10. Espoir.

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Tous réunis, nous attendions patiemment la fin de la messe dans la voiture. L'église était remplie, tout comme le parking. L'écran de bord indiquait 11h57, plus que trois minutes avant d'avoir la réponse à nos questions. Notre musique favorite de soirée passait à la radio, mais personne ne réagissait. Avant, Enzo serait déjà en train de la chanter en faisant l'idiot. Malheureusement, un silence macabre régnait entre nous. Lisa tremblait à l'arrière, dans les bras de Théo qui regardait l'extérieur comme si c'était l'apocalypse. Marc, cramponné à son volant ne disait pas un mot. Plus personne n'avait d'âme en lui, chacun regrettait cette maudite soirée dans le manoir.

Puis, le clocher nous entonna les 12 coups de midi. La cinquantaine de paroissiens sortirent enfin de la maison du seigneur, nous laissant le champ libre. Après un regard morose en direction de mes amis, nous sortions de la voiture. Marc fut le premier à entrer dans l'église, foudroyant l'intérieur du regard. Bien sûr, Lisa fut la dernière à nous suivre, toujours cramponnée à son petit ami.

Le prêtre, vêtu de son aube et de sa coupe de vin, rangeait le matériel et la bible dans le coffre en or derrière l'autel. En nous voyant entrer avec un visage d'enterrement, il écarquilla grand les yeux. Lentement. Il se plaça devant le presbytère, prêt à se cacher en cas de danger.

- Il n'y a rien à voler ici. Lança t'il d'un air inquiet. Mais si jamais, servez vous et ne me faites pas de mal.

Je fus choquée par cette réaction de terreur. Théo allait répondre, mais je le devançais. Vu son regard, il n'allait pas être poli.

- Ne vous en faites pas, mon père. Commençais je. Nous n'avons aucune mauvaise attention.

Son visage s'adoucie légèrement, mais il restait sur ses gardes.

- Alors que font quatre jeunes comme vous dans mon église après la messe ?

Personne n'osait répondre. À vrai dire, nous n'avions pas les mots pour qualifier la raison de notre présence. Devons nous aller droit au but ? Était ce au moins réaliste de demander une chose pareille ?

- C'est assez délicat. Commença Marc. Ça peut paraître bizarre, mais nous vous demandons de nous écouter et de garder cette conversation secrète. Pouvons nous vous faire confiance ?

- Je ne suis pas policier. Répondit le vieil homme en souriant. Asseyez vous.

Tous s'asseyaient, sauf Marc qui faisait les trois cents pas.

- Ça doit vraiment être grave. Commenta une fois de plus le curé.

- Écoutez mon père. Poursuivis je. Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Nous sommes allés dans le vieux manoir pendant la soirée d'Halloween. Le problème, c'est que cette foutue baraque est hantée et notre ami a été la cible d'un esprit. On ne sait pas quoi faire pour qu'il redevienne comme avant.. On a besoin de vous.

Les yeux du prêtre s'écarquillaient et sa main se plaça devant la bouche. Visiblement, il avait l'air choqué, voir même affolé.

- Qu'avez vous fais..

Il se redressa brusquement en nous dévisageant chacun notre tour d'un air mauvais.

- On ne vous a jamais dit qu'il ne fallait pas s'approcher de ce manoir infernal ?! Sanglota t'il.

- Prêtre ! Intervint Théo les poings serrés. Nous savons que nous avons fais une bêtise. Dites nous si il y a un moyen de le sauver sans mettre en danger la vie de notre ami.

D'abord il soupira, puis marcha quelques pas avant de répondre.

- Je n'ai jamais été confronté à ça.. Mais l'école catholique nous a formé à affronter ce genre de cas.

Il fit une pause avant de reprendre en tremblotant.

- Un rituel chrétien permettrait de le délivrer du mal. Mais il me faut l'aide d'un confrère de la paroisse avoisinante ! Ramenez le dans deux jours ici, il faut absolument accomplir le cérémonial dans l'église avec du matériel professionnel.

Un soupçon d'espoir naissait en nous, et un malicieux sourire envahissait nos visage.

- En attendant, reprit t'il, vous ne devez en aucun cas vous approcher de lui ! Prévenez sa famille, son entourage qu'il est dangereux ! Il faut à tout prix qu'il ne se doute de rien par contre, car l'esprit en lui est mauvais, et qui sait ce qu'il pourrait vous faire.

Nous hochions la tête en pensant à notre ami. Si un moyen existait, il fallait à tout prix l'essayer !
Le prêtre nous fit signe de sortir à présent.

- Revenez dans deux jours, et n'oubliez pas ce que je vous ai dit. Il n'est plus le garçon qu'il était avant. Prenez soin les uns des autres.

Sur ces paroles, nous sortirent de l'église en contemplant une dernière fois les vitraux colorés. J'ai la boule au ventre en m'imaginait Enzo nous faire du mal..

En montant dans la voiture, l'auto radio se mit immédiatement en marche sans nous laisser le temps de l'activer. Je fus la dernière à fermer la porte après m'être assise, puis le verrou s'enclencha. Tout les regards se posèrent sur Marc.

- Quoi ? J'ai rien fais moi.

Nous appuyons sur les boutons, mais rien ne se passait. Lisa s'acharnait sur les poignée, en vain.

- Ouvre, Marc, c'est pas drôle.

- Mais je fais rien putain ! S'énerva t'il en frappant le volant.

Puis, de la buée enveloppa toutes les vitres de la voiture, jusqu'à nous cacher entièrement l'extérieur. Je ne comprenais plus rien, ce n'était mathématiquement pas possible.

Réfléchis..

Mais alors que j'allais tenter d'ouvrir la portière, un bonhomme souriant apparut en grand sur le pare brise. Des frissons me traversaient le dos.

- C'est quoi ce bordel ?! Sanglota Lisa à l'arrière.

Seul le grésillement de la radio lui répondit. Nous ne pouvions plus sortir, ni voir dehors. Nos portables indiquait "aucun services."
Puis, une voix rauque sortit de l'auto radio. Une voix puissante et machiavélique que je n'oublierais jamais.

- Vous pensez vraiment qu'un petit curé pourrait sauver votre ami ? Vous avez profanés notre merveilleuse demeure et vous le paierez de votre vie !

Hantée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant