Dring dring dring.
La sonnerie retentit enfin, nous attendions patiemment le bon moment. Les bruits de pas des élèves qui quittaient l'établissement, les clés d'enseignants qui verrouillaient la porte, en quinze minutes, plus aucun bruit ne pourfendait l'air.
Lentement, nous sortions tout les trois de la cabine des toilettes, en prenant soin de ne croiser personne. Seul une femme de ménage arpentait le couloir, mais nous la contournions sans difficultés. Le premier étage franchis, puis le deuxième, personne n'osait parler. Nous nous plantions devant un escalier montant barricadé avec des chaînes et un écriteaux :
«Interdiction formelle de franchir les chaînes.»Pas de doutes, c'était le bon endroit. Le regard de Thomas s'assombrit, il s'arrêta net.
- Une fois de l'autre côté, il sera impossible de faire machine arrière. Vous êtes sûrs de vouloir y aller ?
- Bah ouais. Mais t'as intérêt à tenir ta promesse. Pesta Théo d'une voix glaciale.
- Donnant donnant.
- De toutes façon, ça ne peut pas être pire qu'au manoir. Ajouta mon ami en serrant les poings.
Au même moment, un coup de vent glacial frappa le couloir. Un sourire naissait sur le visage de Thomas.
- Ça c'est ce que tu crois.
Puis, un bruit de serrure s'enclencha depuis la porte du dessus. Lentement et avec un grincement sinistre, celle-ci s'ouvrit devant nos yeux ébahis. Les esprits nous indiquaient le chemin, je commençais enfin à prendre cet endroit au sérieux.
Il faisait sombre et très froid. Nous ne pouvions voir sans nos torches. Je ne cessais de sursauter en entendant les murs craquer, une violente odeur de mort et de sang vint nous sauter à la gorge. Il y avait au total six portes dans ce couloir, trois de chaque côtés.
- On fait quoi ? Demanda Théo en se tournant vers Thomas.
- On explore.
Le concerné ouvrit la première porte à gauche, puis s'y engouffra sans réfléchir. Je fus très surprise de voir des lits d'infirmerie, c'était comme dans un vieil hôpital abandonné. Jusqu'à présent, rien d'alarmant, mais un détail me sautait aux yeux. Dans le coin de la pièce, un petit objet carré figurait sur le sol bétonné. Je me penchais lentement pour ramasser la photo de Polaroïd délaissée par le temps.
«Partez immédiatement !»
«Vous ne comprendrez donc jamais ?!»Plusieurs voix menaçantes traversaient l'air. Était-ce des menaces ? Des avertissements ? En tout cas, personne ne semblait impressionné. Les deux garçons se penchaient au dessus de mon épaule pour regarder le cliché. Une jeune fillette, visage déformé par la peur, y figurait. L'expression de terreur me fit frémir, que est ce qui l'effrayait tant ?
Thomas était le seul à avoir peur, nous avions vécu trop de choses pour craindre une minable photographie.
Puis, nous nous retournions soudainement pour quitter la pièce. Je reculais de surprise en faisant face à une petite silhouette transparente. Le visage de l'esprit ressemblait énormément au cliché. Thomas se cramponnait derrière moi, tétanisé par les événements.
- Tu es la petite de la photo ?
Un simple hochement de tête, puis un seul mot avant de disparaître :
«Partez.»
À nouveau seuls, nos esprits étaient chamboulés. Je fus contrainte de prendre les devants, sinon ils seraient restés plantés là longtemps.
- On va voir les autres pièces ?
- Je sais pas.. On devrait peut être partir.. Se plaignit Thomas en se dandinant.
Au même moment, une porte claqua violemment dans le couloir. Nous sortions rapidement de la salle, puis tombions nez à nez avec la porte de sortie verrouillée. Impossible de sortir, il n'y avait plus qu'une seule chose à faire.
- On a pas le choix. Commentais-je.
- On aurait jamais dû venir.. pleurnicha Thomas.
- Arrêtes de te lamenter. Rétorqua froidement Théo. C'est toi qui nous a entraîné ici, alors assumes !
Plus personne n'osait répondre. Contre toute attente, Thomas inspira profondément avant d'ouvrir une autre porte. Je souriais en le voyant prendre les devants. Valait mieux rester fort pour s'en sortir dans des endroits comme ça.
Cette pièce était étrangement vide. Un établi recouvert d'objets poussiéreux dans un coin, et des objets bizarres fixés sur le mur. En avançant, je remarquais qu'il s'agissait de chaînes, elles servaient à attacher les poignets. À quoi pouvait bien servir cet endroit ? Au fond de moi, j'étais terrifiée, mais il fallait rester forte. Survivre ici était le seul moyen de vaincre le manoir McKeller.
Théo saisit un objet sur l'établis et souffla dessus pour ôter la poussière. Il s'agissait d'une pince aux extrémités fines, je n'avais jamais vu d'objet similaires.
En m'avançant vers la table en bois, je pus discerner une vingtaine d'objets de la même envergure. Des pinces, des marteaux, des couteaux.. Tout était fait pour la torture.- Je suis la seule à ne pas aimer ça ? Commentais-je en saisissant l'un des deux bocaux.
Pleins de petits objets noirs y étaient entassés. On dirait qu'il s'agissait de dents, probablement âgées. Impossible, personne n'est assez monstrueux pour conserver de pareils choses. Sûrement des fausses ou peut être quelque chose d'autre.
«Dégagez d'ici !»
Je fis volte face, imitée par les deux garçons. Une forme bien plus grande que l'enfant se tenait devant la porte. Une femme portant un vêtement digne d'une infirmière de la guerre avançait vers nous. Ses pupilles blanches me faisaient reculer, sa mâchoire difforme ne m'inspirait pas confiance.
Elle se dirigeait bizarrement vers Thomas, puis lui saisit la gorge avec ses mains. Le pauvre se débattait, soulevé en l'air par la force démoniaque. J'étais tétanisée, incapable d'agir. Théo voulut l'aider, mais ses mains traversaient le fantôme. Des larmes coulaient le long de mes joues, je suppliais l'esprit de le lâcher, en vain.
Puis, contre toute attente, l'esprit fut projeté à travers la pièce. Une autre silhouette se tenait à sa place, le visage bien plus pur. Vaincu, l'esprit démoniaque s'évapora, nous étions temporairement tranquilles.
Mes yeux se posaient sur notre protecteur, une jeune adolescente au regard si angélique. Seul son cou était en lambeaux, comme si elle avait été dévorée.À sa vue, Thomas se laissa tomber à genoux en tremblotant.
- Stella.. C'est bien toi ?
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Hantée.
Terror- On ne devrait pas rentrer dans ce manoir. - Pourquoi ? Tu as peur de quoi ? - Je n'ai pas peur ! On ne devrait pas être là, c'est tout. Ils pouffèrent de rire face à ma remarque. - C'est Halloween ! Il faut faire un truc flippant, sinon ce n'e...