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Je comptais nerveusement les secondes où diverses images de ma vie revinrent devant mes yeux. Je pus également contempler le poing de mon bourreau qui ne cessait de s'approcher.

Je n'eus qu'une hâte, que tout cela se termine enfin. Mais le temps semblait s'amuser de mon sort. Comme un jeu dont la récompense était ma mort, nous attendions et agissions en conséquence. En fait, j'étais incapable de faire quoi que ce soit tant la peur me paralysait.

Au moment fatidique, mes yeux se fermèrent dans l'espoir d'encaisser le choc sans soucis. J'attendis alors, mais jamais rien ne vint.

Ce fut le cri d'un homme qui m'obligea à ouvrir mes prunelles, et l'acte bienveillant de deux autres qui me permit de les garder ouvert. L'un d'eux m'avait percuté. Désormais, il me défendait. Mon bourreau voyait maintenant ses chances diminuer, et rapidement, il tomba au sol assommé par les coups de ces deux nouveaux combattants.

Malheureusement, dans la bousculade, l'effusion de joie, et le mouvement brusque de mes sauveurs, je tombai à la renverse, et percutai quelque chose de dur et froid. Le choc, très violent, m'assomma sur le coup, et me fit sombrer dans le néant total, sans que je ne puisse corriger le tir.

Là-bas, le silence était d'or. Un calme qui m'apaisa et me reposa. Je ne souhaitais pas en repartir. Non c'était beaucoup trop bien pour que je le laisse tomber. Peut-être était-ce le paradis, ou quelque chose d'approchant ?

Ce fut là mes dernières pensées, avant de sombrer dans de doux rêves. Des rêves qui m'emmenèrent très loin et me bercèrent dans leurs mouvements perpétuels et régulier. J'ignorais la durée de ce voyage, mais je ne pus en déduire qu'une chose. La fin arriverait très vite.

—Hey ! m'appela une voix.

Je ne vis personne et ignorais d'où elle venait. J'eus beau chercher, elle m'échappait toujours.

—Tu comptes devenir la belle au bois dormant ou pas ? recommença la voix. Une vraie marmotte.

C'était celle d'un homme mais pas celle de mon agresseur. Non, elle était plus douce, plus avenante. Au fond de moi, je savais que je pouvais lui faire confiance. Était-ce normal ? JE devrais sans doute l'écouter et la suivre, or je n'y arrivais pas. Je voulais rester là. Pourquoi suivrais-je une inconnue ? Jusqu'à présent, je n'avais discerné que des menaces autour de moi.

Pourtant, mes yeux décidèrent soudain de s'ouvrir sur le visage d'un jeune homme à l'étrange sourire. A le voir ainsi je le trouvais plutôt bizarre, mais sympathique. Ses cheveux sombres contrastaient avec le teint pâle de sa peau. Ses yeux noirs, eux, me scrutaient de l'intérieur, comme s'ils attendaient quelque chose...

A force de le regarder, j'eus l'étrange sensation de déjà le connaître. Ce qui était totalement absurde. Je n'oubliais pas si facilement un visage, surtout depuis mon accident.

—Enfin réveillée ! s'exclama-t-il joyeusement. Ce n'est pas trop tôt.

Je ne parlai pas et me contentais d'observer les lieux. J'étais désormais allongée sur l'une de ces couchettes, seule, alors que d'autres restaient debout. Certains d'entre eux me regardaient toujours comme si j'étais une bête de foire.

—Si mon frère ne t'était pas rentré dedans, tu aurais pu lui échapper, continua-t-il d'une façon si familière. C'est raté !

Celui qui m'avait fait plus mal que jamais, était donc son frère ? Il avait de la chance d'avoir quelqu'un de proche, ce n'était pas le cas de tout le monde.

—Je le remercierai quand je le verrai, dis-je alors timidement.

Il ne comprit pas mon ironie, mais là n'était pas le but. Après quelques minutes, je ne pus m'empêcher de gigoter et de me redresser. La faim se réveilla en même temps, plus forte que jamais et me rappela dans quelle masse d'ennuis j'étais tombée.

Quand aurions-nous à manger et à boire ?

Et mon sauveur numéro un était dans le même cas que moi car son estomac protestait haut et fort. Nous ne tiendrions pas longtemps si ça commençait comme ça.

—Essaie de le cacher ! me conseilla-t-il avant de me laisser en plan et disparaitre.

Maintenant seule, assise sur cette couchette, je redoutais en silence, le moment où l'on viendrait me la prendre de force. Enfin, la couchette de ... Je ne savais même pas son prénom. J'aurais dû lui demander. Bref, la place que j'occupais, attira très vite les convoitises. Combien de temps avais-je été inconsciente ? Une question totalement inutile, compte tenu du contexte. Je n'étais pas morte sous les coups d'un cinglé, c'était le principal.

Le Dernier RemèdeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant