28. Action ou vérité ?

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La maison de notre ami apparaissait enfin au bout de la rue. Mes jambes menaçaient de flancher à chaque instant, je n'avais jamais couru aussi vite. Ma main abaissa rapidement la poignée, Thomas me suivait de prêt. Immédiatement, la seule lueur émanant de la pièce nous éblouit légèrement. L'attention était reportée sur Enzo, solidement attaché avec de la corde sur une chaise. Mon cœur se serra à la vue du sang encore frais qui dégoulinait le long de son visage. Une ceinture enroulée autour de son cou pendouillait dans le vide, quelques hématomes traversaient son visage. Il était inconscient.

Au même moment, un rire nerveux et enfantin déchira l'atmosphère, puis un jet d'eau atterrit sur le visage du comateux. D'ordinaire, il se serait ressaisit rapidement, mais pas cette fois. Ses paupières s'ouvrirent lentement, bien que la douleur devait le tourmenter. Le petit frère de notre ami défunt fit son apparition sur notre droite, armé d'un immense couteau de cuisine. Son air auparavant si sage avait disparu au profit d'un visage machiavélique et cruel.

- Je vous attendais. J'imagine que Olga vous a tout raconté. Quelle pipelette, je me faisais une joie de vous faire une surprise.

- Eugène, c'est ça ? Qu'est ce que tu veux ? Lançais-je.

- M'amuser.

Thomas s'avançait légèrement, mais ce fut Enzo qui prit la parole.

- Enfoiré de lâche ! Barrez vous, il est dangereux !

Un puissant coup de poing disproportionné par rapport à son gabarit percuta la mâchoire de mon ami.

- Que veux tu exactement ?! Insistais-je en le défiant du regard.

- Je veux jouer à un jeu. Action ou vérité.

- Pardon ? Intervint Thomas.

- Tu m'as compris. Chacun son tour, celui qui ne suit pas les règles sera châtié. Enfin.. Pour garder le contrôle de la partie, je propose que ce soit Enzo, qui subisse pour vous. Je reste à côté, dès que quelqu'un triche, je lui coupe un doigt. Si vous refusez de jouer, je le tue sur le champ. Et sachez une chose, je peux parfaitement lire dans votre esprit, donc mentir causera un châtiment à votre ami.

Mes yeux se posèrent sur Thomas, qui hocha gravement la tête.

- Bien, alors.. Commence. Dit le possédé en me regardant. Action ou vérité ?

- Vérité.

- Pourquoi fais-tu tout ça pour sauver Enzo depuis le début ?

Je soupirais avant de répondre.

- Parce que je l'aime depuis la seconde ou je l'ai rencontré.

Le concerné arqua un sourcil, perplexe et à la fois triste. Le petit frère de Marc s'en mêla.

- C'est mignon ! Enzo, à toi.

- Vérité.

- Que ressens-tu pour elle.

Une grimace horrifique se dessinait sur son visage meurtri.

- Je suis amoureux d'elle.

- Tu mens, tant pis pour toi.

Le gamin brandit son couteau prêt de la main de mon ami, qui changea immédiatement d'expression.

- C'est bon, je vais tout dire. Je ne l'ai jamais aimé, j'y ai vu qu'une opportunité sexuelle. Désolé, mais entre nous, c'était juste pour le cul.

Mon cœur manqua un battement. Je sentais ton mon corps se contracter, les larmes me montaient instinctivement aux yeux. Je balayais les gouttelettes d'un revers de main, comment avais-je pu être si naïve ?! Des crampes d'estomacs commençaient à me bouffer le ventre.

- Intéressent. Murmura l'auteur de ce stupide jeu. Maintenant que les choses sont clairs, on va pimenter le jeu. Celui qui ne respecte pas les règles, meurt.

Sur ces mots, un couteau de cuisine apparut au dessus de chaque personnes, lame vers le bas, y compris au dessus du démon.

- Si vous mentez ou échouez à « action », alors vous mourrez. Est-ce bien clair.

Je tremblais en hochant la tête.

- Thomas, à toi.

- Action.

Nous étions tous surpris par ce choix, la vérité devait être trop importante à dévoiler.

- Thomas, frappes Enzo deux fois de toutes tes forces.

La victime ouvrit grand les yeux en serrant les dents. Sans se poser de questions, deux puissantes droites s'abattirent à nouveau sur son visage. Un filet de sang gicla sur le mur à sa gauche. Contre toute attente, aucun bruit en dehors du choc ne résonnait. Pas de cri, pas de plainte, juste deux hommes qui tentaient de survivre.

- Ton tour, Eugène. Action ou vérité ? Lançais-je le sourire aux lèvres.

- Vérité.

- Comment on sort de ce jeu ?

- Un seul survivant, les trois autres mourront, quels qu'ils soient.

Un sanglot sortit de ma gorge. Ce type était d'un sadisme..

- Ton tour.

Je frémis en répondant :

- Vérité.

- Que comptes-tu faire pour m'arrêter ?

- Je n'en sais rien pour l'instant, mais je compte bien trouver un moyen.

Voyant que la lame ne tombait sur mon crâne, l'esprit soupira.

- Enzo, à toi.

- Action.

- Tu voulais du cul avec elle, non ? Alors viol là devant tout le monde.

Mon coeur s'arrêta de battre.

- Pas ça.. implorais-je.

- C'est pas à toi de choisir. Dépêches toi, Enzo, choisis de quel côté tu veux être. Les vivants ou les morts ?

Lentement, mon ami se leva après s'être fait détacher.

- Je suis désolé. Murmura-il angoissé.

D'un geste brusque, il me retourna violemment contre la table, puis déchira mon leggings. Je ne tentais pas de bouger, de résister, de le repousser, il mourrait. Des larmes inondaient mon visage, Thomas bouillonnait, mais je le suppliais du regard pour qu'il ne fasse rien.

Puis, l'inévitable arriva, un coup sec me transperça. Visage contre la table, je venais de perdre ma virginité.

Hantée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant