24. La fin d'une horrible descendance.

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Mon cœur tambourinait dans sa poitrine, je faillis flancher plusieurs fois.

Lentement, le principal chuta à genoux. Son revolver s'écrasa au sol, je lisais de la colère dans son regard. Il s'en fichait de s'être fait descendre, il voulait simplement nous voir mort. La balle s'était fiché dans son épaule, rien de mortel. Le bras tremblant, il essayait vainement de saisir son arme. Je ne pus m'empêcher de sourire en le voyant dans cette posture.

- Bien fait pour toi. Murmurais-je pour le rendre furieux.

Derrière, un policier tenait fermement son pistolet vers l'avant. Cet homme venait de nous sauver, nous étions hors de danger. J'étais surprise par le calme de l'agent, pas un tremblement, une respiration normale, pas saccadée comme je l'étais actuellement. Ce dernier s'avança vers l'ordure immobile, puis posa sa main sur son épaule.

- Veuillez me suivre sans faire d'histoires.

Mais, au moment où le policier allait lui mettre les menottes, le principal se redressa brusquement et lui asséna un puissant coup de poing dans la tempe. Heureusement que Thomas réagit rapidement, il plongea à terre pour prendre l'arme de ce dernier qu'il avait laissé tomber quelques secondes plus tôt. L'agent chuta lourdement sur le sol, complètement sonné. Bien sûr, la pourriture saisit l'arme de sa victime, mais le canon de Thomas était déjà pointé sur lui.

- Poses ça tout de suite.

- Thomas, voyons.. T'es pas ce style de personne.

- Par ta faute, Stella est morte la haut !

Il sanglotait en évoquant ce prénom, elle devait vraiment compter pour lui.

- Ma faute ? Le règlement est fait pour quoi à ton avis ? C'est la règle, je lui ai dit plusieurs fois, c'est de sa faute si elle est morte.

- Fermes là ! Pourquoi cacher un endroit pareille dans ce lycée ?!

- Raison économique, facilité, nostalgie. Plein de raisons, je suis le seul qui pouvait y monter sans y risquer ma vie.

- Comment ça ? Lançais-je furieuse.

- Je suis la descendance, son sang coule dans mes veines. C'est moi qui descendait les cadavres dans la salle de classe pour que personne ne découvre l'existence de cet endroit. J'ai déjà dû dissimuler le corps de plusieurs enseignants. Chez nous, on est directeur de père en fils, j'ai grandi au troisième étage.

- Pourriture. Cracha Thomas.

- Pourriture ? Pour avoir protégé la famille ? Tu sais, il ne mangeait pas que des humains, je lui ramenais aussi des agneaux de temps en temps. Faut bien le nourrir quand les élèves se montrent trop obéissant.

Le sourire narquois de l'homme fut la goutte de trop. Bien sûr, il ne capitula pas si facilement. En pointant son arme vers nous, Thomas n'eut aucune hésitation. Une seconde balle se ficha dans le bas ventre du principal. Cette fois, s'en est finit de lui, il s'écroula enfin sur le sol, baignant dans son propre sang.

Je commençais à faiblir sous le poids intense d'Enzo encore inconscient, mais il fallait rester forte. Mon ami ne devait pas être emmené à l'hôpital, j'avais trop peur de ce qu'ils pourraient découvrir. Thomas se précipita vers le policier à terre, puis le secoua pour le réveiller.

- Je dois m'en aller avant que le lycée ne soit entouré de pompiers et de flics ! Aides moi à le porter loin d'ici.

- Je dois rester, raconter et aider les policiers à comprendre. Je m'occupe de ton ami, tu auras toutes les infos ! Et d'ailleurs..

Il se releva, puis attrapa un bout de papier dans sa poche pour y griffonner un truc.

- Mon numéro en cas de besoin. Il doit surement faire nuit dehors, tu pourras partir discrètement. Il y a un parc à gauche du lycée quand tu sors, attends moi là bas, je te rejoins dès que possible.

J'hochais la tête en saisissant le papier. Nos regards se croisaient une dernière fois, puis je partis en m'efforçant de rester forte. Ce soir, j'avais récupéré un ami, mais à quel prix ? Perdre Théo était la pire des choses qui pouvait m'arriver. Il avait tout vu, tout affronté avec moi. Marc et Lisa, deux âmes également condamnés, par ma faute. Perdre trois amis pour en récupérer un, une larme coulait le long de ma joue.

Le prix à payer est trop dur à supporter. Mais je n'abandonnerais pas, il faut encore sauver Marc et Lisa. Théo aurait souhaité que j'aille au bout de cette galère. Et Enzo, comment vais-je lui annoncer qu'il a tué son meilleur ami ? Ses parents ? Même le chien des voisins qu'il adorait ?

Décidément, j'aurais mieux fait de rester couché dans mon lit le soir d'Halloween.

Hantée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant