.27.

16 3 0
                                    

L'alarme sonna deux jours après contre toute attente. Mort de faim, et de soif, les forces nous avaient peu à peu quittées, pour laisser la place à la fatigue et aux envies de meurtres.

Personne n'avait encore été tué. Mais cela ne saurait tarder. Jason, Michael et moi-même attendions ce moment depuis de longues heures. Aucun d'entre nous n'avait abordé le sujet de l'attaque depuis lors, et je ne savais toujours pas comment m'y prendre pour approcher suffisamment les gardes.

Peut-être trouverais-je une idée au moment voulu ?

Peut-être allais-je nous condamner à mort ?

Seul l'avenir nous le dirait. Alors que j'avançais parmi les autres passagers, l'angoisse monta en moi, et me fit perdre mes moyens. Je transpirais à grosse goutte, et démontrai involontairement à quel point la peur m'habitait.

Je ne souhaitais qu'une chose, que cela se termine tout de suite. Or mon calvaire n'était pas près de prendre fin. Alignés en rang devant les gardes, je restai paralysée, incapable d'agir, malgré la volonté d'en finir une bonne fois pour toute. Pourquoi ? Tout simplement parce que je ne voulais pas mourir. Comme tous les autres. Mais si je ne faisais rien, alors nous étions condamnés à coup sûr. Il fallait trouver le courage d'en finir.

—Toujours pas de volontaires pour nous dire la vérité ? Ou peut-être que le ou les coupables ont décidés d'avouer ? espérait-il.

Personne ne parla. Ce fut à moi de jouer. Pourtant, la parole ne manqua pas. Les yeux fixés dans ceux du garde, je ne pus m'empêcher de me dire que j'étais une idiote. Et lui parut deviner quelles étaient mes intentions. Pendant que Shruger repartit, le garde suspicieux, s'avança vers moi, l'arme rangée dans son étui. D'un rapide coup d'œil, je m'aperçus que celui-ci n'était pas fermé. Un défaut de sécurité qui lui coûterait cher.

—Toi ! m'interpella-t-il. Tu n'as pas quelque chose à dire ?

Je niais en bloc, malgré la menace de son regard. D'une tête de plus que moi, je ne ferais pas le poids. Et pour attraper son arme, il devait encore s'avancer. Et il faudrait que j'y arrive du premier coup.

—Pourtant, tu m'as l'air de cacher quelque chose ! devina celui-ci.

Les murmures s'élevèrent, et les ragots circulaient rapidement. Satisfait de l'ambiance créée, le garde approcha doucement son visage du mien. Nos nez se touchaient presque. Le plus bizarre dans cette histoire, c'était qu'il visait juste sans même s'en rendre compte.

—Non monsieur ! fis-je timidement d'une manière assez désinvolte.

Je n'avais plus que quelques secondes pour agir. Mais mon corps refusa d'obéir, y comprit ma main. Il ne resterait pas devant moi indéfiniment.

—Bizarre, tu es rouge comme une tomate, et tu trembles. Tu transpires. Tous les signes d'une culpabilité certaine.

Ce qui n'était pas faux. J'avais énormément de mal à me contrôler. Il fallait retenir son attention tout en le détournant de sa préoccupation principale, à savoir moi.

—Peut-être que... commençai-je doucement.

Le garde s'immobilisa, un sourire en coin. Il pensait avoir gagné le grot lot pour pouvoir s'attirer les faveurs de Shruger. Il voulait rentrer dans ses bonnes faveurs. Malheureusement pour lui, je voulais que ça se termine.

La motivation revenue, j'attrapai vivement la crosse de l'arme que l'on me tendait gaiement et la saisit à pleine main. Dans la seconde, je braquai l'arme sur les deux hommes qui levèrent aussitôt les mains en l'air. J'avais de toutes évidences une chance énorme, car son acolyte n'avait pas de flingues chargés. Notre seul inconvénient fut que la porte se referma au même moment, nous condamnant à rester sur place.

Le Dernier RemèdeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant