La maison autrefois si joyeuse de notre ami se dressait devant nous. J'avais la boule au ventre, le stress me dévorait l'estomac. Je voyais dans le regard de Théo qu'il était autant effrayé que moi. Cette idée semblait de plus en plus stupide. Une simple route nous séparait de ce qui pourrait devenir notre pire cauchemar.
- Je suppose qu'il faut y aller. Soufflais-je en plongeant mon regard dans ses yeux terrifiés.
Sans perdre plus de temps, nous traversions jusqu'à l'entrée de la propriété. Un courant d'air glacial nous percuta à la seconde où mes doigts se resserraient sur la poignée. Des dizaines de frissons me parcouraient le dos, sans pour autant m'arrêter. Un cliquetis métallique émanant de la porte me surpris. Elle venait de se déverrouiller comme par magie. Mon regard sombre se tourna vers Théo.
- Il est là.
Je pris une bonne inspiration, puis entrais à l'intérieur, suivis de prêt par mon ami. Une odeur de sang et de mort vint immédiatement nous percuter en plein visage. Je fus contrainte d'enfouir mon visage sous mon pull, pour ne pas rendre le repas. La lumière nous éblouit soudainement, laissant découvrir le carnage qu'avait subit cette maison.
Enzo était là, assis dans le fauteuil qui appartenait à son père, dos tourné à la porte d'entrée. Du sang recouvrait les murs, les meubles étaient renversés, la table en vers éclatées en mille morceaux. Je n'osais imaginer ce qui c'était passé ici.
- Je savais que vous allez venir, tôt ou tard. Avez vous aimé cette escapade nocturne en forêt ?
La voix narquoise du démon me glaça le sang. Ce fut Théo, le premier à réagir.
- Pourquoi avoir fait couler tout ce sang, ils ne t'avaient rien fait !
Il éclata de rire, son âme n'était en rien celle de l'ami que nous connaissions. Il ne restait plus que méchanceté, agressivité et violence.
- Ils commençaient à se douter de quelque chose. J'enchainais les visites chez le psy, ils me hurlaient dessus, ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne découvrent ce qu'il est arrivé à leurs fils.
Mes yeux retenaient leurs larmes, tout ça parce que nous n'avions pas écoutés nos parents.
- Qu'est-ce que tu veux ? Lançais-je d'une voix crispée.
- Rien. J'aime vous tourmenter. Vous perdez le sommeil, devenez paranoïaque. C'est tout ce qu'il me faut. Détruire vos vies avant de vous tuer.
Il applaudit en se levant lentement. La nausée m'envahit en regardant son visage. Des veines noires et gonflées barraient son visage autrefois si pur. La couleur de ses yeux avaient disparu, seul le blanc était resté. Je fus quelques pas de reculs en le voyant toussoter. Une grosse araignée s'échappa de sa bouche sèche, puis disparut sous le fauteuil. Il n'y avait plus rien de notre ami, seul la mort était restée dans ce corps meurtri.
- Comment trouvez vous ce nouveau visage ? Affreux n'est ce pas ? Un esprit ne peu rester indéfiniment dans un corps vivant, il se meurt petit à petit, jusqu'à moisir entièrement...
Il paraissait triste, jusqu'à le voir éclater de rire. J'étais de moins en moins rassurée, même Théo flippait énormément.
- Trêve de plaisanteries. Que venez vous faire ici ? Un mensonge et je vous tue sur le champ.
- Je.. euh.. bégayais je.
- On est venu chercher les images de l'assassinat. Tu dois payer pour ce que t'as fais ! Intervient Théo fou de rage.
Une épaisse brume de brouillard ensevelissait le monstre sans âme, jusqu'à le dissimuler entièrement.
- Et bien bonne chance.
Ce fut les dernières paroles de notre ami déchu, avant de disparaître de la pièce. Seul un rire enfantin résonnait à l'étage, avant que le calme ne retombe entièrement.
- Tu penses qu'il est parti ? M'inquiétais-je.
- Non, mais il a un plan derrière la tête. Il faut se dépêcher et foutre le camp !
Sur ces mots, Théo décampa dans une pièce sur la gauche du salon. Je lui emboîtais le pas, jusque dans le bureau de son père. La bibliothèque entourant le bureau en bois massif a toujours été mon endroit préféré. Avant, Enzo m'emmenait souvent ici. On s'était même embrassé, quelques jours avant Halloween. On aurait sûrement été ensemble si notre bêtise nous avait pas conduit au manoir.
Une larme coulait le long de ma joue. Je t'aimais tellement Enzo, je suis désolé ne pas avoir réussi à te sauver.
La main de Théo se posa sur mon épaule.- Courage, ne craques pas maintenant.
J'hochais la tête en balayant mes larmes d'un revers de main. Il fallait rester forte, sinon tout va empirer. Théo s'installa derrière l'ordinateur portable high-tech de son père, puis se connecta aux images de la maison. Il n'eut pas de difficultés pour atteindre la séquence de la nuit dernière.
On voyait nettement les parents d'Enzo dans le salon, couchés sur le divan devant un film. L'apparition du fils démoniaque les a effrayé. Le visage n'était pas autant dégradé qu'aujourd'hui. En voyant les veines sur les joues de leur fils, ils se sont levés en panique. Ils ont demandés des explications, mais Enzo répondit qu'avec un couteau de cuisine. Son père c'est débattu pour sauver Mathilde, sa femme, en vain. Trois coups perforèrent son ventre, et un dernier dans le creux du plexus. Les hurlements de douleur de sa mère furent étouffés par les rires sadique du démon. Un unique coup de lame sous la gorge, le sang fut projeté sur le mur derrière elle. Le sort macabre de la famille donna le sourire au meurtrier, qui se tourna vers la caméra en criant :
- Vous savez la vérité maintenant, allez voir les flics bande d'idiots.
Le message nous était adressé, je reculais contre mon gré.
- T'inquiète pas pour ça, enflure. Murmura Théo en téléchargeant le contenu sur sa clé.
Le chargement fut rapide, nous avions ce que nous étions venus chercher.
En moins, d'une minute, nous fûmes à l'extérieur de la demeure, prêt à courir jusqu'au commissariat. Enzo apparut de nouveau à la porte, le sourire au coin.Je n'aime pas ce sourire, comme si tout ça faisait parti de son plan. Très vite, sa baraque disparut loin derrière nous. Nos cœurs battaient la chamade, mais nous étions sain et sauf !
Direction le commissariat, ce monstre doit payer pour toutes les atrocités qu'il a faite !
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Hantée.
Terror- On ne devrait pas rentrer dans ce manoir. - Pourquoi ? Tu as peur de quoi ? - Je n'ai pas peur ! On ne devrait pas être là, c'est tout. Ils pouffèrent de rire face à ma remarque. - C'est Halloween ! Il faut faire un truc flippant, sinon ce n'e...