Un silence glacial enveloppait la pièce. Pas un bruit, on pourrait presque entendre les palpitations du cœur d'Enzo. Nous sommes déjà tous mort, nous ressemblons à des cadavres. Des cernes immondes traversaient mon visage, je sentais la sueur briller sur mon front. Tout ce combat pour au final crever comme des rats dans cette maison. Je foudroyais Eugène du regard, il paiera cher son affront.
La lame vibrait dangereusement au dessus de la tête de Thomas, qui s'empressa de saisir un couteau de cuisine posé sur la table à manger. Le gamin possédé souriait en voyant la scène, il se nourrissait de notre désespoir. Enzo reculait en se tenant fermement sa main fracturée. Il était incapable de se défendre dans cette état. Au fond, il était déjà mort, son expression terrorisée le prouvait.
- Fais pas ça.. Implorait Enzo quand son dos heurta le mur.
- Je n'ai pas le choix. C'est toi ou moi.
- Tu n'es pas obligé.
Thomas ria nerveusement en s'approchant un peu plus de sa victime. Une larme coula le long de ma joue.
- Tu aurais fais pareil. Répondit Eugène en pouffant de rire. J'adore ce jeu.
Lentement, le bourreau leva son arme au dessus de sa tête, prêt à l'abattre sur mon violeur. Ce jeu atroce changeait les gens, ils commettaient ce qu'ils n'auraient jamais fait en temps normal. J'étais triste, très triste, mais je ne pouvais pas blâmer Thomas pour son geste. Mais, alors qu'il allait frapper, Enzo réagit rapidement. Il le frappa en plein visage avec sa seule main de libre, puis l'envoya contre le mur. L'arme chuta lourdement sur le sol, les deux se battaient comme des fauves. Un coup de tête sur le nez d'Enzo, un coup de pied dans la côte pour Thomas, leur vie dépendait de ce combat. Chacun encaissait fièrement la fureur de l'adversaire, mais Enzo ne lâchait rien. Je n'aurais jamais imaginé qu'il soit si fort, malgré sa main meurtrie. La tête de Thomas heurta violemment la table quand le tibia droit de son adversaire le balaya.
Il ne se relevait plus, bien que toujours conscient. Je voyais qu'il essayait de se relever, mais ce coup venait de lui être fatal. Enzo rigola avec sadisme en saisissant le couteau qui traînait sur le sol. D'un coup vif, il le planta dans la côte de Thomas. Je ne pu m'empêcher de lâcher un cri de surprise. L'assassin se pencha au dessus de sa victime en lui murmurant quelques mots sans oublier de sourire. Toujours la lame fichée dans le ventre, les yeux de Thomas se fermèrent doucement. Du sang coulait le long de sa blessure, jusqu'à se rependre sur le carrelage. Je ne pus m'empêcher de pleurer comme une gamine devant le corps sans vie de mon nouvel ami. C'est de ma faute si il est mort, je l'ai entraîné égoïstement dans cette embrouille.
Je suis désolée Thomas, merci de m'être venu en aide.
- Je savais que tu allais t'en sortir. Commenta Eugène.
- Tant mieux car c'est ton tour. Action ou vérité ?
- Vérité.
- Laisses moi faire ! Intervins-je avant qu'il ne parle.
Les quatre yeux se posèrent sur moi, Enzo me laissait finalement sa place. Je repris d'une voix ferme :
- Eugène, es-tu capable de quitter ce corps et de retourner dans le manoir maudit ?
Il pouffa de rire en entendant cette phrase.
- Oui.
- Alors fais le.
Son sourire s'estompa soudainement.
- Ce n'est pas la règle.
- Au contraire, ton jeu, tes règles pas vrai ? Tu m'as fais la même chose avant, avec l'épreuve du chalumeau. Donc choisis, que préfères-tu ?
La lame vibrait dangereusement au dessus du crâne de l'enfant possédé. Un visage haineux déchira l'air pur du gamin.
- Je te ferais la peau, connasse.
Puis, une sorte de fumée grise s'échappait des narines et de la bouche du frère de Marc. Il en fut très vite enveloppé, submergé, je reculais de quelques pas. Un visage de vapeur se dessinait, le vrai visage d'Eugène. Chauve, un regard autant cruel que criminel, une balafre sur la joue et une marque de strangulation au niveau du cou. Un vrai monstre de la seconde guerre mondiale.
- On se reverra.
Soudain, toute la fumée fut projetée vers la fenêtre ouverte, puis s'échappa vers l'extrémité de la ville. Retourne au manoir, là où est ta place.
Immédiatement, Enzo se précipita vers Thomas, qui ouvrit les yeux. Mes sourcils s'arquèrent, mes lèvres tremblaient.
- C'est quoi ce délire ?! M'écriais-je d'une voix faiblarde.
Les mains d'Enzo compressaient la plaie sanglante, puis il se retourna violemment vers moi.
- Appelles vite le SAMU. Perds pas de temps.
Je me dépêchais de composer le numéro, un homme répondit tout de suite. Je lui expliquais la situation, donnais l'adresse, puis raccrochais. Je m'agenouillais devant Thomas en versant quelques larmes. Il était faible, mais bel et bien vivant.
- Expliques moi ! Gueulais-je après Enzo.
- Je fais quoi comme études ? Lança-il d'une voix calme ?
- Je.. C'est pas le moment ! M'énervais-je.
- Réponds.
Son visage en marbre me faisait bouillir de l'intérieur.
- Fac de biologie.
- Exact. J'ai un bac S, et je suis deuxième de promo. Je connais par cœur chaque organe, sa place, ses caractéristiques. En le poignardant, je savais exactement où frapper pour que le coup ne soit pas mortel. Je lui ai dis de faire semblant d'être mort et j'ai souris pour qu'Eugène croit en mon sadisme. Je ne pouvais pas le tuer, mais lui l'aurait fait si je ne m'étais pas défendu. Je suis désolé..
Sans réfléchir, je le serrais dans les bras, reposant ma tête contre son épaule. Il nous avait sauvé.
- Retires ta tête, je ne le mérite pas. Ce que j'ai fais, et dis.. Je méritais de mourir.
- Dis pas ça..
- Si ! Je vais être honnête, au début, je voulais juste une aventure torride avec toi, mais je commençais à avoir des sentiments avant que tout ce bordel ne commence. Pour la première fois de ma vie, mon cœur menaçait de flancher pour une fille.
- Enzo..
Je collais mes lèvres sur les siennes, déclenchant une vague de papillons dans mon ventre.
- Je.. Pas au dessus de moi..
La voix de Thomas me fit sourire, je pris sa main dans la mienne.
- On te sortira de là ! Murmurais-je à son attention.
Les sirènes des ambulances retentirent au loin, une pour Thomas, l'autre pour le frère de Marc resté inconscient à côté de nous. Il fallait trouver un moyen pour sauver Lisa, coûte que coûte ! La voix glaciale d'Enzo me sortit de ma rêverie.
- Vas t'en par derrière !
- Pardon ?
- Il y a du sang partout, si tu restes, tu seras inculqué !
- Non, je ne pars pas sans toi.
- Tais toi ! Si je pars, il fera une hémorragie et ne survivra pas. Pars, je sais déjà quel mensonge je vais raconter.
Me voyant hésiter, il lança un dernier argument qui changea immédiatement mon point de vue.
- L'enterrement de Théo à lieu cette après-midi. Il aurait voulu que t'y assiste.
Mes poings se serraient, comment ai-je pu oublier ça ?
Sans commenter, je me redressais, puis sortis de la pièce en direction de l'arrière maison. Pas un regard en arrière, juste une larme coulante le long de ma joue.
J'ai beaucoup trop perdu pour me faire arrêter comme ça, dans peu de temps, le manoir brûlera, et je vengerais tout le monde.
Théo, Marc.. Votre mort ne restera pas impunie.
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Hantée.
Horror- On ne devrait pas rentrer dans ce manoir. - Pourquoi ? Tu as peur de quoi ? - Je n'ai pas peur ! On ne devrait pas être là, c'est tout. Ils pouffèrent de rire face à ma remarque. - C'est Halloween ! Il faut faire un truc flippant, sinon ce n'e...