les rêves de Lola

CHAPITRE 3

Une nouvelle journée commençait. L'aube pointait timidement le bout de son nez, chassant de toute part les ténèbres. La faune locale restée silencieuse jusque-là, acclama la venue de la lumière par une subtile symphonie. Le soleil était accueilli comme une bénédiction. Après avoir passé la nuit enveloppée dans la froideur ténébreuse, les oiseaux chantaient les louanges de l'astre venu réchauffer leurs petits corps gelés. Dans cette cacophonie de piaillement strident, on pouvait distinguer les accords chaotiques d'une mélodie dont seul mère nature avait le secret. Lola était sensible à ces toutes petites choses que nous offre la nature. Peu de gens savait encore apprécier la beauté d'un simple chant d'oiseau. Embrigadés dans ce modèle de société, ils en oubliaient l'essentiel : le monde peut être merveilleux pour celui qui sait prendre le temps de regarder, d'écouter la nature qui nous entoure. Sur ce point-là, la jeune femme avait gardé son âme d'enfant. Elle pouvait s'émerveiller de la magnificence d'un rayon de soleil transperçant les nuages, rester bouche baie devant la splendeur majestueuse d'un arbre centenaire, et se réveiller à l'unisson des chants d'oiseaux. Cela n'avait pas de prix. Le cœur léger, l'âme vagabonde, elle entama sa journée.

Emmitouflée dans son peignoir, elle alla s'installer dans son séjour. Ses cheveux blonds rejetés en arrière par commodité gardaient encore les stigmates miroitant de la douche prise il y a peu. Elle avait disposé sur la table le nécessaire pour entamer ses recherches ainsi qu'une tasse de café fumante. Après avoir ingurgitée quelques gorgées amères, Lola porta son attention sur les dessins fait la veille. La première chose à faire était de consulter les différents sites et associations d'enfants disparus. C'était d'une tristesse sans nom de se retrouver face à tous ces visages d'enfants défilant, dont la plupart ne retrouveraient jamais leurs foyers, mais il fallait en passer par là, si elle voulait avoir une chance de retrouver la môme de son rêve. Son instinct lui dictait que l'enfant devait être mort, même si elle avait de fortes raisons de douter de cette hypothèse, elle ne pouvait se permettre de négliger aucune piste. Elle venait de consulter au moins un bon millier de photos, c'était un travail colossal pour une seule personne. Elle envisageait fortement de devoir s'en remettre à son ami Marc. De prime abord, cette idée n'était pas désagréable, s'il n'y avait eu ce léger problème. Il fallait affronter le monde extérieur. Elle chassa cette idée volubile, elle n'avait pas encore épuisé tous ses recours pour arriver cet extrême.

Le cliquetis de la serrure de la porte d'entrée se fit entendre. Maria la femme de ménage faisait son entrée dans le vestibule les bras chargés de sac plastique. Dix heures du matin, pas une minute de plus. Cette femme était d'une ponctualité diabolique. Après s'être débarrassé de son manteau, elle croisa Lola dans le salon.

- Bonjour mam'selle Lola, comment va mon rayon de soleil ? Lui demanda Maria dans son accent saveur local.

- Bonjour Maria, bien et vous ? Lui répondit machinalement Lola, son regard vissé sur l'écran d'ordinateur.

- Bien mam'selle, à vrai dire, c'est pour vous que je m'inquiète un peu, son regard scrutait méthodiquement la femme enveloppé dans son peignoir rose, à la recherche de la moindre petite faiblesse.

- Non tout va bien ma p'tite Maria.

- Z'êtes sur ? Hier vous avez dormi toute la journée...

- Ha... vous avez remarqué...

- Comment ça, si j'ai remarqué, s'offusqua la vieille dame, j'aurais remarqué même si un cheveu blanc avait poussé au milieu de votre tête, lui lança-t-elle, un air de défi de la contredire. Je vous ai cherché pendant des heures. Au début, j'ai cru que vous étiez parti au kiosque, pour peindre un peu, mais vous y étiez pas. J'ai même failli appeler la police pour signaler votre disparition, et puis là, j'vous ai trouvé bien endormi dans votre lit. Ça faisait combien de temps que vous aviez dormi aussi longtemps ?