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La vie tournait autour du Yin et du Yang. Le positif et le négatif qui s'équilibrent de façon permanente. Alors que nous étions dans une période apocalyptique, donc négative. Je ne cessais de me demander ce qu'il y aurait de positif. Du coup, je priais pour que le ciel nous vienne en aide. Comme si cela pouvait nous servir à quelque chose.

L'on me surprit, peu de temps après, en pleine prière, et pas forcément par la personne la plus ouverte d'esprit. J'eus droit à un vague sourire moqueur de la part de l'être le plus athée que je connaissais.

—Je tiens à m'excuser, me fit aussitôt Jason.

Les yeux fixés dans les miens, il ne broncha pas d'un cil. Une attitude qui laissait penser qu'il bluffait. Il veillait à ne pas me froisser.

—Tu veux quoi ? fis-je agressive.

Mon ton le stoppa net dans sa course.

—Calmes-toi ! m'intima-t-il.

—Tu crois que je vais oublier notre conversation ?

—Non, pourquoi tu l'oublierais ? rétorqua-t-il.

Là, c'était sincère. Pour une fois. Mais je ne voulais toujours pas lui parler. Michael avait été finalement le moins blessant des deux. Comment avais-je pu avoir des sentiments pour lui ? Bon, ce n'était pas compliqué. Il était attirant, et ses manières peu chevaleresque attiraient autrefois les filles les plus délurées.

—Alanah... Oublions tout ça, tu veux ! Vu ce qui nous arrive, on a autre chose à penser.

C'était marrant à dire, puisque c'était lui qui avait lancé le sujet. Et oui, il y avait autre chose à penser.

—Comme manger, boire, survivre... Je sais, répondis-je.

Il approuva d'un signe de tête, et m'obligea à continuer pour briser l'atmosphère pesante qui apparaissait doucement. Si Michael daignait nous rejoindre...

—Tu viens ? voulut savoir Jason. Tu ne devrais pas rester seule. Tu as déjà failli te faire tuer. Je ne voudrais pas que ça recommence.

Je le suivis malgré moi, et gardai ma langue dans ma poche. Par chance, il en fit autant. Tenir compagnie à quelqu'un comme ça devint une habitude. Quand c'était Michael, c'était plus logique. D'ailleurs, je devrais profiter de la situation pour en parler à Jason.

—Au sujet de Michael... commençai-je sans attendre.

Plus les secondes passaient, plus j'hésitais à continuer. De toutes manières, c'était trop tard.

—Qu'est-ce qu'il y a ?

Comment le dire sans qu'il soit vexé ?

—Il n'a pas fait vœu de silence ,... attaquai-je doucement.

Jason se tourna vers moi, et son regard me parcourut d'un bout à l'autre, créant chez moi un frisson incontrôlable.

—Tu veux me dire quoi ?

—Ce n'est pas à moi de te le dire, mais....

—Pourquoi lancer le sujet si tu ne dois pas en parler ? rétorqua-t-il perdu et en colère.

—Il faut que tu parles à ton frère... terminai-je. Il n'a pas voulu cela... Il a perdu la voix en fait et... Il sera plus à même de t'expliquer...

—Il t'en a parlé avant ?

Le rouge lui monta aux joues, tandis que la crainte s'installa dans mon estomac. Avais-je pris la bonne décision à ce sujet ? Oui, il devrait le savoir, mais Michael aurait dû lui annoncer le souci.

—Je vois quels sont ses priorités... termina-t-il avant de m'abandonner dans l'incompréhension la plus totale.

La rage dans ses yeux faillit m'assommer un bon coup. Si Jason n'était pas bête, il passerait outre et suivrait son propre conseil. Se serrer les coudes. Je l'espérais.

Le Dernier RemèdeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant