Esa

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Quand elle s'assoit dans la voiture, et qu'elle regarde par la fenêtre l'air contrarié , sans comprendre pourquoi, ça me contrarie aussi qu'elle le soit à cause de moi.
Je regarde le paysage défilé et me demande depuis la seconde où je l'ai aperçue dans l'amphi si ce que je crois est possible.
Et puis je jette un oeil , elle a l'air absorbé et partie ailleurs. Je détaille chacun de ses traits , ses doigts , et sans comprendre de nouveau quelque chose se serre.
Je me surprends même , une voix tremblante à murmurer :
_ Parle-moi.
Comment est-ce possible de m'en vouloir de quelque chose pour quelqu'un que je connais à peine? Et plus encore quelque chose que je ne devine pas.
_ C'est plutôt à toi de me parler je crois, non ?
Son ton est froid et ses yeux ne quittent pas la vitre. Je préférais quand elle pensait tout savoir de moi, et quand elle me cherchait dans son jeu de confrontation.

_ Je ....

Je triture mes doigts , et mordille mes lèvres :
_ Je ne sais même pas par où commencer.
_ Tu sais très bien quoi me dire. Je sais pourquoi ça ne va pas. Je sais que tu as quelque chose en toi, de trop lourd à porter et d'inexpliqué. Je sais qu'il t'arrive des choses dépassant la réalité. Je sais que tes rêves et tes cauchemars doivent être hantés. 

Je rougis, et baisse les yeux parce qu'elle se met à me fixer et que j'ai l'impression d'être mise à nue sans même l'avoir demandé.
_ Je....
Ma respiration se suspend parce qu'elle a posé une main froide sur la mienne :
_ Calme-toi.Je ne suis pas une de ces choses bizarre , enfin pas exactement...
Je n'arrive pas à respirer , mon souffle devenant de plus en plus court et mon coeur battant à me faire la pire des douleurs.
Je n'entends plus très bien , juste des mots assez flou :
_ Lai..... là.... c'est à moi....de... 
Et puis le noir devant mes yeux :
_ Reste avec moi.  Ne la laisse pas te contrôler. S'il te plaît...

L'image revient, celle de Kairy , une main sur ma clavicule gauche , les yeux fermés et mon coeur qui s'apaise.
_ Stan, roulez , tant que je ne vous dis pas de vous arrêter . On oublie la première destination. 
Elle pose une couverture sur moi et je me laisse sombrer, bien trop exténuée pour lutter.

L'Horloger... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant