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Entrer dans la cabine nous donna une sensation de victoire, bien que les choses ne soient pas encore gagnées. Nous n'avions plus qu'à mettre fin à notre calvaire. Jason, quant à lui, ne cessa pas de lorgner les commandes de la machine qui se trouvait à quelques mètres de lui.

La menace de devoir arrêter le train semblait bien réelle. Pourquoi cette idée ? Eliminer Shruger et prendre sa place restaient suffisant.

—Il semblerait que vous soyez entêtés. Je n'imaginais pas que vous obéiriez, mais j'aurais cru que vous comprendriez.

—Il n'y a rien à comprendre, maugréa Jason. Cette arche nous condamne à mort. Il y avait d'autres solutions. Pourquoi ce train roule ? Dites-le-nous. C'est complètement inutile.

—S'il roule, c'est que c'est nécessaire à notre survie, déclara doucement Shruger dont le regard accrocha le mien. Et d'après ce que j'ai compris, il n'y a que vous qui vouliez arrêter le train. Sachez que vous ferez une grosse erreur.

—Ah oui ? Et pourquoi êtes-vous si sûr qu'on y parvienne ? demandai-je alors que Jason allait parler.

—Vous avez réussi à venir jusqu'ici. Vous êtes déterminés.

Une réponse vague. S'il s'attendait à une telle fin, pourquoi ne pas avoir prévu des gardes pour sa sécurité ? Ainsi nous serions déjà morts, et il ne craindrait plus que Jason n'arrête la machine.

—Arrêter le train nous condamnera tous. Si on l'arrête, nous ne pourrons plus le redémarrer. C'est comme donné la vie à quelqu'un et la lui ôter. Si le train s'arrête, il meurt.

—Et pourquoi il serait impossible de le redémarrer ? m'enquerrai-je perdue.

Toute cette histoire manquait cruellement d'explications. Shruger n'étant pas du genre à se taire, nous pouvions prendre le temps de discuter.

En réalité, je ne me sentis qu'en danger qu'au moment où deux hommes apparurent dans notre dos, avec des lames tranchantes. Là, je savais que Shruger allait nous abattre.

—On veut arrêter le train ! insista Jason. Ça ne sert à rien d'essayer de nous convaincre du contraire.

—On ? s'étonna notre geôlier. Désolé, mais ils n'en n'ont pas l'air. Le jeune homme muet se retient de me sauter dessus pour m'étrangler, mais ça s'arrête là.

Jason nous demanda aussitôt des justifications. Nous ne pouvions que confirmer la théorie du quinquagénaire. Aussitôt, Jason s'en prit à nous, comme s'il s'agissait de notre faute.

—Le plan n'a jamais été d'arrêter le train, dis-je soudain en haussant le ton.

—Alors tu as la mémoire courte. C'est ce que j'ai cru comprendre. J'avais raison quand je disais que tu étais une lâche.

—C'est insensé, voyons ! fis-je pour me calmer. Pourquoi arrêter la machine qui nous tient en vie ?

—Qui nous tient en vie ? s'étrangla Jason de plus en plus en colère. Ils ne font que nous affamer et nous assoiffer depuis le début. Ils veulent nous tuer.

—Ce n'est pas pour ça qu'il faut tuer tout le monde ! criai-je Tout ça n'est la faute que d'une personne.

Je désignai Shruger, qui resta étrangement calme malgré mon accusation.

—C'est cette personne qu'il faut abattre, terminai-je sur un ton plus normal.

—Vous voyez ! Mener un combat sur la base d'un désaccord, ne mène jamais à rien de bon.

Shruger avait manqué une occasion de se taire. En ni une ni deux, Jason l'attaqua, au niveau de la gorge, tandis que les deux hommes de Shruger nous sautèrent dessus pour nous tenir en otage Michael et moi.

Les choses ne pourraient pas aller plus mal.

Le Dernier RemèdeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant