les rêves de Lola

CHAPITRE 32

Lucien arrivait à Piatra Neamt après un long voyage. Pas le temps de se reposer, même si la fatigue l'accablait. Il se rendit directement au commissariat. Après avoir passé la porte, il se dirigea vers le réceptionniste plongé dans la lecture d'un quotidien. Certaine vielle habitude semblait ne jamais pouvoir changer. Il déposa sa carte sur le bureau.

- Police d'Interpol, veillez me présenter le dossier sur l'affaire de Madame Alexandresco, vous savez, la directrice de l'orphelinat.

Vassili restait dubitatif devant cette carte. C'était la première fois qu'il avait affaire à quelqu'un d'Interpol, et ne savait pas comment réagir. Il regardait attentivement cet homme. Sa droiture et son assurance indéniable ne lui laissait guère le choix.

- Ne bougez pas, je vais chercher mon chef.

Vassili alla tête baissée et les épaules avachies en direction du bureau du terrible capitaine. Il frappa timidement à la porte. Un rugissement se fit entendre de l'autre côté.

- Par tous les saints, bordel de bordel, Vassili tu le fais exprès, je t'ai déjà dit de pas me réveiller pendant ma sieste, vociféra-t-il de sa voix puissante et tonitruante.

- Mais chef...

Lucien s'était glissé discrètement derrière le jeune Roumain, il posa délicatement sa main sur son épaule avant d'ouvrir la porte.

- Excusez cette entrée un peu cavalière. Je me présente, Lucien Romanenskov d'Interpol. Je reprends l'affaire du meurtre de Madame Alexandresco. J'aimerais que vous me fournissiez le dossier en court. Voilà ma carte et tous les papiers officiels qui prouvent mes dires. Ah oui, une dernière chose, je viens de la part de Marc.

- Ah, mais fallait le dire plutôt l'ami, s'esclaffa le gros homme. Vassili, qu'est-ce que tu attends, vas chercher le dossier, hurla-t-il finalement.

Le jeune homme revient quelques minutes plus tard, balbutiant des excuses d'un air pétrifié de peur.

- Très bien, merci... j'aurais grandement besoin d'aide sur cette affaire si le cœur vous dit de vous joindre à moi, j'en serais ravi...

Le jeune homme hocha simplement la tête en signe d'approbation, le gros barbu regardait Lucien, d'un œil dubitatif.

- Par ma barbe... bien sûr que vous pouvez compter sur nous...

- Vassili c'est ça ?

- Oui.

- J'aurais besoin que vous me trouviez un as de l'informatique pour demain matin. Doublait, triplait, quadruplait ses honoraires si besoin est.

- Ok.

- Quant à vous capitaine, je vais avoir besoin de votre aide pour interroger Monsieur Alexandresco...

- Pourquoi vous voulez interroger ce pauvre monsieur, demanda le vieux barbu, montrant une sensibilité anormale.

- A vrai dire, j'ai pas mal étudié tout le dossier. Mis à part celui que vous venez de me remettre, étant donné qu'il n'a pas encore était mis sur le réseau. Donc, il y a quelque chose qui cloche dans son comportement. Sa femme disparait pendant trois semaines, et pendant tout ce temps, il fait une seule déposition, et après plus rien. On dirait presque qu'il cherche à se faire oublier. Vous trouvez pas ça étrange ?

- Franchement, je sais pas... peut être qu'il avait besoin d'être un peu seul pour accuser le coup.

- Je vais vous dire, si ma femme disparaissait, je remuerais ciel et terre pour la retrouver, je me terrerais pas comme un lapin. Mais après tout, en matière de psychologie humaine, nous sommes tous bien différent. C'est pourquoi dans le doute, rien ne vaut un bon petit interrogatoire pour être sûr.

- Je vous le fait pas dire.

- Donc, tous les deux, on va interroger se brave monsieur. Laissez-moi mener la danse. Ce que j'attends de vous pendant cet interrogatoire, c'est que soyez mon contre poids...

- Hein ?!?

- Le méchant quoi, vous voyez ?

- Par tous les saints, c'est mon rôle préféré...

- J'en doute pas une seconde ! Bon, j'en ai pour quelques heures maintenant, je dois me rendre chez un procureur pour avoir les mandats nécessaires. Je reviens ici après, vous aurez plus qu'à porter la convocation à monsieur Alexandresco. Vassili, je compte sur vous pour trouver notre informaticien, c'est important. Messieurs, avant que je m'en aille, échangeons nos numéros de portable...

C'est ainsi que Lucien Romanenskov partit du commissariat de Piatra Neamt en courant d'air. Les deux policiers Roumains restaient abasourdis par ce qui venait de se passer. Mais c'était une revanche douce-amère pour eux qu'on avait laissé tant de fois sur le banc de touche, et ils allaient jouer leurs rôles à la perfection.