les rêves de Lola

CHAPITRE 6

Chemin faisant, les pensées de Lola ne cessaient de revenir se poser sur son chevalier blanc. Elle avait une affection particulière pour cet homme. Elle l'aimait vraiment. Mais son cœur balançait lourdement entre amour et amitié, et ne savait sur quelle voie elle devait s'engager. Quelles en seraient les conséquences. Alors, ils dansaient langoureusement sur le fil invisible, de cet éternel tango, frôlant les limites de la séduction. Avant tout, il était la seule personne sur terre à connaitre son secret, et avec qui elle pouvait en parler librement. Et Dieu seul savait que Lola avait besoin d'exorciser ses rêves, de pouvoir vider son sac. Le commissaire avait toujours su garder son lourd secret. De toute manière qui l'aurait cru. Lui-même avait été d'un scepticisme aigu, lorsqu'il avait fait la connaissance de cette étrange rêveuse.

A cette époque, fraichement commissaire, il venait d'être appelé sur sa première enquête policière. Pour ce faire les dents, il avait hérité de la disparition d'une femme âgée. Son aide-soignant qui venait tous les jours à son domicile avait signalé sa disparition. C'était une vieille dame frappée de la maladie d'Alzheimer qui vivait seule dans une maison pavillonnaire. Dans ce genre de cas, les malades étaient généralement retrouvés errant le long d'une route, sans aucun souvenir du pourquoi du comment ils étaient arrivés là. Mais les traces de sangs jalonnant le salon ne laissaient guère le doute. La pauvre femme était morte, et son corps restait introuvable. Le ou les malfrats étaient entrés sans effraction. Ce qui pouvait induire que la victime connaissait ses agresseurs. Il y avait toujours la possibilité d'un colporteur qui aurait réussi à pénétrer dans son domicile en arguant quelques bonnes affaires alléchantes. Aucuns des voisins n'avaient été approchés par un individu de la sorte. Mais ça n'excluait pas la possibilité d'un prédateur qui aurait repéré les lieux avant d'agir. Quoi qu'il en soit, le jeune premier n'arrivait toujours pas à démêler cette histoire, et encore moins tenir le semblant d'une piste. Il avait renvoyé son équipe pour déjeuner, avait décliné gentiment leur invitation dans l'espoir de pouvoir dépatouiller cette histoire. Son cerveau fulminait, bouillonnait ; mais finalement rien de concret n'était sorti de sa boite crânienne. Il se sentait vidé, à plat, en manque total d'inspiration sur le point d'aller retrouver ses collègues, quand soudain il fut ramené sur terre par la voix suave d'une femme.

- Bonjour monsieur le commissaire.

Marc tourna brusquement la tête sous l'effet de la surprise. Instinctivement sa main se porta à son 9mm. Le son de cette voix lui était parfaitement inconnu. Il fut submergé par cette blondinette d'une beauté irréelle.

- Que... que faites-vous ici mademoiselle ? Balbutia-t-il, tout en jaugeant de la situation. Vous savez que vous êtes sur une scène de crime ?

- Oui.

- Et vous n'avez pas vu les banderoles de polices avec l'interdiction de passer ?

- Si mais...

- Alors Mademoiselle, je vais vous demander de sortir, vous n'avez rien à faire ici, quand bien même vous seriez de la famille. Vous êtes de la famille ?

- Je vous en prie, accordez-moi un instant. Ses yeux couleurs lagon vibraient de supplication, j'ai des révélations importantes sur le meurtre de cette pauvre femme...

- Comment savez-vous qu'il s'agit d'un meurtre ?

- Et ben... pour tout vous dire... je fais des rêves, dit-elle tout en désignant la scène de crime qui s'étalait devant elle.

- Je comprends pas... vous êtes une sorte de médium c'est ça ?

- Pas vraiment. Mais laissez-moi vous expliquer, ça ne prendra qu'un instant...

Elle lui avait dévoilé son plus beau sourire, agrémenté d'un regard langoureux.

- Très... très bien, bégaya-t-il, avant de baisser les yeux, cette femme le troublait réellement. Je suis curieux d'entendre ce que vous avez à dire.