Le Dernier Remède

.23.

Ma vie prenait chaque jour un nouveau tournant sans que je ne puisse être d'accord. Coincée à l'intérieur d'une arche qui me paraissait chaque jour plus petite, je me mis à admirer l'homme qui s'avérait être mon âme sœur.

Chaque jour, chaque minute passée en sa compagnie était pour moi une bénédiction. Mais j'aurais voulu en obtenir plus. Une union en scellait l'amour de deux personnes et aucun moyen pour nous d'y parvenir.

Il n'y avait d'ailleurs aucun endroit privé où notre souhait serait exaucé. A la place, nous devions supporter l'odeur, la crasse et la mort.... Je le rejoignis peu après mon entrevue avec Jason, et retrouvai mon sourire une fois mon but atteint.

Il me serra alors dans ses bras musclés, et me prouva son amour à mon égard. Etreinte que je lui rendis au centuple.

—Comme c'est mignon ! nous interpella Lincoln admiratif. Je n'aurais pas cru voir une histoire d'amour naitre dans cet enfer. Vous m'étonnerez toujours.

—Je ne sais pas trop comment on peut le prendre, mais c'est gentil, nous répondit Michael avec un demi sourire.

Plus gêné que tout, le timide Michael baissa le regard. On aurait cru voir un jeune garçon qui venait de faire une bêtise. J'ignorais tout comme lui, où Lincoln voulait en venir. Ce qui ne m'empêcha pas d'écouter attentivement ses propos.

— ça ne vous manque pas ? demanda-t-il ensuite.

Ses yeux plissés et son sourire en coin laissèrent supposer qu'il insinuait quelque chose. Où voulait-il en venir exactement ? Comment manquer de quelque chose que nous n'avions pas encore connu ensemble ?

—Quoi ? s'inquiéta également Michael tant la question était déplacée.

—Ne faites pas les ignorants. Franchement. Comment aimer quelqu'un si on ne peut pas se donner entièrement à lui, ou elle. Vous ne pouvez pas me dire que ça vous suffit.

Je ne répondrais pas à ça et Michael préféra éviter la conversation, plutôt que de faire face à Lincoln. Ceci n'était pas un sujet à débattre publiquement. Je refusais d'ailleurs d'en entendre plus.

Désireuse de fuir, j'embarquai Lincoln avec moi. Rejoindre notre couchette à travers les allées bondées fut plus compliqué que je ne l'aurais cru. Décidément, on voulait nous empêcher d'avancer.

Nous avions d'ailleurs plus important à régler que nos problèmes personnels. Il fallait penser aux passagers avant de penser à soi. Michael ne l'entendit pas de cette oreille.

—Attends !

Il stoppa net notre course, au beau milieu d'un groupe de personnes qui nous était encore inconnus. Je bénissais la langue des signes en ce moment même.

—Il a raison.

—Michael, on ne peut pas se le permettre, rétorquai-je. Nous ne pourrons avoir aucune vie privée ici. Et nous n'avons pas besoin de cela pour nous prouver nos sentiments...

—Peut-être bien... admit-il après quelques secondes de réflexion.

Ses yeux tristes et aimants, atteignirent mon cœur. Je compris sans problème que son désir insatisfait le consumait. C'était pareil pour moi. Mais c'était impossible. Si nous ne pensions qu'à ce genre de chose, nous perdrions très vite de vue notre objectif premier. Survivre.

— ça ne veut pas dire que je ne veux pas le faire.

Exactement ce que je craignais. Lincoln l'avait contaminé rien qu'en abordant le sujet. En quelques secondes.

—Ne prétends pas le contraire ! me supplia celui-ci.

Pourquoi lui mentirais-je ? Oui, je voulais faire la même chose. Oui, je désirais lui montrer combien je l'aimais. Mais pourquoi s'y adonner quand la mort vous guettait. Lui faire comprendre s'avéra peine perdue.

—Je t'aime !

—Moi aussi, dis-je malgré tout.

—Alors, pourquoi ne pas en profiter un peu ? Arrêtons de penser aux autres ou à ce qui va nous arriver pour une fois.

Touchée en plein cœur. Contrainte par la force des choses, je l'embrassai tendrement, et lui prouvai que malgré toutes mes paroles, je ne désirais qu'une chose. Etre heureuse. Avoir une vie normale...

Ce qui n'arrivera sans doute jamais.

Un peu de bonheur et de plaisir ne nous ferait pas de mal.

—On devrait essayer de profiter du temps qu'il nous reste !

—Et comment ? demandai-je.