Moana

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Depuis quelques jours j'étais anxieuse et bien que cela était étrange, mon angoisse ne provenait pas du viol de ma sœur,cette anxiété concernait Haïs ! Je ne l'avais pas revu depuis le premier jour du carnaval . Je n'avais aucun signe de lui et je me sentais perturbée au point de presque me mutiler la peau. Ma soeur traversa la chambre en allant s'effondrer sur mon lit; j'allai près d'elle et la consolai d'un œil distrait.Au bout de quelques secondes Sao s'endormit et je descendis en refermant la porte derrière moi ...Comme entraînée par une force surnaturelle ,je me rendis vers les rues completement enveloppées d'un couché de soleil orangé. Pieds nus ,une lampe à kérosène à la main ,j'errais seule à la recherche d'Haïs en criant son prénom dans la ville déserte ! mes cheveux flottaient au rythme du vent qui me conduisait vers un chemin totalement inconnu ,je me laissai guider par cette puissance surhumaine qui me dominait et me conduisait vers un sentier rempli d'embûches et de ronces .Malgré qu'elles me perforaient la peau ,je continuais à les piétiner sans me soucier de la douleur qu'elle iradiait en moi,je me contrefichait ! Tout ce que je désirais ,c'était retrouvé Haïs; parce que sans lui ,j'étais rien,il m'avait envoûté ,ensorcelé et je voulais continuellement percevoir mon reflet dans ses iris aux couleurs indécises ...Pourquoi étais-je si loin de lui ? Sans lui ma vie n'avait plus aucune signification, je n'avais aucune raison de rester dans ce monde et de lutter contre ce désir qui s"élevait en moi comme les flammes d'une bougie embrasant la mèche ..il n'était pas loin de moi ,le coup des tambours qui résonnaient dans mon âme me le confirmaient!
Plus j'avançais vers ce sentier, plus j'inspirais profondément pour conserver cette énergie consumante qui m'assujettie. Tout à coup ,j'eu un sensation de gèle qui me frigorifiait le corps; je me sentais encore plus près de mon homme ...Je ressentis la morsure d'un serpant répandre son venin dans mes veines ! Vue l'étrange créature ,elle n'était pas de notre monde ...un sentiment d'incertitude et de peur m'envahit.j'ignorais s"il fallait continuer ou abandonner; une voix sortant des profondeurs de la terre me disait d'avancer vers l'inconnu. Je revins sur mes pas à plusieurs reprises;jamais je n'aurais dû être ici !
Des nuages de brouillard se mirent à pleuvoir sur ma tête , des pensées vides emplissaient mes oreilles,pourquoi je n'arrivais pas à cogîter correctement, tout était de moins en moins claire dans ma tête .Par la lumière éclatante de la lune, je retrouvai mon ombre ,mon cœur cognait durement dans ma poitrine et je me mis à freudonner une chanson vodoo dont j'ignorais l'existence ! Les mots à la fois créole et français sortaient de ma bouche comme des pétales de roses mais avec un langage incohérent ; je fermai involontairement les yeux...

- Démons qui rêve !inspire'm tanpri ....rantre nan mwen vin posedem ...Vodou mwen pa lwen janw lwenm nan ..map vini ...

Tout d'un coup se fut comme une combustion spontanée, je me mis à danser sur un rythme sauvage de symbales et de tambours .Mes mouvements et la musique se syncronisèrent à la perfection, ma vue se brouilla et je vis Haïs allongé sur une vieille nate ,à l'intérieur d'une cabane installé au cœur de la petite clairière ,les flammes de la lampe s'éteignit et le couvercle de vers vola en éclat! J'accourai vers ma vision et le prit dans mes bras; il était souffrant et pouvais à peine respirer . Il était roué de coups ,ses entailles assez profonde ; je me mis à pleurer .

-Qui t'as fait cela ? qui?

Il effleura mes lèvres et m'embrassa..

- Mem si mwen ale ,map retounen Moana ..lanmou nou pi fò ...Me disait-il

Je m'affolai, alors qu'il s'affaiblissait.

- C'est Sebastian qui t'as fait cela ? Me reportai-je

-Chuuu Omertà Mo ...Omertà ..(silence...silence ) Me calma-t-il

- Non ...je ne garderai pas le silence ! Il doit payer, je ne veux pas vivre sans toi..M'exclamai-je

-Moana Anba moumou se dèy ,e byen mal pa lanmò! pou Jan nou damou , mwen te diw menm lanmò pa t'ap ka separe nou ..granmèt agwe pap janm kite'm mouri net ,menm lè mwen pa la konen ke esprim ap toujou pwopaje nan ou ..nanm mwen ap fe on sèl ak paw la ,Desten nou kwaze men li pap kraze! Mwen renmenw Moana mwen renm..

Subitement son souffle s'éteignit, je m'effondrai par terre en pleurant toutes les larmes de mon corps ...ils l'ont tué ! Ils avaient assassiné mon Haïs ,je sanglotais les yeux clos en pressant le corps inanimé de mon bien-aimé contre moi.Je m'hotai de mes vêtements, et m'allongeai nue à côté de son corps lethargique...silencieusement mes larmes ruisselaient sur son torse rempli de tatouages..

Une heure plus tard... Les flammes des bougies présentent diminuèrent à petit feu ,jusqu'à ce que la cabane soit plongée dans l'obscurité totale. Quand je les rouvris ; Haïs n'était plus là,mais j'entendais encore le timbre de sa voix me rassurer qu'il reviendra ! Ses mots étaient parsemés de mystère .Haïs était une mer immense ou se jettaient les rivières mythiques du vaudou! Je ressentais encore ses caresses qui provenaient dans les profondeurs de la mer au palais d'Agoue Aroyo, grand maître du domaine marin, je le revoyais me câliner les seins en injectant dans mon cœur l'œuvres du sang vif de la sensualité. Il lèchait ma peau comme la douceur de l'arc-en-ciel pour donner à la vie ses plus belles couleurs, avant de terminer triomphalement sa course devant le portail sacré de mes sens en chaleur ...

Dehors la nature pleurait la mort d'Haïs ,la lune qui veillait sur bassin bleue était témoin des vagues de rivières qui hurlaient comme des folles ! le silence m'érotisait et mes longs prunelles retombaient sur mes larmes ,une douce torpeur m"allourdissait les paupières...je trainais la perte de mon Haïs , mon sang était déjanté sans son amour ,je marchais indécise ,feutrée et ouaté !

J'atteris vers ou le carnaval avait eu lieu ,informe et froide mes yeux sans eau comme la fatalité..je citais le prénom d'Haïs dans ma langueur ..Une voiture m'éblouit de ses feux et s"arrêta nettement devant moi . Le conducteur descendit ,il afficha son éternel sourir narquois en me défiant ...il n'avait aucune idée de ce qui l'attendait ..aucune

That Voodoo You DoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant