CHAPITRE 13

4 1 0
                                    

La lettre du père Aurety avait fait son petit bonhomme de chemin dans les camionnettes jaunes traditionnelles de la poste. Elle avait atterri sur le beau bureau victorien en bois d'acajou ciré de l'évêque du diocèse de l'Aveyron. Il y avait de part et d'autre de la pièce deux grandes armoires choisies avec soin pour se fondre parfaitement dans le décor. La partie supérieure était affublée de quatre vitrines recelant une myriade de livres aux couvertures et aux reliures en cuire de haute facture. Il n'eut pas été étonnant que certains fussent d'origines. L'ensemble de la pièce était richement meublé de mobilier ancien et imposant. L'évêque ne tarda pas à faire son entrée, et à prendre place sur son joli fauteuil aux armatures en bois finement ciselées et sculptées. Il y avait devant lui posé, une pile de lettre. Tout en faisant le tour de son courrier, il prit connaissance de la lettre en provenance de l'abbaye de Bonnecombe. La demande lui paraissait étrange. Mais pas plus farfelue que bien des autres. Il se rappelait vaguement du père Aurety, il y avait tellement de monde qui gravitait autour de lui qu'il ne pouvait prêter attention à chacune de leur demande. Il était tout de même un peu affecté par le sort de cet homme, tout en sachant que d'ici une heure, il serait passé à autre chose. Sa première réaction fut d'un ennui profond de devoir donner suite à celle-ci. Mais la flagornerie dont elle était empreinte avait pesé dans la balance. Il était définitivement trop bon se dit-il. Il réfléchit quelque peu sur la procédure à adopter. Il savait que cette demande devait forcement aboutir dans la curie romaine, au conseil pontifical de la culture qui siégeait à Rome sous l'égide du Vatican. Il n'avait pas le droit d'en faire lui-même la demande et devait s'en tenir aux formalités d'usage en la matière. C'est-à-dire, passer par l'archevêque de France, qui lui était directement relié aux institutions vaticanes. Il décida aussi de l'envoyer comme une requête personnelle, ce qui lui ajouterait plus de crédit auprès des instances supérieures.

Mon seigneur l'archevêque,

Je vous écris, afin de vous faire part d'une demande personnelle, à l'adresse du conseil pontifical de la culture. L'usage et la coutume veut que nous passions par vous pour toute relation directe avec le Vatican. De surcroit, je doute qu'ils prennent au sérieux la requête d'un simple évêque, c'est pourquoi je m'adresse à vous.

Dans votre infinie sagesse, et votre bonté manifeste, je vous serez gré de bien vouloir donner suite à cette requête, venant d'une de nos ouailles, qui en son temps fut l'instigateur de sauver notre église de Rodez.

Aussi insolite que cela puisse paraitre, il nous est demandé de retrouver l'origine d'une église, dont je joins une copie.

Je vous remercie d'avance de toute l'attention que vous voudrez bien accorder à cette lettre, veuillez agréer mon seigneur, mes salutations les plus distinguées.

Une fois toutes ses obligations acquittées, qui résultait essentiellement à remplir des tonnes de paperasses et passer son temps accroché à un combiné de téléphone, l'évêque alla poster son courrier quotidien. La demande émise quelques jours auparavant par Lola suivait son périple au sein des institutions catholiques.


les rêves de LolaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant