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Je n'aurais jamais cru faire ça un jour, mais je ne pouvais plus attendre. Travailler en cuisine avait finalement du bon, puisque j'avais accès à un stock d'alcool inimaginable. Assez pour oublier mon malheur, et même assez pour faire un coma.

Et alors que je me sentais au fond du gouffre, je me disais que je n'avais plus d'autre choix que de boire pour y arriver. La mort de Michael, la disparition de Jason. Le bunker. Carlton et maintenant ma grossesse. Beaucoup trop de choses à gérer pour ma pauvre personne. Ou plutôt pour une personne seule qui essayait tant bien que mal de refaire sa vie.

Tous les jours, Riley venait me voir et espérait que je me confie à lui. En quoi ça me servirait ? Jacasser pendant des heures ne changerait pas mes problèmes. Et en parler à un ami me rendait encore plus mal à l'aise.

Décidée à accomplir ce que je pensais être une bonne chose pour mon esprit, je dissimulai alors une bouteille de Vodka, sans mon pull et disparut tout naturellement, une fois mon travail fini. Je parvins aisément à ne pas éveiller les soupçons et me rendis compte que je n'existais toujours pas à ses yeux. Ce qui n'était pas plus mal.

Il me fallut ensuite une bonne dizaine de minutes pour regagner ma chambre, mon antre, le seul endroit où je parvenais à me sentir un peu près bien. Le seul lieu où j'étais rassurée.

D'autant que Riley ne passerait pas avant un moment... Et je ne pouvais attendre plus. Décidée, et sachant que même un truc nocif me procurerait du plaisir, je débouchai la bouteille et pus sentir les relents de l'alcool me monter au nez. Une odeur forte. Puissante. Qui me donnait envie.

Une gorgée s'immisça dans mon gosier, puis une autre, et une troisième, avant que les effets ne commencent à se faire ressentir. A ce stade, je parvins seulement à me sentir plus légère et plus libérée. Une quatrième m'enivra totalement, et la cinquième m'amenait progressivement au point de non-retour. Forte de nature, il ne faudrait pas que j'en boive plus, au risque de ne plus me réveiller pendant de longues heures. Ce n'était pas non plus ce que je cherchais. Je souhaitais seulement me sentir plus légère. Sans aucun fardeau sur les épaules.

J'y étais parvenue, avec une facilité déconcertante.

J'abandonnai donc la bouteille pour m'allonger dans le lit où les draps glacés tempérèrent mes ardeurs. On disait que l'alcool réchauffait, c'était sûrement vrai, même plus que nécessaire, car j'avais l'impression de mourir de chaud.

Plus rien ne m'atteignait, pas même la remarque de Riley lorsqu'il arriva par surprise dans ma chambre. Je ne l'avais pas entendu frapper, ce qui me fit sourire.

—Qu'est-ce que tu as fait ? m'interrogea-t-il très en colère.

Son regard dirigé vers la bouteille posée à terre, il attendait désespérément une réponse.

—Alanah ?

—Hum...

—Tu es inconsciente ou quoi ? hurla le jeune homme autrefois si aimable.

Le médecin qui m'avait gentiment soigné venait de laisser la place à une bête féroce en mal de sang.

Le Dernier RemèdeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant