- T'es sûr de vouloir faire ça ?
Le bras d'Enzo tremblait sur la poignée de sa porte d'entrée. Je voyais bien la tristesse dans son regard, sa pupille humide menaçait de verser une larme. Des banderoles jaunes nous barraient le chemin, l'enquête se poursuivait toujours. Lentement, je glissais ma main sur son épaule.
- On peut aller chez moi, ne te sens pas obligé.
Sans même me répondre, il ouvrit lentement la porte qui grinçait légèrement. Une odeur infâme nous sauta à la gorge, un mélange de sang et de mort. Thomas passait devant nous en silence, sûrement pour s'assurer que la voie était libre.
- Courage..
Mon ami n'avait que faire de ma tendresse, il s'avança dans le salon, puis plaçais instinctivement ses mains sur son visage. Du sang sec traversait les murs et la moquette, une vraie boucherie. Même son fauteuil favori fut tapissé avec l'hémoglobine de ses parents.
Je pensais qu'il allait s'effondrer, pleurer, se lamenter, mais la vérité fut tout autre. D'un pas vif et déterminé, il fila dans sa cave en descendant rapidement les marches malgré l'obscurité. Thomas le suivait des yeux, son visage mélancolique me rassurait pas.
Les bruits de pas de mon ami me firent à nouveau tourner la tête. Deux bidons d'essence de 5 litres chacun se balançaient dans chacune de ses mains.
- Ne fais pas ça ! Lançais-je immédiatement sans réfléchir.
- On sera enfin débarrassés de ces esprits de merde !
- On détruira ce manoir, mais pas tout de suite ! Marc et Lisa y sont peut-être. On doit d'abord vérifier !
À ma grande surprise, il reposa les bidons sur le sol. Je lisais en lui une profonde déception, mais surtout une vraie tristesse. Il se rendait compte de ce qu'il avait fait, même si il avait encore du mal à encaisser la dure réalité. Je m'avançais vers lui, puis lui redressais la tête. Une larme venait de couler le long de sa joue.
- Ensemble, on arrêtera tout ça, d'accord ?
Il hocha lentement la tête en me prenant dans les bras. On pourrait croire à un geste amoureux, maïs c'était tout autre. Il y avait la douceur, la passion, le réconfort, mais surtout l'amitié. Cette dénomination, ami, prenait tout son sens dans cette situation. Je savais que quoi qu'il allait arriver, on allait braver tout les dangers ensemble, même si Thomas nous dévisageait comme des bêtes de foire.
- On devrait peut-être aller chez votre pote pour voir où il est. Commenta celui-ci d'un air gêné.
Enzo se décolla subitement de moi en rougissant. Je foudroyais le fauteur de trouble du regard, ce qui l'indifférait totalement. Enzo fit les cent pas, ramassant une veste, un briquet pour l'essence et un couteau suisse.
- Prends pas le briquet tout de suite, on va pas se trimballer tout ça.
- On prend la voiture de mes parents.
- Mais, t'es sûr que c'est une bonne idée ?
- Qu'est ce que tu veux qu'ils disent ?
Un blanc s'installa, il me regarda quelques secondes, puis disparut chercher les clés à la cuisine. Quelques secondes après, nous fîmes tout les quatre installés dans la mercedes de ses parents. Une profonde nostalgie m'envahit, la dernière fois que j'étais dans cette voiture, c'était avec les parents de mon ami qui nous conduisaient à une fête en nous répétant sans cesse de ne pas trop boire. Bien sûr, à peine arrivés sur les lieux, nos cerveaux avaient déjà oublié les avertissements.
Enzo n'avait pas le permis, mais sa conduite irréprochable indiquait le contraire. Ayant grandi avec un père garagiste, il ne pouvait que bien rouler. Plus loin, le lotissement où habitait Marc apparut. La proximité d'habitat entre notre bande d'amis était un vrai point commun. On pouvait s'envoyer un message à 22 heures pour se voir à 22 heures 15.
Puis, la demeure rouge de la famille Martin se dessina devant nous. Une fois garés, je captais l'attention des deux garçons.
- Et si il est là, on fait quoi ?
- On le capture et on l'embarque.
- J'ai bien peur que ça ne sera pas aussi simple.
- On verra.
Je n'étais pas vraiment confiante, mais nous n'avions pas le choix. En revanche, l'absence de réponses lors des nombreux coups de sonnettes m'inquiétait.
- Ils ne sont pas là. Commenta Thomas.
- Où tu veux qu'ils soient à 18 heures ?
- On reviendra demain.
- Non, on entre. Rétorquais-je.
- Pardon ? T'as envi d'un petit séjour en taule ?
Sans réfléchir, j'enroulais ma veste autour de mon poing, puis frappais la vitre de toutes mes forces. Le verre se fracassa immédiatement, les débris chutèrent sur le sol. Enzo écarquilla les yeux, ce qui me fit rire.
- J'ai plus de ressources que tu ne le penses !
Puis, avant qu'il ne réponde, j'ouvris la fenêtre en passant mon bras à travers. Nous enjambions rapidement l'arcade en bois, afin d'éviter d'attiser la curiosité des voisins. J'imaginais déjà une grand-mère scotchée aux rideaux appeler la police.
Il n'y avait aucune trace de Marc, ni de sa famille. La maison était anormalement rangée. Même les jouets du petit Fabien, son frère de huit ans ne jonchaient pas le sol. Je tentais d'appeler Marc à travers la maison, mais personne ne répondait. La cuisine vide, le salon pareil, la salle de bain aussi..
- Peut-être qu'à l'étage..
- Il n'y est pas.
- Je vais voir.
Les garçons soupirèrent en me voyant monter. J'ouvris instinctivement sa chambre, d'un bleu cobalt ravissant, mais à nouveau, elle était vide. Je tentais celle des parents sans grand espoir, mais fus surprise de découvrir deux formes sous la couette.
- Monsieur Martin ? Demandais-je.
Pas de réponse. Je m'avançais lentement vers lui, puis tirais violemment la couverture. Les larmes me montaient aux yeux, je ne pus m'empêcher de hurler. Thomas et Enzo déboulèrent immédiatement dans la pièce.
Face à nous, la famille Martin gisait dans leur propre sang. Une gigantesque entaille barrait les cordes vocales de son père, alors que sa mère fut tout simplement poignardée à six reprises. Marc avait assassiné sa famille, je me laissais tomber à genoux contre le rebord du lit, quand un claquement de porte retentit dans le couloir. Il était là, à quelques mètres de nous, avec le meurtre de ses parents sur la conscience.
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Hantée.
Horor- On ne devrait pas rentrer dans ce manoir. - Pourquoi ? Tu as peur de quoi ? - Je n'ai pas peur ! On ne devrait pas être là, c'est tout. Ils pouffèrent de rire face à ma remarque. - C'est Halloween ! Il faut faire un truc flippant, sinon ce n'e...