CHAPITRE 15

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Trois jours s'étaient écoulés et Bernard avait finalement décidé de se consacrer uniquement à son activité policière. Il avait passé les deux derniers à jongler entre cette fichue recherche et son travail. Approchant maintenant de la retraite, il estimait qu'il n'avait plus à faire le beau pour rentrer dans les bonnes grâces de ses supérieurs.

Quand à Lucie, ses humeurs étaient noires et vagabondes. Elle avait dû faire preuve d'une énorme abnégation et prendre énormément sur soi pour retourner jour après jour dans cette salle des supplices. Elle en ressortait généralement avec un gros mal de crane et des heures de recherche infructueuses. Elle savait bien qu'en règle générale les stagiaires servaient toujours aux basses besognes. Mais tout de même, pour qui est ce qu'ils prenaient les gens, pour leurs larbins. Ou bien s'adonnaient-ils a de viles vengeances pour ceux qu'on leurs avait fait subir dans la même situation, tel un bizutage qui perdurait de génération en génération. Même si un fort sentiment de frustration s'était insinué, Lucie n'était pas du genre à se plaindre. Plutôt à garder son ressentir à l'intérieur, et à rester à sa place. Et puis bientôt, elle ne serait plus stagiaire. Elle rêvait déjà à ce qu'elle ferait subir aux pauvres petits stagiaires qui finiraient entre ses griffes. Cette pensée à elle seule était une forme de jubilation extrême lui redonnant du baume au cœur.

Elle avait passée en revu une multitude de dossier, refait quelques sections qu'elle avait survolée en mode automatique. Au final, rien ne correspondait au portrait-robot qu'on lui avait donné. Elle s'était imaginée trouver quelque chose facilement, épater ses collègues, recevoir les lauriers et les applaudissements de la foule en liesse. Mais la réalité était tout autre. Le métier d'inspecteur n'était pas aussi facile qu'elle s'était imaginée à la base.

Paul avait fait le tour de tous les commissariats de la Lozère, et lançait au cas où, une alerte nationale, bien qu'il doutait que l'affaire ce fut passée en dehors de la région. Il restait tout de même dubitatif de n'avoir trouvé aucune trace, pas même le semblant d'un murmure inhérent à un procès-verbal sur la disparition de cette femme et de cette enfant. Il pouvait y avoir plusieurs raisons à ne rien trouver. Une des diverses possibilités non négligeable était l'absence d'une famille proche. Il pouvait aussi y avoir de fortes pressions exercées. Enfin, rien ne servait d'extrapoler outre mesure, ça ne ferait pas avancer le schmilblick d'un pouce. Il avait fait tout son possible, et était arrivé au bout de sa réflexion. A partir de maintenant, il lui restait une seule solution en réserve. Le logiciel de reconnaissance faciale qui moulinait depuis plusieurs jours. Il était temps d'aller libérer Lucie, et de voir si la machine de l'autre grincheux avait trouvé quelque chose.

Ce fut presque un soulagement pour Lucie de voir débarquer Paul ici après ces trois jours cauchemardesques. Même s'il était venu la voir tous les jours, elle se sentait abandonnée, empli de solitude et d'infortune. Son arrivée annonçait soit la pause déjeuné, ou la fin de la journée de travail. Aujourd'hui, il était bien trop tôt. En ce début d'après-midi, son horloge interne réfutait le fait que la journée de travail était terminée. Plus précisément, elle refusait d'espérer qu'il fut venu pour autre chose qu'une visite de courtoisie. Persistait malgré tout une lueur, une espérance.

- Salut Lucie, comment ça va ?

- Bien et toi ?

- Franchement, j'en ai marre de rester ici, accroché au téléphone. Je crois bien que si je dois encore appeler un seul commissariat, je vais tourner dingue. Le plus frustrant, c'est que j'ai rien trouvé. Et toi de ton coté, ça a donné quelque chose ?

- Rien du tout. J'ai tout épluché, et j'ai refait plusieurs fois certaines sections au cas où j'aurais loupé quelque chose. Mais j'ai rien trouvé.

- Je crois que ça sert à rien de pousser plus loin nos investigations, je pense qu'on a fait tout ce qui était possible. Il ne nous reste plus qu'à aller voir si le logiciel de reconnaissance faciale a eu de meilleurs résultats. Allez Lucie, prend tes affaires et mettons nous en route.

les rêves de LolaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant