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Je me réveillai en sursaut, sur une nouvelle image de Michael. Comme à mon habitude, j'étais seule, en sueur et tremblante. Riley n'était plus là, et les larmes me montèrent doucement au nez. Il n'y avait pas que cela. Les effets de l'alcool revenaient tout à coup à la charge et me donnèrent des nausées atroces.

Riley me sauva à son arrivée, lorsqu'il me tendit une poubelle apparemment en plastique. Il arrivait toujours au bon moment.

—Si tu n'avais pas bu, commença-t-il à me sermonner doucement.

Il s'installa à mes côtés, et releva mes cheveux. Avec un sourire, il tâcha de me consoler et de me faire comprendre qu'il n'avait rien contre moi.

—Il faut qu'on parle de ce qui s'est passé ! me lança-t-il en guise d'ultimatum.

Il n'y avait absolument rien à dire. On avait couché ensemble, point à la ligne. J'espérais seulement qu'il n'y ait pas de petite copine cachée. Je ne voulais vraiment pas être confrontée à une furie en mal de meurtre. Franchement, nous n'avions rien fait de mal. Et en y réfléchissant, ça n'avait pas été si bizarre que ça.

En fait, si. Pendant un instant, je me disais que j'avais trompé Michael alors que c'était totalement absurde.

—Tu m'écoutes !

—Oui, grognai-je entre deux nausées. Mais je ne vois pas de quoi on peut parler !

—De toi ! Tu ne vas pas bien. C'est pour ça que tu as bu ? déduisit-il lui-même.

Pas faux. Riley n'avait pas à connaître mes états d'âmes, surtout s'il finissait par s'apitoyer sur mon sort. Je détesterais ça.

— ça ne te regarde toujours pas ! éludai-je alors que je voulais me relever.

Il m'en empêcha d'un geste, puis me força à l'affronter du regard. Son intérêt pour moi me touchait, pourtant, il ne s'agissait seulement que de pitié. C'était son job d'écouter les autres.

— Alanah ! Je ne lâcherai pas l'affaire.

—Bah tant mieux, parce que tu vas devoir attendre longtemps.

—Parle-moi ! On est là pour survivre. Donner une suite à l'humanité, s'énerva-t-il. Pourtant, tu as l'air d'attendre la mort.

—Et tu veux que je te dise quoi ? m'emportai-je violemment. Que je suis triste ? Meurtrie ? Que le seul homme que j'ai aimé me manque ? Que mon meilleur ami d'enfance me manque ? Oui. Oui, c'est vrai. J'ai l'impression qu'on m'a tout enlevé dans le but de me tuer à petit feu. Mais je n'ai sûrement pas envie que l'on me regard comme tu le fais maintenant.

Je continuai ainsi longuement, parlant de l'arche, de Shruger, de ce que nous avions subi. Je n'oubliai aucun détail, même les plus insignifiant.

—J'ai vu des hommes, et des femmes, dévorer un cadavre parce qu'ils mourraient de faim ! achevai-je bouleversée, avant de passer à tout autre chose.

Ma voix s'échappa, sous le coup de l'émotion, avant d'aborder le dernier sujet qui me tenait à cœur. Ma grossesse. Le bébé d'un homme que je ne reverrais plus.

—Comment veux-tu que je me sente bien alors qu'on me force à recommencer ma vie une troisième fois ? Comment vivre après avoir vu des horreurs pareilles ?

Riley ne répondit pas. Son regard se perdit dans le vide, ayant abandonné tout espoir de pouvoir à nouveau m'affronter.

—Je ne pense pas qu'en parler m'aidera à le surmonter !

—Tu viens en partie de le faire... Et tu m'as moi maintenant pour avancer dans la vie. On est amis, non ? se contenta-t-il de dire après plusieurs minutes.

Ce n'était pas vraiment ce que je voulais entendre et le double sens me perplexe. Qu'est-ce que je pouvais répondre ?

Incertaine et perdue, je me rassis et tentai à tout prix, de l'éviter. Malheureusement pour moi, il n'était pas du genre à abandonner. Il me l'avait signifié un peu plus tôt.

—J'aurais bien besoin d'un autre verre, marmonnai-je à deux doigts de pleurer.

—Et tu crois que je vais te le donner ? ironisa Riley.

—Pourquoi pas ?

—Tu es enceinte ! me rappella-t-il.

—Peut-être que tu t'es trompé ? rétorquai-je décidée à avoir raison.

—Ah non, je ne crois pas.

—Tu n'es pas gynécologue.

—Arrêtes ! m'ordonna-t-il. Et puis qu'est-ce que tu en sais, hein ?

D'un léger coup d'œil, celui-ci me fit rire aux éclats. Cela me fit un bien fou. Le genre de moment qui n'était pas arrivé depuis des lustres.

—Tu vois que ça fait du bien ! continua-t-il amusé.

—Je t'en prie ! Pas de sermon.

—Ok, (il me fit de nouveau face). Juste comme ça, c'était plutôt sympa... Cette nuit.

—J'étais ivre ! m'exclamai-je pour ma défense.

Remettre ça sur le tapis ne serait pas une bonne idée. Ça ne signifiait absolument rien à mes yeux. Et il fut très compliqué pour moi de le lui faire comprendre. Il le prit mieux que je ne l'espérais.

—Ce n'est pas du tout dans mes habitudes, je te rassure !

—J'espère ! Je n'ai pas envie que tu me sautes dessus tous les jours, plaisanta Riley.

Le Dernier RemèdeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant