Chapitre 5 : Coïncidence troublante

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Une fois que la présence d'Acnologia ne se fit plus ressentir, Zeleph s'effondra sur le lit en soufflant. Cet homme avait un don pour l'éprouver. Il faudrait quelques heures à ses nerfs pour s'en remettre.

Avec un léger sourire, Mavis le frappa doucement sur le front, du bout des feuilles de contrat qu'elle tenait dans les mains. Il se releva en grognant, n'omettant pas de lever les yeux au ciel.

- Qu'est ce qu'il y a ? marmonna t-il en posant la tête sur l'épaule de sa fiancée.

- Zeleph ! le sermonna t-elle, peinant à retenir son envie de rire. Ce qu'il y a ? Tu sais bien qu'il faut que nous épluchions ces dossiers pour attribuer un garde du corps aux énergumènes dont nous avons la charge.

Avec un nouveau soupir, le jeune homme proposa en fermant les yeux, n'ayant pas l'air décidé à travailler :

- Pourquoi ne pas leur demander de choisir, tout simplement ? Quand les huit phénomènes d'Acnologia arriveront, on verra en fonction des affinités avec les nôtres, de phénomènes...

- Zeleph ! Mets y un peu de bonne volonté !

- Mais je propose des idées ! se défendit le frère de Natsu. C'est juste qu'elles ne sont pas à ton goût...

- Pff... rit doucement Mavis, en s'allongeant sur le lit.

Elle força son futur époux à la rejoindre et attrapa le premier contrat qui lui vint sous la main, forçant Zeleph à l'étudier dans les moindres détails. Le jeune homme était bien plus intéressé par ces personnes qui allaient bientôt venir grossir les rangs de l'Agence qu'il n'aurait bien voulu l'admettre.

C'était le dossier d'une certaine Erza Scarlet. Une femme de vingt-trois ans, qui avait servi en tant que Capitaine des Armées du Roi, si l'on en croyait la fiche. Une carrière militaire plus que brillante, et une efficacité redoutable. Elle avait rejoint le corps d'armée à ses quatorze ans, après avoir été arrêtée pour tentative de rébellion contre les dirigeants d'un orphelinat qui avait mystérieusement brûlé quelques jours après. Elle était embauchée chez Acnologia depuis trois ans seulement. Auparavant, elle avait exercé en tant qu'instructeur chez Anna Heartfillia.

Mavis comprenait soudain beaucoup mieux comment Acnologia avait pu recruter un tel personnage. Il connaissait Anna depuis l'enfance. Depuis toujours et bien malgré eux, en primaire comme au collège, même au lycée puis en études supérieures, ils s'étaient tous deux suivis. Ce n'était pas faute de vouloir s'éloigner l'un l'autre, mais le destin semblait sans cesse resserrer autour d'eux son traître filet aux mailles invisibles. Pour tout dire, même dans le corps de Garde du Roi, le régiment le plus sélectif au monde, ou seules six personnes étaient admises tout les dix ans, ils avaient été ensembles sans le vouloir. Au final, ils avaient abandonné l'idée de réussir à échapper à cette drôle de farce, et avaient décidé de monter une entreprise commune. Acnologia et Anna pouvaient donner l'illusion de ne pas se supporter, ils se criaient sans cesse dessus, mais au fond c'étaient sans doute les deux êtres les plus semblables au monde.

- Dit, Mavis ? interrogea soudain Zeleph, rompant le silence qui s'était installé dans la chambre alors qu'ils lisaient consciencieusement le dossier.

- Oui ? répondit elle distraitement, absorbée dans ses réflexions sur l'étrange duo que formaient les deux ex-gardes du roi.

- Cette Erza, elle était dans un orphelinat, non ?

- Et bien, c'est ce qui est écrit, oui. Pourquoi ? demanda la jeune femme, intriguée.

- Elle a vingt trois ans. Son orphelinat à brûlé en 2008, quand elle en avait quatorze. Ça coïncide étrangement avec une histoire que Jellal m'a racontée un jour. Tu connaîtrais pas le nom de l'établissement, par hasard ? lui apprit son fiancé, sourcils froncés dans une expression songeuse.

Surprise, Mavis bégaya un "Non" assez lamentable. Elle n'avait pas fait le rapport, mais Natsu lui avait un jour dit, quand ils étaient plus jeunes, que Jellal était une nuit arrivé chez eux, comme ça, sans prévenir. Ils ne le connaissaient pas, ce jeune garçon d'à peine seize ans, mais en le voyant sous la pluie, sale et frigorifié, ils -enfin Zeleph, surtout- l'avaient pris sous leur aile.

A l'époque, les deux frères habitaient chez leur oncle, Ignir Dragneel. Leurs parents avaient péri dans un incendie deux ans plus tôt, et il avait été décidé que leur garde serait confié au frère aîné de leur mère, seule famille restante, un homme d'affaire aimant mais très occupé, qui n'était là que deux ou trois jours par an. Noël, les anniversaires, pas plus. Les deux garçons étaient donc habitués à se trouver seuls dans la maison de leur oncle. Mais, alors que Natsu, treize ans, s'apprêtait à piquer les vêtements de son grand frère, Zeleph, âgé de vingt deux ans, alors sous la douche, on avait sonné à la porte, à vingt et une heure. Méfiants, les deux frères étaient allés ouvrir, portables en main, prêts à appeler la police.

Mais, sur le pas de la porte, il n'y avait qu'un adolescent aux cheveux teints en bleu, l'oeil gauche barré d'une immense blessure qui saignait abondamment. Maigre, tremblant sous la pluie, vêtu d'un pantalon terreux déchiré et d'un t-shirt en lambeaux, le corps couvert de meurtrissures, il leur avait jeté un regard suppliant de son seul oeil valide. Natsu l'avait fait entrer, l'avait couvert et fait s'allonger sur le canapé tandis que Zeleph composait à toute vitesse le numéro de Polyussica, une femme d'un certain âge, amie d'Ignir, que l'homme avait chargé de la surveillance de ses neveux. Elle passait tous les jours, mais n'avait pas voulu s'installer dans la maison. Un peu sauvage sur les bords, elle était en outre un médecin hors pair.

Elle avait soigné Jellal, qu'Ignir avait par la suite adopté légalement, et le garçon était resté vivre avec les Dragneel. Il restait cependant mystérieux sur son passé, et n'avait jamais voulu dire pourquoi, ce soir là, il s'était retrouvé blessé devant cette porte avec un regard criant "à l'aide" à ceux qui le croisaient. Le peu que Mavis savait, c'était ce que Zeleph et son petit frère lui avaient raconté, mais ils n'en savaient pas beaucoup plus qu'elle sur le sujet.

Cependant, ils savaient qu'avant, bien avant, Jellal s'était retrouvé dans un orphelinat, qui avait un jour brûlé. Le bâtiment avait pour nom "La tour du paradis", mais nulles archives à ce sujet. Cependant, Jellal ne mentait jamais, et certainement pas sur ça.

Le souffle court, sous le regard fiévreux de son fiancé, Mavis composa le numéro d'Anna, les doigts tremblants. Il n'y avait pas de précision en plus sur le dossier, mais sans doute la collègue d'Acnologia avait elle la réponse.

Du moins, ils l'espéraient.

Du moins, ils l'espéraient

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