les rêves de Lola

CHAPITRE 41

Une foule de policier s'affairait devant le commissariat de Piatra. Quelques badauds se délectaient du simili spectacle s'offrant à eux. Ils n'avaient jamais vu autant de policier en même temps réuni dans leur ville. Son supérieur n'avait pas lésiné sur les moyens, il lui avait eu une unité d'élite de la SIIAS*. Ces hommes étaient habitués à ce genre d'opération, leurs équipements étaient à la pointe.

Lucien donnait ses dernières instructions. Le temps ne jouait jamais en leur faveur, à tout moment la cible pouvait décoller. Il s'activait à finir rapidement le débriefing, avant de s'en aller planquer non loin de la maison d'Alexandresco. Au passage, il récupéra son agent, qui avait attendu bien sagement tout du long à bord de sa camionnette blanche. Ils attendirent plus d'une heure avant de voir au grand soulagement de tout le monde, la BMW familiale sortir.

Le groupe de Lucien, composé du chef, de Vassili, de son agent, et de lui-même, entamèrent la filature. Le groupe d'intervention SIIAS dans leur camionnette blindé les suivait à cinq minutes d'intervalle. Ils gardaient contact entre les deux véhicules sur les ondes radio des talkiewalkies, ainsi que grâce à un système ultra-moderne de localisation par satellite placé dans la première voiture. Alexandresco roulait aux travers de petites routes de campagne peu fréquenté. Il semblait ne se douter de rien. Une heure s'écoula, l'horloge numérique de la voiture venait de passer les dix heures du matin. C'était le moment où le mari choisi de changer d'itinéraire. Il sorti de la route goudronnée pour s'engager sur un chemin adjacent en terre battu complètement chaotique, rempli de bosse et de creux. Il disparut rapidement, à l'abri, derrière les verts feuillages d'une forêt. Le moment était délicat. S'engager derrière lui était le meilleur moyen de se faire repérer, et de prendre le risque de faire capoter toute l'enquête. Ne pas le suivre était le meilleur moyen de le perdre, de le laisser filer. Il n'y avait pas de bonne décision, mais il fallait en prendre une. Il choisit de dépasser la BMW, comme si de rien n'était, la regardant disparaitre à l'ombre des feuillages, puis il décida d'arrêter la voiture en plein milieu de la route.

- Vassili, Pavel, allez-y.

L'agent était déjà dehors, contournant la voiture. Le policier de Piatra, envahi par un moment de panique, en était encore à essayer de défaire sa ceinture de sécurité.

- Par tous les sacrés saints, qu'est ce qui m'a foutu un abruti pareil, tonna le chef. On t'a jamais dit pourquoi on met pas de ceinture dans une opération, triple andouille, finit-il par hurler.

La déferlante d'onde sonore, venue du gros barbu, fut le catalyseur lui permettant, finalement de se libérer de ses liens tentaculaires avant de se lancer dans la poursuite. D'un bond il enjamba le fossé bordant la route, faillit trébucher en atterrissant, repris son élan et accéléra en voyant Pavel entrer dans les bois. Il avait sorti son glock 9 millimètres qu'il tenait à deux mains, canon vers le bas, le long de ses hanches. Les deux hommes avançaient par courte distance, d'arbre en arbre, guettant en coup d'œil furtif que le suspect ne soit pas dans les parages. A peine cinq cents mètres plus loin, la voiture apparaissait immobile à l'ombre d'un grand pin.

*Service Indépendant d'Intervention et d'Action Spécial

- Chef, j'ai un visuel sur la voiture du suspect. Je répète, visuel sur la voiture du suspect. La voiture est arrêtée juste devant nous. Je pense que le suspect a quitté les lieux. Je vois personne dedans, d'où je suis.

Il avait pris son talkiewalkie, et parlait à voix feutré, tout en faisant signe à Vassili de guetter les alentours.

- Ok, on arrive de suite. Pavel est-ce que tu peux t'assurer qu'il y a plus personne dans le véhicule.

- Reçu cinq sur cinq.

Arme aux poings, ils avancèrent prudemment. Lucien entamait un demi-tour rageur, faisant crier les pneus et hurler le moteur, avant d'engager la voiture dans l'allée en terre. Cannon braqué, Pavel et Vassili s'approchaient précautionneusement de la BMW, avant de s'assurer que le conducteur avait bien quitté les lieux.