Ésa : Le Temps continuera de s'écouler

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Je ne peux pas détacher mon regard de Kairy, je l'approche doucement, et elle tourne enfin sa tête vers moi.
Son regard s'adouci :
_Esa, je...
Je ne lui laisse pas le temps de finir et plaque mes lèvres contre les siennes. Ses mains courent dans mes cheveux et mes doigts agrippent sa nuque.
Nos baisers se font de plus en plus long et de plus en plus langoureux. Je la retrouve enfin, je ne veux plus en être séparée. Mais une violente douleur à l'épaule m'oblige à reculer.

Une force m'aspire et je me retrouve sur ce cheval au moment où Kairy vient de tirer.
Cette douleur vive m'arrache un cri, mais ce que j'aperçois me terrifie. Calista se tient, quelques mètres derrière Kairy, face à moi, et tire à son tour, un sourire vainqueur vers Kairy.

Alors je prend mon arc et sans réfléchir tir à mon tour, je sais ce que je veux et le désir plus que tout autre chose en cet instant.
Ma flèche brise celle de Calista, le visage ahuri par cette précision. Et puis c'est à elle de crier parce que ma flèche vient de l'atteindre en plein sternum.

Le temps semble ralentir, mais comme si elle n'avait pas dit son dernier mot la Terre se met à trembler. Kairy se met alors à courir vers Calista, complètement paniquée.
Sur mon épaule mon sang se met de plus en plus à couler.
Il faut que Kairy se souvienne, il faut que je lui fasse retrouver la mémoire, je suis certaine d'avoir ce pouvoir là si je laisse résonner ce qui cogne en moi assez fort pour l'aimer.
Alors je frotte l'encolure de mon équipier et lui dit de se dépêcher.
Mais lorsque j'arrive au pied de Calista, elle me regarde une dernière fois, un large sourire affiché, plaquant sa main sur la clavicule de Kairy avant de s'évaporer.

**

_ Vous ne l'auriez pas vu Esa ?
Esa? Est-ce que vous avez vu cette fille qui est venu faire l'intervention sur le Temps il y a un mois de cela ? Elle devait assurer les cours du dernier trimestre et commencer aujourd'hui il y a déjà trente minutes.
Je regarde mon professeur sans vraiment réaliser ce qui se passe.
_ Esa , ça ne va pas ?
_ Il faut que je sorte, je n'arrive pas à....

Je me dépêche de sortir, dans la chaleur étouffante qui ne m'aide pas plus à respirer. Il me faut un miroir, j'entre dans les premiers toilettes et deboutonne ma chemise pour découvrir mon épaule.

Je me fige, une longue cicatrice recouvre ma peau, alors je me dépêche de chercher au fond de ma poche. Elle est là, et je fixe ce qui s'est remis à tourner, ces aiguilles dans cette montre à gousset.

Ma gorge se serre, je cours au milieu du campus et regarde tout ce monde marcher autour de moi. Personne ne semble percevoir ma détresse, personne ne semble s'apercevoir que pour moi, tout ce monde semble tourner beaucoup trop vite.
Ma respiration accélère, et je la cherche désespérément du regard.

À une dizaine de mètres de moi, une silhouette me fixe avec un sourire narquois, mon double maléfique est là. À ses côtés, un homme en costume étriqué au regard effrayant.
Je tâte ma poche, elle a disparu alors je me met à paniquer.
L'homme tend alors vers moi un verre de Whisky comme pour trinquer.

De ma poche, je sors alors une lettre froissée : "Ne t'inquiète pas, on t'emprunte ta montre. Kairy, quant à elle est toujours là mais ne se souviendra pas. Ni de ces siècles passés ni de celui là, mais surtout elle t'aura oublié toi.
Tu n'as pas voulu t'en débarrasser, il va falloir assumer. Soit nous obtenons ce que nous voulons soit tu diras au revoir à celle qui finalement est depuis bien longtemps au fond de toi. Nous avons tous une vulnérabilité Esa, et la tienne, est dans ce monde, sous notre surveillance, au cas où tu aurais l'idée de vouloir nous doubler. Tu n'as donc pas compris ce qu'il y avait à laisser résonner. Mais c'est la vie, c'est comme ça, on ne choisit pas. Enfin, si, tu as le choix, donne-nous ce que tu sais, ou perds la. Tu as un mois. "

Je lâche le papier et relève la tête, mes Horlogers sont autour de moi, je les sens, je les vois. Alors je serre les poings, ferme les yeux, il est temps d'accepter ce que je suis.
Ils attendent que je leur dise quoi faire comme ils veillent sur moi.
Je fixe ces deux silhouettes pensant toujours avoir gagné et laisse résonner une de mes blessures. Le sol se fissure alors entre eux deux surpris que je ne renonce pas.

Et alors qu'un de mes Horlogers s'approche juste derrière moi, j'inspire avant de me lancer :
_ Je veux savoir qui est cet homme en costume et ce qu'il nous veut. Retrouvez-moi Kairy, je me fiche qu'elle ne se rappelle plus, je sais que je ne suis pas complètement effacée. Je n'aurais qu'à le lui rappeler en laissant tout ce qui est en moi de nouveau tourner. Ils croient avoir gagné mais ils n'auront jamais ce que je suis parce qu'il n'ont pas compris que cette montre n'est qu'un symbole.

Je rabat ma capuche sur ma tête, relève mes manches,et fixe mon avant bras tatoué avant de sourire à mes deux ennemis :
_ Ce qu'ils veulent coulent dans mes veines, solidement encré. Le Temps c'est moi, s'ils veulent quoi que ce soit, ils devront tout simplement déjà vaincre chacun des Horlogers. Mais surtout, ils devront comprendre que peu importe leur façon de penser, le Temps continuera de s'écouler.



Le Temps n'a pas vraiment de limites n'est-ce pas ? Faites confiance aux Horlogers pour vous le rappeler, et pensez à eux quand votre cœur se mettra à accélérer.



J'écris comme une sorte de thérapie. Mon mécanisme à moi est vraiment cassé, et j'avais besoin d'Esa et Kairy, pour comprendre et l'accepter. J'ai besoin d'accepter que les gens autour de nous ne font que passer, laissant des marques plus ou moins ancréés.

J'espère vraiment que le monde de mes protégées vous plaît, je vous remercie de le laisser résonner.

Je ne vous laisse pas comme ça, 😊😊

L'Horloger... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant