21. Dernière ligne droite.

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Face à nous, une vingtaine de cadavres gisaient dans une mare de sang asséchée par les années. Des mouches et des larves dévoraient le reste de chairs flétrie tandis que l'odeur immonde de décomposition envahissait nos sinus. Ce spectacle répugnant me donnait la nausée, mes entrailles menaçaient de rendre tout ce que j'avais ingurgité la veille. Certains avaient une balle fichée dans la tête, d'autre une cicatrice énorme qui leur traversait la gorge, un vrai massacre. Comment quelqu'un peut-il faire une chose pareille ? Au dessus d'un lycée en plus ! Il y avait des femmes, des enfants, quelques hommes. Des familles entière ont péri dans cette pièce.

Lentement, Théo me tira à l'extérieur en refermant la porte sans faire de bruit. Ses yeux rouges indiquaient également une profonde peine, Thomas ne cachait pas ses larmes.

- C'est impossible qu'on soit dans un lycée. Commentais-je.

Ils ne répondirent pas.

- T'es sûr qu'on doit continuer ? Lança Théo.

- Rien ne peut être pire que ça. Je dois aider Stella à trouver le repos.

Mon ami me lança un regard, je n'y croyais pas non plus. Que pouvons nous faire dans cette situation ? Thomas fut le prochain à ouvrir la porte sans vraiment regarder à l'intérieur. Il y avait une table d'opération en plein milieu de la pièce. Un drap déposé sur une silhouette, encore un cadavre de plus. Je ne préférais pas voir en dessous, trop captivée par le bureau sur la droite. Un album photo en vieux cuir brun reposait sur le métal froid de la table. Je l'ouvrais avec appréhension.

Il n'y avait que des clichés de cadavres à l'intérieur. Ceux d'à côté que les monstre ont photographiés après les avoir exécutés. Plus je tournais les pages et plus les photos semblaient récentes. On retrouvait des jeunes adolescents égorgés ou encore déchiquetés au niveau de l'épaule. La dernière page me fit sursauter, Thomas m'arracha violemment le carnet des mains. Stella était dessus, étendu sur le sol dans une marre de sang. Son épaule fut complètement arrachés, comme si une bestiole l'avait mangé. Il sanglota en voyant ce carnage, je préférais lui reprendre le carnet.

- On la sauvera. Promis-je pour le rassurer.

- Tu n'y crois pas un mot. Rétorqua ce dernier en repoussant ma main. Je ne sais pas ce qui lui a fait ça, mais je compte bien lui faire sa fête.

Je ne répondis pas à cette phrase débile. Sans nous, il ne serait même pas monté alors vaincre un esprit ? Il parlait plus qu'il n'agissait. Je reposais en douceur le carnet sur la table pour quitter la pièce. Les garçons avaient déjà quitté cette salle, mais la porte claqua avant que je n'en sorte. Mon cœur battait la chamade, j'entendais Théo crier de l'autre côté.

- Tu vas bien ?!

- Ouvres la porte !

Les deux garçons tentèrent de l'enfoncer, en vain. Un courant d'air me parcourut le dos, je fis volte face. Une dizaine de silhouettes transcendantes flottaient devant moi. Ils n'avaient pas atteint la majorité, ils avaient soit une balle dans la tête, soit une trace de strangulation autour du cou. Les vêtements déchirés, surtout chez les jeunes filles.. Je n'osais même pas imaginer ce qu'ils ont enduré.

- Qui-est-ce qui vous a fait ça ? Demandais-je non sans crainte.

«Des gens comme toi.»

Toutes les voix résonnaient en symphonie dans ma tête.

- Je n'ai rien à voir avec ce massacre.

«On sait tous que tu mens.»

Je reculais d'un pas en voyant l'expression horrifique des gamins. Les pupilles blanches devinrent noirâtre, de longues veines remontaient le long des joues.

Hantée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant