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Je revis ce moment affreux où Jason me disait au revoir. Cet instant où les deux frères m'avaient quitté avant d'aller à New-York pour rejoindre leur mère. Oui, je souffrais une nouvelle fois, avant de me réveiller en sursaut sous les cris des passagers. Michael se réveilla à son tour, tout aussi étonné que je ne l'étais et ensemble, nous nous demandions pourquoi une telle agitation régnait subitement.

Beaucoup était paniqué. D'autres simplement inquiets. Moi, j'ignorais ma position à ce sujet. Et ce ne fut pas grâce à Jason que je l'appris. Même lui parut sceptique. Qu'on nous réveille au bout de la nuit... Cela signifiait clairement que quelque chose de grave allait arriver. A moins que ce ne soit déjà fait.

—Faut se regrouper ? lui demandai-je. Il n'y a pas eu d'alarme.

—Ni d'ordre... Mais ouais, on y va. On reste ensemble.

Michael approuva cette idée, et malgré moi, je les suivis et marchai dans leur ombre tout en les talonnant de près.

J'avais très peur. Généralement, les problèmes ne mettaient jamais bien longtemps avant d'arriver. Là, il fallait simplement découvrir quelle en était la raison.

Nous arrivâmes de longues minutes plus tard, dans le grand hall. Bons derniers, nous ne nous battions pas pour aller aux premières loges. Même si la foule nous cachait la vue, nous étions sûrement plus en sécurité. Il ne fallait pas que ça change.

Malheureusement pour nous, les passagers plus qu'agités ne souhaitaient, de toutes évidences, pas revenir au calme. Les gardes n'apprécieraient pas et de vinrent pas de toutes manières.

Une bonne heure passa, avant que la porte ne s'ouvrît. De ma position, il m'était impossible de discerner quoi que ce soit. Michael et Jason ne purent en apprendre plus. Tout ce que je distinguai était la voix de Shruger qui nous désespéra, bien avant d'avoir pu dire bonjour.

—Nous vous avons réunis, afin de vous prévenir et de punir le cas échéant. Notre surveillance accrue, nous a permis de nous rendre compte qu'un complot s'organisait parmi vous. Un complot visant à détruire l'arche destinée à vous sauver, expliqua Shruger d'un ton menaçant.

—Ils nous espionnent ? s'étonna Michael avec un langage des signes qui se voulut très discret.

Apparemment, c'était bien le cas. Et ils nous mettraient des bâtons dans les roues. A partir de cet instant, tout pouvait basculer.

—Je suis donc devant vous pour une raison... Découvrir qui essaie de lever une rébellion ? Combien sont-ils ? Je veux que l'on me donne les coupables, avant qu'ils ne commettent leurs crimes ! Si vous les protégez, dites-vous que leurs tentatives pourraient vous tuer.

Généralement les coupables n'étaient punis qu'après leurs méfaits.

Un signe de peur de toutes évidences. Il savait qu'un jour, nous réussirions à prendre le contrôle du train. Il avait peur. Maintenant, nous devions espérer que personne ne vendrait la mèche. Un silence insoutenable venait de saisir la pièce et ma peur augmenta crescendo, sans s'arrêter. Mon cœur battit à tout rompre dans ma poitrine, tandis que mon souffle, déjà court, manqua de s'arrêter net.

Certains n'hésiteraient pas à parler.

Dans un deuxième temps, je ne cessai de me demander comment il pouvait savoir ça. Y avait-il des micros ou des caméras cachés ?

Shruger ne prendrait pas le risque de nous laisser courir et j'eus maintenant peur de ce que serait cette punition.

A coup sûr, il ne laisserait rien au hasard.

—Personne ne veut parler ! insista-t-il avec une patience que je ne lui connaissais pas.

—C'est maintenant ou jamais ! me susurra doucement Jason. Il faut agir.

Comment ? Nous dénoncer et nous faire tuer ne ferait pas avancer les choses. Je n'avais aucune idée sur la façon de m'y prendre. Quant aux autres, ce n'était pas mieux. Peut-être que ça nous permettrait de passer les portes, mais franchement, il ne fallait pas rêver.

—Les sanctions seront sévères, mais au moins, je serai sûr de préserver l'arche. En attendant que les coupables soient dénoncés, je vous annonce que la nourriture et l'eau ne seront plus distribués. Et je ne changerai pas d'avis. D'ici quelques jours, il n'y aura plus personne si aucun de vous ne se décide à parler.

Le Dernier RemèdeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant