25. Enzo face à la dure réalité.

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Assise dehors dans le froid, j'attendais avec impatience l'arrivée de Thomas. La tête d'Enzo toujours inconscient reposait sur mes cuisses, je ne cessais de pleurer au dessus de lui. Mes muscles étaient en feu, tirer un gabarit comme lui sur plus de cent mètres avait été un véritable calvaire. Maintenant que le mystère du troisième étage était levé, est-ce que Thomas allait pouvoir nous aider ? Je préférais oublier tout ce que j'avais vu là haut, c'était bien plus horrible que ceux à quoi je m'attendais.

Puis, un craquement de branche me fit sursauter, Thomas fit son apparition derrière un cerisier. Son expression morbide me fit tressaillir, mais il s'empressa de sourire en me voyant.

- Tout est réglé ? Lançais-je immédiatement.

- Oui. Ils vont monter et tout découvrir. Ils m'ont enregistré afin d'avoir mon témoignage, Théo va être ramené dans son village.

Je baissais les yeux, une larme s'échappait sur ma joue. La main douce de Thomas la sécha immédiatement.

- Ne pleurs pas, on va réussir à sauver tes amis. Il n'est pas mort en vain.

- Je n'aurais pas dû l'amener ici.

- Avec des si, on referait le monde. Tu as fais ton possible pour sauver celui que tu aimes. Tu sais, il n'aurait pas voulu te voir triste, il connaissait les risques. Tu m'as aidé à libérer Stella, à mon tour de te rendre la pareille.

- Merci..

- J'ai regardé en marchant, le bus pour ton village arrive à huit heure pile demain matin. On passe la nuit dans le parc, puis on va au manoir.

J'hochais la tête en m'allongeant sur le dos. Finalement, la fraîcheur n'était pas si désagréable. Thomas m'imita en se couchant à quelques centimètres de moi. Main derrière la tête, il regardait les étoiles.

- Racontes moi un peu ce qui ce passe dans le manoir.

- Des suicides, des morts, des assassinats, et ils sont tous restés pour hanter les lieux. Sauf que comme des cons, on y est aller le soir d'Halloween, et tout est parti en vrille. Enzo a été possédé par un esprit, Marc probablement aussi, et Lisa j'en parle même pas. Ses membres se sont déformés à 90 degrés, un vrai démon.

- Chaud. Tout ça va être compliqué, j'espère que tu le sais.

- Heureusement que t'es là pour nous aider.

- Je te préviens, je ne compte pas finir comme eux.

Nous pouffions simultanément de rire.

- Il faut être cinq, alors, pour libérer un corps.

- Pas vraiment. J'ai menti. C'était pour que vous veniez m'aider. Il faut de l'eau bénite, un crucifix et une incantation en latin. Par contre, je ne parle vraiment pas cette langue, et je ne la connais pas par cœur. T'as pas un curé, prêt de chez toi ?

- Si, et il m'a dit de le ramener à l'église, autant te dire qu'on s'est prit une bonne claque quand le plan a foiré.

- J'imagine bien. On ira en chercher un quand on arrive, il viendra avec nous au manoir. A moins que Marc et Lisa ne soient ailleurs.

- J'en sais rien. On avisera.

- Ouais. On va en chier.

J'éclatais de rire.

- T'imagines pas encore à quel point.

Thomas me faisait du bien. Parler avec lui, rire de la situation alors qu'on risquait notre vie à chaque instant. L'espoir semblait renaître, je restais confiante.

Puis, un mouvement de tête sur ma cuisse gauche me fit baisser les yeux. Enzo ouvrit lentement les yeux en se les frottant du bout des doigts. Il plaça instinctivement sa main sur son crâne en faisant une grimace de douleur.

- Enzo !! M'écriais-je en souriant à pleine dents.

Thomas se redressa immédiatement pour assister silencieusement à la scène.

- Parles moins fort. Implora mon ami. J'ai la tête en feu.

Une larme dévalait le long de ma joue, ses yeux marrons m'avaient manqué.

- Pourquoi tu pleurs ? Lança-il sans comprendre.

- Si tu savais.

- Qu'est ce qu'on fait là ? Et pourquoi je dors sur toi ?

Il voulut se relever, mais je le retins.

- Doucement, t'es encore faible.

- Qu'est ce qui c'est passé ?!

- Beaucoup de choses.

- Tu me gonfles !

Il se dégagea dans mon emprise, puis se releva. Son regard se posa ensuite sur Thomas.

- C'est qui, lui ?

- Notre sauveur.

- Pardon ?

Il dû se retenir à l'arbre pour ne pas tomber. Je ne savais pas si je devais déjà lui dire ou bien attendre.

- Réponds moi ! Hurla-il à mon attention. Qu'est ce qui c'est passé ? Pourquoi est-ce que je ne me souviens de rien ?!

Je soupirais avant de me lever. Il a tué un chien, ses parents, son meilleur ami, au mieux il ne me croirait pas, au pire il pétait un câble.

- Tu te souviens de quoi en dernier ?

- Halloween au manoir, on buvait, puis.. Plus rien.

- Tu sais que cet endroit est hanté. Commençais-je en hésitant.

- C'est des foutaises. Le paranormal n'existe pas ! Bordel tu ne veux pas en venir droit au but ?!

Il me bouscula en passant devant, ce qui m'énerva grandement.

- Tu veux vraiment savoir ?! Avec ta connerie de fête au manoir, tu t'es fait posséder par un esprit. T'as tué le chien de ton voisin, puis tes parents. Théo est mort ce soir en voulant t'aider. Lisa et Marc sont également possédés ! A cause de toi, tout le monde va mourir, sans compter les gens en danger autour !

Son expression foudroyante se détendit, il explosa de rire alors que mes poings se resserraient.

- Arrêtes tes conneries.

- Mes conneries ? Viens voir alors.

Je sortis mon téléphone où j'avais téléchargé la vidéo du meurtre de ses parents. Il saisit mon Samsung en appuyant sur "play." Les images défilaient, son visage apparut clairement, tout comme l'arme qu'il tenait. Les coups sanglants infligés à ceux qui l'avaient mis au monde, il avait enfin la preuve, même si j'aurais peut-être dû lui dire autrement. De toutes façons, je n'ai jamais eu de tact, au moins, là, il sera obligé de me croire.

Une larme longea la joue de mon ami, qui se laisse chuter au sol.

- J'ai vraiment fait ça ?

- Oui. Mais ce n'était pas vraiment toi, tu le sais.

- Peu importe ! J'ai tué ma famille ! Et Théo, il lui est arrivé quoi ?!

- Je ne pense pas que tu veuilles le savoir. Répondis-je.

- Ne me dis pas que..

- Tu l'as transpercé avec une épée.

Je me tournais vers Thomas en le foudroyant du regard. Manifestement, il n'avait aucune retenue non plus.

- Je n'arrive pas à y croire.

Il fondit en larmes, ses genoux en contact du sol me firent de la peine.

- On a fait tellement de chose pour te sauver, mais on en a perdu encore plus. J'ai besoin de toi pour aider Marc et Lisa, ils sont aussi sous emprise.

Je lui tendis la main, il la regarda avec une expression vide avant de se ressaisir.

- Je dois me racheter, il faut que je rentre chez moi.

Il me saisit brusquement la main pour se relever.

- Je vais cramer ce putain de manoir.

Hantée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant