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Je sombrais doucement, petit à petit dans un abime sans fond. Comme à mon habitude depuis plus d'une semaine, je perdais pied et me demandais quand cela se finirait-il ?

D'abord le bébé et maintenant Jason.

Par chance, le bébé allait bien malgré la frayeur qu'il m'avait fait il y a peu. Mais les bonnes nouvelles avaient toujours des revers. Sur les conseils de Riley, il était maintenant hors de question que je sorte de mon lit et ce pour les quatre prochains mois de ma grossesse. D'ailleurs, le collègue du blondinet avait décrété qu'il s'agissait d'une grossesse à risque et que j'aurais dû être mieux surveillée.

Peut-être que la tristesse, la colère et la dépression des premiers mois avaient engendré tout cela ? Même Riley ne sut pas répondre.

Entre temps, il y eut cependant un autre souci, celui qui m'angoissait et n'arrangeait pas mon état. Celui pour lequel je broyai du noir en ce moment, et pleurai pour la énième fois. Heureusement que les calmants donnés par mon ami comblaient vite ce problème. Autrement, je serais sûrement morte de chagrin, comme j'avais failli l'être pour Michael.

—Je suis désolé, Alanah, compatit Riley tout aussi déprimé que moi.

—Tu as fait ce que tu pouvais, me résignai-je à dire. Il avait peu de chances de survivre de toute manière.

Autant de tristes événements qui nous avait fait oublier jusqu'à notre jugement. Le verdict aurait d'ailleurs dû être donné la veille mais Carlton avait demandé un ajournement temporaire. De quoi nous offrir un semblant de répit.

—J'aurais voulu que ça se passe autrement, continua-t-il tristement.

Il n'était pas le seul. Depuis le début de cette aventure, le sort s'acharnait contre moi. Il fallait bien qu'il revienne à la charge. Plus j'y pensais, plus je me disais que j'avais une énorme chance d'être là. Grâce à mes parents, qui avaient fait en sorte que je sois dans ce train. Grâce à Michael et Jason qui avaient empêché ma mort. Puis grâce à Riley... Je leur devais beaucoup.

La terre, en pleine période glaciaire, nous démontrait que rien ne pouvait survivre en dehors de ces murs. Pourtant, d'ici peu, j'allais tout de même donner la vie. Un miracle auquel je me raccrochais pour ne plus penser au reste.

Ma mère m'avait dit autrefois, qu'elle n'avait jamais été aussi heureuse que le jour où elle me mit au monde. Je la croyais bêtement...Puisque j'allais en faire l'expérience.

—Alanah ?

—Quoi ?

—Tu vas bien ? Tu es très silencieuse !

—Je réfléchissais. Ne t'inquiète pas pour moi !

—Tu viens de perdre un ami qui t'étais cher, me fit-il remarquer.

Voilà pourquoi mon mutisme le choquait !

—Je sais, dis-je simplement. Dieu bénisse les calmants !

Il se retint de rigoler. Ne l'ayant aperçue que quelques minutes ce coup-là, mon esprit eut grand mal à assimiler la mort de Jason. C'était comme si je ne l'avais jamais vraiment revu depuis le déraillement.

—Mais ça va aller, le rassurai-je. Pour le bien du bébé et le mien. Je ne pense pas que Carlton soit assez vache pour donner son verdict maintenant.

—Il pourrait.

Le Dernier RemèdeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant