation éclatèrent, avant que l'officier en charge cri à corps et à cœur perdu de cesser le feu. Un filet de sang s'échappait de la bouche de l'homme s'écroulant dans la brise légère de Zurich, sous le regard de l'ange de la mort.


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⏰ Dernière mise à jour : Dec 12, 2017 ⏰

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