Moana

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Trois... deux...Un...De mes doigts d'expertes, Je traçais tout au long de cette toile immaculée les premières lignes des vèvè qui me fascinaient tant. Mes yeux suivaient parfaitement la trajectoire de mon pinceau imprégné de couleurs rubicelles et opales. Ma peinture représentait tout simplement mes rêves récurrents qui m'harcelaient tous les soirs entre minuit et une heure du matin ! Des images floues où Je me perdais dans des ruelles restreintes et le néant ; du coup une récurrence d'émotions de terreur que m'infligeaient ces rêves me forçaient à me lever en sueur, le cœur battant à tout rompre ! Pour me calmer, je me rendais vers mon mini-atelier parfaitement disposé en parallèle avec mon lit et je me perdait dans des dessins presque arabesque que m'inspiraient ces rêves. Une fois lassée et apaisée ; je me rendis sous mes couvertures et m'endormi comme -ci rien n'avait interrompu mon sommeil.

Lorsque je me réveillai, il était sept heures du matin. Je fis mon rituel d'hygiène et descendis vers la grande salle à manger ou ma mère Véronique et ma Soeur Saodjie s'y trouvaient déjà. Je les saluai de la main comme à mon habitude et prit place à côté de ma sœur ; hors mi elles ; peu de gens connaissaient le timbre de ma voix. En effet, je suis peu bavarde, presque muette ! Je préfère observer et j'utilise peu de mots. Ma mère a beau consulter les meilleurs psychologues de Port-au-Prince et des autres contrées, nuls ne trouvait une explication logique à mon mutisme ! Du coup ils ont tous finit par l'accepter et c'était mieux ainsi, mais ma mère faisait son possible pour me rendre sociable, elle était devenue presque comme Facebook !
La servante nous servit des tartines de beurre, du café au lait, et du sirop d'érable. Ma mère fit la prière de bénédiction et nous commençâmes notre petit dejeuner. Saodjie qui contrairement à moi débordait toujours de joie, débuta la conversation sur la soirée que donnait les Rodriguez pour le retour de leur fille Célia du Royaume-Uni !

- J'ai tellement hâte d'y être ! En plus Gabriel viendra également et nous nous y rendrons ensemble!

Gabriel était le petit ami de ma sœur ; ils se sont connus par l'intermédiaire de Sebastian Rodriguez le frère de Célia ! Ils avaient dix-neuf ans et étaient fous amoureux l'un de l'autre. Gabriel comme Saodjie, étudiait l'architecture paysagiste à l'Université de Montréal en ligne parce qu'ils refusent de quitter le cocon natal en dépit de tout ce que ce pays à de repoussant. Gabriel était un garçon aimable et gentil ; malgré la confortabilité que lui offraient ses parents, il voulait à tout pris remplir ses ambitions et ne pas être un fils à papa. Ma mère me ramena sur terre :

- Mo, tu devrais toi aussi te rendre à cette soirée avec ta sœur... il faut te socialiser ma chérie... tu auras bientôt vingt ans, une jeune fille de cet âge se doit de s'extérioriser un peu !

Saodjie l'appuya :

- Oui Mo... En plus cela ferait plaisir à Célia !

Maman poursuit avec plus d'interet :

- Et aussi Sebastian, j'ai bien vu qu'il n'était pas indifférent à tes charmes ! Je le trouve gentil et c'est un bon parti.

Sebastian Rodriguez était de loin le garçon que venait de décrire ma mère ! Nous nous connaissons grâce à la grande relation amicale qui lie nos parents depuis leurs débuts d'années à l'Union School. On le comparait souvent à Raphaël Varane car il était très beau garçon, mais malheureusement il ne l'était pas à l'intérieur. C'était une grosse brute qui résolvait tout par les poings ; il était arrogant, insolent et mal poli et ses parents succombaient à ses moindres caprices ! Il avait toutes les filles à ses pieds et obtenait tout ce qu'il voulait en un claquement de doigts. Il n'allait pas à l'université parce qu'il était convaincu, que la fortune de ses parents lui sera amplement suffisante! que la fortune de ses parents lui sera amplement suffisante! Comment un gentil garçon comme Gabriel peut être ami avec lui ; il était le contraire de sa sœur Célia et il me dégoûtait. Je secouai négativement la tête.

- Non ...

- Allez Mo... Cela te fera du bien de te relaxer. M'encoragea Sao.

Je roulai des yeux doucement et répondis par le moins de syllabes possibles.

- D'accord !

Je me levai de table et allai me terrer dans ma chambre. Nous étions dimanche et je m'ennuyais un peu, je décidai de me perdre dans mon passe-temps favori, la peinture en écoutant des versions instrumentales de musique racines comme celui de Vèvè lokal. Malgré mes dix-neuf ans, je n'avais pas le gout du risque et de l'aventure comme les jeunes de mon âge ! Vu que j'avais terminé mes études dès l'âge de seize ans, je m'étais vite envolée pour l'Italie ou j'avais décroché mon diplômé en art moderne en trois ans. Bien que j'étais peu bavarde l'interaction entre ma passion et moi avais réussi à surpasser mon mutisme . Maintenant, j'étais propriétaire d'une petite boutique luxueuse d'art moderne! Une affaire que j'ai lancée à l'aide de mamans et de mes économies. Mon silence ne gênait aucunement mes clients étrangers ou locaux qui s'extasiaient devant leurs oeuvres favorites ! Du coup mais quelques mots étaient peu nécessaires. Dans quelques années : j'espère qu'elle portera fruit. Ma sœur voulait d'une vie où les affaires et elle ne fera qu'un alors que moi je veux d'une vie simple sans encombrement et Sebastian Rodriguez était le cadet de mes soucis.

Lorsque l'heure de la soirée arriva, je me fis couler un bain chaud, vu qu'il faisait un froid de canard à Montagne noire et m'habillait d'une longue jupe blanche, d'un topless blanc et de sandales en bandoulières marron. Je me maquillai légèrement et me rendis au salon ou ma sœur étincelait de beauté. Gabriel qui était un parfait gentleman ne tarda pas à se pointer ; en moins d'une demi-heure, nous étions devant le domaine des Rodriguez où une centaine de voitures luxueuses s'y trouvaient déjà !

J'avalai péniblement ma salive comme toutes les fois où je me retrouvais en public. Je descendis suivie de Saodjie et son copain. Nous fîmes accueillis chaleureusement par les propriétaires ; Je sortis à peine deux mots et m'éloigner d'eux en me trouvant un coin isolé. En face de moi, un magnifique jeunot au teint légèrement basané flirtait ouvertement pas avec une jolie fille noire aux lèvres presque caïmites. Elle était apparemment sous le charme et riait en renversant la tête en arrière, le jeune homme lui caressa les cheveux et mes yeux rencontrèrent les siens; Il déposa son verre de champagne et s'avança vers moi son sourire de séducteur scotché sur son visage ! Mes lèvres affichèrent un rictus convulsé qui se retroussa avec une grimace forcée jusqu'aux orbites ! Oui Sebastian Rodriguez me dégoûtait à ce point...

That Voodoo You DoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant