Je m'appelle Ha-neul, j'ai vingt quatre ans. Il y a neuf ans, j'ai quitté la Corée du Sud pour vivre mon rêve : intégrer l'équipe de France de Gymnastique artistique. La séparation de mes parents a été l'élément déclencheur, et j'ai dû quitter ma me...
Elle est vraiment trop cette fille. Ha-neul tu m'amuses, tu me séduis. J'adore sa dégaine, j'adore son caractère, je suis sous le charme de ses manières très spontanées et maladroites. Elle est naturelle, et ne ressemble à aucune fille que j'ai connue avant. Elle est surprenante, amicale, familière, elle agit avec moi comme si elle me connaissait depuis des années. J'adore ! Elle me fait descendre de mon piédestal et je deviens quelqu'un de simple à son contact.
Je suis heureux de pouvoir partager cette après-midi en sa charmante et divertissante compagnie. Elle est rafraîchissante. Oui, c'est le terme adéquat, elle met de la couleur dans ma vie bien planifiée. Elle me regarde pendant que je conduis. J'ai mis une casquette et un masque noir sur mon visage. Elle m'examine et me dit :
"- Tu ressembles au grand méchant loup qui attend le bon moment pour dévorer sa faible victime"
Puis elle me sourit. Et je pense, "Oui, j'aimerais te dévorer Ha-neul".
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Elle rougit et baisse la tête. Je crois qu'elle a deviné ma pensée. Je suis gêné à mon tour et je me concentre sur la conduite. Il faut que je contrôle mes pensées. Je l'emmène sur la place du marché, c'est le premier endroit où elle avait envie d'aller. Bon, je ne suis pas très à l'aise mais, je ne pense pas que l'on puisse me reconnaître.Il n'y a que mes yeux qui sont visibles.
Nous marchons désormais dans le dédale de stands, de vêtements, d'épices, et de nourriture. J'aime l'odeur qu'il se dégage. Elle s'accroche à mon bras et me murmure à l'oreille :
"- Regarde comme cet endroit est vivant. Tout ce déploiement d'objets, d'herbes, de nourriture est agréable".
Elle me sourit, mais je ne ressens que son bras qui s'accroche au mien et déjà mon coeur s'emballe. Je suis surpris de ces attitudes qui pour elle semble usuelles, moi, elles me déconcertent. Je ne suis pas habitué à une telle proximité et complicité avec quelqu'un d'autre que les membres du groupe. Elle est toujours accrochée à mon bras, elle lève la tête et admire le ciel. Elle est sublime le visage tourné vers le haut, un ravissant sourire sur son visage. Je la dévore des yeux, elle me fascine. Elle tourne son visage vers moi et me dit :
"- Merci, de m'avoir conduite au marché. J'y ai passé une bonne partie de mon enfance, ma mère tenait un stand de vêtements. Quand, je regarde toute cette rue, j'ai l'impression de me revoir enfant avec Ji-eun. Nous passons un agréable moment, tu ne trouves pas ?"
Je reste sans voix devant sa joie de vivre, cette manière innée qu'elle a de tourner les choses de façon à les voir positivement. C'est une optimiste de nature, elle me ravit. Je souris devant la sensibilité qui se dégage de cette fille adorable. Elle m'entraîne vers un stand, elle achète des petits gâteaux pour grignoter. Nous poursuivons notre progression dans la rue, cela faisait longtemps que je n'avais pas profité pour me détendre. Elle enfourne un gâteau et m'en tends un. Je m'amuse de ce geste, elle ne m'oublie pas. Elle m'informe :
"- Excuse moi, mais j'avais faim. J'ai dormi toute la matinée jusqu'à ce que tu viennes me chercher, je n'ai pas eu le temps de me nourrir !".
"- Tu aurais dû me le dire ! Si tu veux je peux t'emmener dans un restaurant !" Je lui propose.
"- Non, c'est gentil. Mais, je m'adapte, je vais me contenter de cela. Je préfère me promener. Je m'aperçois que j'ai besoin de revenir chez moi. Tu sais, ce n'est pas toujours évident pour moi en France. Mon pays me manque, tu ne peux pas t'imaginer. Ah, désolée ! Je suis nostalgique. Je ne voulais pas plomber l'atmosphère. Nous passons un agréable moment ensemble. Et j'adore l'idée de tout redécouvrir avec toi. Tu sais neuf ans loin de ses racines, c'est long ! Et grâce à toi, je suis ici !"
Elle se cramponne encore à mon bras. Après ces paroles, elle se tourne vers moi et m'embrasse sur la joue. Cet acte spontané d'amitié me désarme. Je suis ému par ce baiser sur ma joue. J'ai envie de la serrer dans mes bras. Plus l'après-midi avance, et plus j'ai l'impression qu'elle me voit comme un ami. Je ne le montre pas, mais je suis vexé. Si elle avait des sentiments pour moi, elle serait plus réservée, là, elle me tient le bras, elle prend ma main quand elle veut me montrer quelque chose, elle se confie à moi. J'aime cette complicité entre nous, je crois que j'en ai besoin, mais j'aimerais autre chose avec elle.
Du coup, je suis bloqué intérieurement. Je voulais profiter de cette après-midi ensemble pour lui démontrer que j'avais des sentiments pour elle. Les relations ont évoluées entre nous, mais pas de la façon que j'escomptais. J'ai pris le parti de ne rien lui dire sur mes sentiments et d'accepter ce rôle de bon ami qu'elle veut bien me donner. Nous sommes sur le pont de Séoul, le vent balaie ses cheveux de gauche à droite. J'observe son profil, elle est jolie et attachante. Si bien que je lui pardonne sa désinvolture et sa cécité quant à mes sentiments. Puis une mèche se place devant ses yeux, je retire doucement cette mèche pour la coincer derrière son oreille. Nos yeux se fixent, elle m'observe attentivement, les yeux surpris, la bouche entrouverte avec sensualité. Elle me renverse, et taquine ma masculinité. Nous restons ainsi quelques secondes à s'admirer.
J'ai une envie irrésistible de l'embrasser, je n'arrive pas à m'y résoudre à cause de son attitude amicale. Par contre, elle n'hésite pas à caresser ma joue et me regarder avec tendresse. Mais, je sais que je ne peux pas interpréter ce geste comme un geste amoureux. Elle me sourit et pointe son doigt sur l'horizon, je tourne ma tête pour prendre connaissance de ce qu'elle veut me montrer. Un bateau arrive au loin. Aucun intérêt, mais cela a permis de couper court à notre instant de tendresse. Je suis un peu perdu avec elle. Et son intérêt amical à mon encontre, me blesse davantage. Plus nous passons du temps ensemble, plus elle me met à genoux.
