L'Horloger...

Esa/Calista : "Ici elle n'aura pas sa place de majesté"

Je plisse les yeux pour mieux y voir parce qu'une brume recouvre plusieurs hectares qui s'étendent devant moi.
Je reconnais l'endroit où m'a conduit Kairy mais il a quelque chose de beaucoup plus majestueux. Et pour cause ,  à la place du manoir se dresse un château en pierre.
La brume fait place à une pluie glaciale et j'avance sans vraiment savoir où je vais.
Et puis des bruits métalliques et une voix :
_ Nous avons fini de détruire ces roses majesté. La prisonnière fait des siennes pour tenter de sortir mais nous l'avons corrigé. Et nous lui avons fait comprendre qu'il n'était pas dans son intérêt de recommencer.
Il me faut  quelques secondes pour réaliser que je suis vêtue comme une reine du moyen âge , et que ce n'est autre qu'un garde en armure d'email qui s'adresse à moi.
_ Quelles roses ? Quelle prisonnière ?
Il me regarde, perplexe :
_ Majesté, êtes-vous sûr que tout va bien ? Ai-je fait quelque chose qu'il ne fallait pas? Si c'est le cas veuillez m'en excuser et....
Un genou à terre , je le regarde ,ahurie qu'il se prosterne pour une simple question posée. Calista ne devait pas être tendre.
_ Relevez-vous, et emmenez-moi voir tout ça.
Il obtempère sans un mot de plus, et m'emmène de l'autre côté du château. Un spectacle de désolation s'offre à moi, des centaines de roses piétinées , coupées ou encore arrachées juchent le sol. 
Je me retiens d'aller m'agenouiller et ramasser quelques pétales, Calista ne devait visiblement pas avoir cette sensibilité.
Je devine qui les a plantés et mon coeur accélère quand je pressens la suite :
_ Emmenez-moi voir la prisonnière.
Les escaliers en colimaçon en pierre n'en finissent plus et la température descend de quelques degrés. Maintenant muni d'une torche , le garde me devance et heureusement ne peut pas voir que je ne suis pas très rassurée.
Alors quand il éclaire les barreaux, mon coeur menace de s'arrêter et ma gorge et mon estomac n'ont jamais été aussi serrés.
Je reconnais la silhouette de Kairy, mais complètement défigurée. Ses mains et son visage teintés de rouge , de ce sang qui coule encore sur celui déjà séché. Des bleus recouvrent le bas de son cou et je ne pourrais pas supporter d'en voir plus, alors je ferme les yeux , il faut que je me réveille.

**

J'ouvre avec du mal mes paupières, et tourne lentement la tête. La lumière au dessus du fauteuil m'éblouie , Kairy, elle, semble dormir, enfoncée dans ce fauteuil  et moi, je laisse mes larmes couler.
Je me dis que Calista était de celle sans pitié ,  parce que ce n'est pas possible, de faire ça , à quelqu'un qui demandait juste à aimer.
Et puis je réalise qu'elle peut revenir à tout moment me posséder, mais que je compte bien lui montrer qu'ici , elle n'aura pas sa place de majesté.