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Il s'agissait là d'une question à laquelle je ne pouvais répondre. Combien de temps nous restait-il ? J'aimerais le savoir. Et à chaque coup d'œil en direction de Michael, je ne cessais de me dire que tout s'arrêterait la seconde d'après... Que je perdais du temps à me battre pour quelque chose qui serait inutile.

Je me perdis donc dans ma réflexion et dans le dilemme qui me tenait lieu de problème alors qu'il n'en était rien. Nous avions bien d'autres choses en tête que de nous amuser. Je n'y arriverais pas. Je ne parviendrais aucunement à prendre du plaisir dans le seul endroit où l'apocalypse était le maitre mot.

—Viens voir ! m'interpella la voix étrangement rauque de Jason.

Surprise, je me levai d'un bond et le suivis sans discuter. Je souhaitais simplement savoir ce qui le tracassait ou ce qui venait d'attirer son attention.

A la fois perplexe et perdue, je me demandai au bout de quelques temps, ce qu'il pouvait bien y avoir de plus grave pour qu'il vienne me chercher ainsi. Surtout lorsqu'on avait traversé un train complet, dans la semi obscurité, au milieu des regards étonnés.

—Tu comptes me dire ce qui se passe ? osai-je après un moment de silence.

—Tu vas voir, éluda-t-il.

Nous parvînmes dans la grande salle, où Shruger aimait nous regrouper. Alors que je m'immobilisai au milieu du wagon, j'observai Jason, aller jusqu'à la porte, et s'agenouiller devant celui-ci. A quelques centimètres sur sa droite se trouvait l'objet de son attention.

—Si on l'ouvre, on aura accès aux câbles qui commande la porte ! dit-il enfin tout en m'incitant à m'approcher.

Ce que je fis le plus lentement possible, peu certaine de sa théorie. La plaque qu'il souhaitait ouvrir était vissée. Le combat était perdu d'avance.

—Qui te dit que ce n'est pas autre chose ? attaquai-je sceptique.

—Que veux-tu que ce soit ? éluda Jason.

—Tu l'as ouverte ?

Il nia en bloc. Pour lui, cela paraissait évident.

—Quand bien même on arriverait à l'ouvrir, on ne saurait pas quelle manipulation faire. Et il y avait de fortes chances pour que des hommes armés nous attendent derrière.

—Toujours rabat-joie. Tu pourrais au moins faire comme si c'était une bonne idée ! s'énerva celui-ci.

—C'est une bonne idée, mais rapidement avortée par les problèmes qu'elle génère.

—Dès fois, je me dis que tu ne fais qu'attendre la mort, sans te battre.

Il se leva et me fit face, comme un homme prêt à combattre.

—On est tous morts depuis cinq ans, rétorquai-je frustrée par son ton énervant.

Il baissa la tête et regarda ses pieds quelques instants avant de m'affronter de nouveau. Je me sentais mal désormais et je compris mon erreur. Je me battais contre quelqu'un qui n'avait fait que cela de sa vie.

Nous étions amis autrefois. La volonté de me faire pardonner à ses yeux m'avait fait oublier le reste.

Nous devions nous entraider. Pas nous battre pour défendre nos idées.

—Pardonne-moi ! marmonnai-je subitement dans l'espoir de changer la donne.

Je n'espérais rien en retour. Je fus tout de même surprise de le voir s'excuser à son tour. Ces simples mots me donnèrent du baume au cœur. Je lui aurais bien sauté dans les bras, mais cela serait sans doute malvenu.

—C'est une bonne idée, mais il faudrait réussir à l'ouvrir sans éveiller le moindre soupçon, repris-je donc, la motivation revenue. Il nous faudrait quelqu'un qui s'y connaisse. Et on ne sait même pas si ça ouvre la porte. Ça faisait beaucoup d'incertitudes. Imagine qu'en coupant le mauvais fil, on bloque la porte définitivement. Nous serions totalement perdus et nos jours seraient comptés.

—Je sais. C'est très risqué.

—Faudrait trouver autre chose, autrement on sera obligés d'en venir là.

—Je préfère t'entendre dire ça, tu n'imagines pas combien, se réjouit Jason avec un immense sourire.

Il était si content que j'eus bien du mal à contenir sa joie. Moi-même, j'eus du mal à m'empêcher sourire.

—On y arrivera bien.

Le Dernier RemèdeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant