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Carlton avait autorisé une chose. Une requête que je lui avais demandé après la naissance de ma fille qui se portait comme un charme. La suite de l'accouchement avait été des plus difficile et Riley avait dû faire face à une situation extrême. De justesse, il m'avait sauvé la vie et voilà seulement deux jours que je remarchais normalement, avec dans mes bras, la petite May qui ne cessait de me sourire et de me faire des grimaces. Cette petite chose était un vrai bonheur.

Désormais, mon intérêt était tout autre. Carlton avait été d'accord avec ma théorie selon laquelle le climat devait être finement observé afin d'en déceler le moindre changement. Et aujourd'hui, le dirigeant du bunker allait m'emmener auprès de la seule porte qui me permettrait de voir le monde extérieur. La seule issue qui satisferait ma curiosité.

—Alors, elle est toujours en train de pleurer ? s'empressa de demander Riley qui entrait à l'instant dans ma chambre.

Ravie de le voir, je l'embrassai et lui passai délicatement la petite dont il se fit un plaisir de bercer. Il était adorable avec elle et se comportait comme s'il était son père. Il le serait dorénavant car je ne pourrais pas l'en priver.

Maintenant que notre relation avait progressé d'un pas, pourquoi ne pas lui en donner l'occasion ? D'ailleurs, c'était bizarre de commencer une relation par la naissance d'un bébé.

—Non, autrement, tu t'es serais chargé, lui dis-je un rien sarcastique. Maintenant, elle veut son biberon.

Je le lui tendis, remplit de mon lait, qu'il se chargea de porter à la bouche de l'enfant. Après cela, je m'éclipsai et me rendit au point de rendez-vous où Carlton devait déjà attendre. A cause de mon retard, j'étais limite en train de courir dans le grand hall et continuai jusqu'à ce que je l'aie rejoint. Plus étonnant encore, il ne m'en tint pas rigueur.

—Pas de problème, s'occuper d'un enfant prend énormément de temps.

Plus qu'il ne l'imaginait. Maintenant prête, celui-ci m'accompagna dans un endroit où je n'avais encore jamais mis les pieds. Malgré l'entente cordiale entre nous, il était rare que nous parlions. Je ne l'appréciais que très peu et lui devait sûrement me détester.

Un grand couloir interminable apparut soudain avec en son terminus, une porte blindée armée de verrous. Une telle sécurité me choquait et me surprenait. Puis je finissais par me dire que c'était sans doute nécessaire. Si quelqu'un essayait de sortir, cela entrainerait sans doute des problèmes importants pour la survie du groupe. Un doute que Carlton s'empressa d'affirmer.

—Il y a encore trois portes avant la sortie du bunker, ajouta-t-il alors qu'un gigantesque escalier s'imposait à nous.

Enroulé sur lui-même, celui-ci semblait vouloir nous amener jusqu'au ciel.

—Je ne pourrai ouvrir qu'une seule d'entres elles. Il est vrai que nous aurions dû suivre l'évolution du climat. Mais j'avoue que rester dans le bunker, sans rien voir, était préférable pour nous.

Une bonne raison. Mais il a quelque mois, j'avais eu la chance d'apercevoir les pâles d'un hélicoptère depuis longtemps enterré sous la neige. Je désirais plus que tout confirmer ma théorie sur le réchauffement éventuel de notre planète.

—N'est-il pas possible de s'approcher plus ? demandai-je alors avec espoir.

—Loin de moi l'envie de vous énerver, mais il serait sympathique de ne pas trop en demander. Je ne veux pas risquer de nous mettre en danger.

—Il y a quoi de dangereux à ouvrir une porte ?

D'un air entendu, Carlton me fit gentiment comprendre qu'il ne changerait pas d'avis. En effet, un pas à la fois. Je n'avais que peu d'espoir de voir ce que je voulais, et dès lors qu'une autre porte blindée se présenta à nous, Carlton la déverrouilla immédiatement. Derrière se trouvait notre sésame.

On n'y voyait pas grand-chose, mais ce serait suffisant. Par la petite fenêtre, un halo lumineux transperçait la neige haute d'au moins un mètre quarante. A travers deux portes, il fut compliqué d'admirer l'environnement. Cependant, je pouvais affirmer une chose. Le soleil brillait et rien ne prouvait qu'un vent glacial battait la surface de la terre. Il semblait plutôt régner un calme plat.

—Je me demande ce que vous pourriez apprendre rien qu'en regardant ? s'interrogea Carlton dubitatif.

— Peut-être rien du tout pour le moment. Mais il y a quelques mois, je croyais ma fin arrivée, et ce n'est pas le cas.

La question restait toujours en suspens, et elle le resterait longuement. Pourtant, il n'y avait pas grande différence. Quand arriverait notre fin ?

Il y avait d'autres groupes de survivants après tout, même si les communications avaient été coupées, on pouvait penser qu'ils se battaient eux aussi, et se faisant, chaque jour était comme une victoire. J'avais gagné neuf mois supplémentaire depuis ce que j'avais cru être la « fin ».

Mon enfant avait un mois. Demain serait donc une autre victoire, pour le moment.

Pourquoi avais-je dit « quand » dans ma question ? Tout simplement parce que la nourriture allait en diminuant, tout comme l'eau et le reste. Nous devions commencer à trouver des solutions pour parfaire à ces problèmes futurs. Et ça, Carlton n'était pas contre.

Le Dernier RemèdeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant