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Riley m'emmena comme promis au rassemblement, afin de m'intégrer au reste du groupe qui m'avait accueilli, il y a près de trois semaines. Difficile de se dire que je devais continuer ma vie, avec eux, une bande d'inconnus probablement inoffensif. Je n'arrivais déjà pas à m'asseoir à côtés des autres... Je préférais encore rester aux côtés de Riley.

—Bon courage ! me dit-il avant de disparaitre pour de bon.

Quand le reverrais-je ? Seule je n'avais plus d'autres choix que de faire face.

—Installez-vous, je vous prie ! ordonna soudain Carlton qui apparut de nulle part derrière moi.

Imprévisible, l'homme à lunette attendit patiemment avec un grand sourire que le foule obéisse. Sans que je m'y attende, celui-ci me tapota sur l'épaule en guise d'encouragement. Un geste amical, qui redoubla ma vigilance. Je ne voulais pas me confronter de nouveau à un Shruger assoiffé de pouvoir.

—Asseyez-vous ! insista-t-il lorsqu'il arriva sur l'estrade.

Autour de moi, tout le monde était assis. J'étais la seule idiote qui n'avait pas obéit du tout. Du coup, tout le monde me regardait avec un air bizarre. Comme si j'étais une extraterrestre. C'était fait. J'étais l'objet d'une curiosité certaine qui n'était pas s'en rappeler celle du train, lorsque nous avions traversé l'avant de l'arche. Une impression de déjà-vu qui me fit frémir et me fit choisir très rapidement une chaise.

Après cela, je n'eus plus qu'à écouter toutes ses paroles futiles. Qu'est-ce que je faisais là ?

— ça va être rapide ce matin ! Cela fait bientôt six ans que le froid domine le monde. Nous avons quelques nouvelles de la base Russe, mais le contact s'est rompu, avant que nous ayons fini notre rapport. Et il est de plus en plus difficile de les avoir. Les problèmes de communications de plus en plus fréquents, nous force à nous dire que cela va être de pire en pire. J'espère que nous trouverons un moyen d'arranger tout cela, mais, je ne me fais guère d'illusion.

—Et les autres ? s'exclama une voix désireuse d'en apprendre plus.

—Aucune nouvelle. La base Canadienne n'a pas renoué contact depuis un mois. Nous devons les considérer comme morts.

Une vague de silence survint. Ils s'efforçaient tous de digérer cette horrible nouvelle. Même Carlton paraissait très touché. Il mit du temps à reprendre la parole et à continuer son discours. Une bonne dizaine de minutes passèrent avant qu'il ne nous lâche totalement, et nous laisse tranquille.

J'étais évidemment désolée d'apprendre ces terribles nouvelles, mais je ne savais toujours pas ce que je devais faire. Pour ne pas me ridiculiser encore une fois, je fis comme les autres et me levai.

—Ici ! m'interpella alors la voix haut perchée de Carlton, décidée à m'embêter continuellement.

Ou peut-être me faisais-je des illusions ?

Était-il du genre à espionner les gens pour savoir ce qu'ils manigançaient ? J'avais sûrement peur de ce qu'il pouvait me faire...

—Alors, pour votre premier jour, je vais vous conduire sur votre nouveau lieu de travail.

Lieu de travail ? Au moins, notre ancien bourreau avait eu la décence de ne pas nous mettre en esclavage. Un travail méritait salaire à la fin. Je ne l'appréciais pas et tout le temps que je le suivis, ce sentiment ne changea pas. Il ne faisait que parler de lui. Le chemin vers les cuisines me parut donc interminable, les couloirs n'en finissaient jamais et j'avouais être totalement perdue.

—C'est ici ! s'exclama-t-il soudain.

Il me montra la porte du bout des doigts, et m'incita à entrer. Etrangement il ne me suivit pas, comme s'il regardait une bête aller à l'abattoir.

—Allez-y ! Juanita vous attend !

J'avais peur, et mes jambes restaient bloquées. Tétanisée, j'évitai le regard de Carlton et me motivai à franchir la porte. Je découvris alors mon nouvel environnement pour une durée indéterminée.

A l'intérieur, la cuisine d'un blanc immaculé était minuscule. J'aurais cru que ce serait l'inverse. Mais de ma seule position, j'en avais déjà fait quasiment le tour. Et pas une trace de la fameuse Juanita sensée m'accueillir.

Ayant été privée de nourriture pendant plus de cinq ans, c'était plutôt paradoxale de me retrouver ici. Ce petit détail qu'était la faim était largement comblé depuis mon arrivée. Pourtant, j'allais faire à manger pour les autres !

Le Dernier RemèdeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant