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Pour moi, c'était un géant de deux mètres, masse géante de graisse et de muscles en puissance, prête à en découdre. Cette bête féroce semblait en avoir après moi, alors que je n'avais rien fait. Dans une autre vie, il s'agissait peut être d'un mec banal, mais dans ce contexte... Rien n'était certain.

Voilà justement l'une des choses auxquelles je pensais. Il voulait se venger de moi sur un prétexte qu'il croyait justifier. Le tout était maintenant de savoir comment je le paierais. Un coup de colère ? Blessée ? Morte, puis manger par des cannibales affamés ? Dans tous les cas, rien de très glorieux.

Son poing se serra alors qu'il ne se trouvait qu'à un mètre de ma position. Je ne mis pas une seconde de plus pour réfléchir, et prendre la poudre d'escampette. Si je restais là, s'en était fini de moi.

La fuite était probablement mon unique moyen de survie. Mais dans une arche close, je n'avais aucune chance de lui échapper définitivement. Je pouvais retarder l'heure de ma mort, ou espérer qu'il se calme. Pourquoi tenter l'impossible me direz-vous ? Comme toute personne sensée, je tenais à ma vie.

Plus fine et plus petite, j'eus moins de difficulté que mon poursuivant pour me faufiler à travers la foule. Je zigzaguais tant bien que mal parmi ceux qui entendirent mes appels désespérés. Mais personne ne semblait s'interposer entre mon prédateur et moi. Tout le monde en avait peur, c'était évident. Et personne ne se soucierait d'une inconnue aux longs cheveux bruns, complètement affolée, qui criait à l'aide.

Si une seule personne mourait au lieu de dix, ça les arrangerait.

—Tu crois pouvoir te barrer ? grogna-t-il rouge comme une pivoine.

De colère, il poussa un homme, qui finit par s'écraser sur le sol.

—Viens là, petite garce ! continua-t-il en rattrapant son retard.

De peur de finir en bouillie, j'accélérai le mouvement, et tentai tant bien que mal de contrôler ma peur. Je risquais de commettre une erreur irréparable, si je ne faisais pas attention.

Une erreur qui me coûterait la vie. Plus aucune règle ne contrôlait ce monde. Il n'hésiterait pas à passer à l'acte, ne serait-ce que pour gagner une place.

Ce fut d'ailleurs à cause de ce manque d'attention, que je percutai un jeune homme resté en travers de ma route. Je ne l'avais pas vu. Et le choc eut de quoi me surprendre. Le contact entre nos deux corps fut si violent que je repartis dans l'autre sens, et tombai ainsi dans les bras de mon futur bourreau, plus satisfait que jamais.

L'autre ne broncha pas, et me regarda faire, les yeux écarquillés. Le géant avait le sourire aux lèvres, et l'air d'un fou, il se languissait déjà de mon futur sort. Oui, il ne pouvait que s'en extasier, puisqu'il ne risquait absolument rien. Il était le seul juge, et s'en était exaspérant.

D'ailleurs par peur de subir les ires de mon bourreau, tout le monde s'écarta, et nous laissa au milieu d'un ring improvisé, mais minuscule. Une sorte de zone à risque dans laquelle personne ne voulait se risquer.

Désormais face à lui, empoigné par le col, j'attendis lâchement qu'il me règle mon compte. L'instant d'après, un poing ferme et potelé fonçait droit vers mon visage, afin de m'asséner le coup fatal. Un moment qui malgré sa grande vitesse se déroula au ralenti sous mes yeux.

Le Dernier RemèdeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant