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—Essaie d'oublier, même si ce n'est pas facile, me dit-il encore.

Jason ne cessa pas de me chanter la même chanson pour que j'aille mieux. Mais ça ne fonctionnait pas. Comment pouvait-on oublier ? Nous crevions de faim et de soif. Si j'avais été en mesure de le faire taire, je ne me serais pas gênée. Cependant, il serait mal venu de frapper quelqu'un qui venait de vous sauver la vie.

—Alanah !

—Tais-toi s'il te plait ! lui intimais-je calmement malgré mon angoisse naissante. Oui, j'avais peur de faire la même chose, goûter à la chair humaine. Michael fit ensuite son apparition, comme un cheveu sur la soupe et toujours sans dire un mot. Un jour, il faudrait m'expliquer son problème parce que c'était trop pour moi.

—Tu veux quoi ? lui demandai-je tout en sachant que ça ne servirait à rien.

Il resta fidèle à son habitude. Il venait et repartait. Un regard vers Jason suffit à obtenir plus d'informations.

—Il a fait vœu de silence, il y a quelques années. Enfin, je crois.

—Un vœu ? Comment quelqu'un peut décider d'arrêter de parler pour toujours?

Je ne comprenais pas son allusion. Et je ne pouvais pas du tout ce qui pouvait pousser un homme à en venir à une telle extrémité.

—C'est compliqué, continua Jason. Il s'est arrêté de parler, du jour au lendemain.

—Et à cause de quoi ?

Ma curiosité piquée au vif, j'attendis une réponse. Il n'avait certes aucune obligation de me répondre, mais l'espoir faisait vivre. En tout cas, ça me faisait penser à autre chose.

—Une fille.

Certains avaient un cœur plus fragile que d'autres. Ça le rendait plus humain. Et aussi étrange que cela puisse paraître, Jason avait l'air très concerné lui aussi. L'interroger serait-il judicieux ?

—Quand tu dis une fille.... Elle était de la famille, ou c'était une de vos proches ?

—Je n'ai pas envie d'en parler.

Il se braqua immédiatement et adopta la même attitude que son frangin. Il ne parlait plus et se contenta d'observer les alentours. Ce que je fis après, en m'imaginant manger un bon steak. C'était loin d'être une bonne idée d'ailleurs.

—Je suis désolée, dis-je tout de même. Mais il devrait passer à autre chose.

—C'est ce que je lui ai dit il y a quinze ans.

Quinze ans de silence et d'enfermement. Comment était-ce possible ? J'aurais pété les plombs depuis longtemps. Il devait avoir un sacré mental.

Le Dernier RemèdeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant