Chapitre 3

31 1 0
                                    


Je dormis longtemps. Lorsque je me réveillai, le soleil était haut dans le ciel. Une bonne odeur de crêpes chatouillait mes narines. Je sautai de mon lit et enfilais mon nouveau jean avec un Tee-shirt blanc rayé, noir, toute heureuse. Dans la cuisine ma mère, en chemise de nuit, faisait sauter des crêpes. Son front brillait et ses mains tremblaient.

- Maman ?

- Oh ! Bonjour ma chérie ! Tu as bien dormi ?, son ton se voulait assuré mais je sentis que quelque chose n'allait pas.

- Oui, mais toi, tu as l'air malade.

- Moi ? Oh non, je n'ai rien ma puce.

- Tu es sûre ?

Je savais qu'elle me mentait et cela me blessait. Que se passait-il ?

- Mais oui ! Allé, installe-toi. Aujourd'hui, c'est repos. Solène va venir pour te changer les idées.

- Me changer les idées ?!, demandais-je surprise.

- Oui ; il faut que tu arrêtes de te focaliser sur mon état.

- Mais...

- Ne discute pas et régale-toi.

Je mangeai mes crêpes sans broncher, tout en observant ses gestes qui devenaient de plus en plus lents. Je ne l'avais jamais vu dans un tel état. Comment pourrais-je ne pas m'en préoccuper ? Elle alla chercher le collier et me l'attacha autour du cou en me conseillant :

- Ne le retire jamais car, grâce à lui, tu pourras peut-être retrouver ton père. Je t'aime.

Je la fixai longuement. Pourquoi tous ces adieux ? Elle me dit je t'aime tous les jours depuis une semaine comme si elle redoutait mon anniversaire. Et puis ce collier ! Pourquoi me le donne-t-elle maintenant ? Depuis que je suis petite je rêve de retrouver mon père et... Le bruit de la sonnette rouillée me sortit de ces pensées étranges. Je me levai pour aller ouvrir à Solène qui souriait.

- Alors, comment va la jeune majeure ?

- Bien et toi la mariée ?

- Bien, bien.

- Ça te dit, une balade dans la forêt où on allait enfants ?

Solène et moi, avons dû marcher longtemps dans les rues avant d'arriver à l'entrée du bois. Les grands chênes et les bouleaux cachaient le ciel. Un petit ruisseau coulait à travers les rochers tout proches du petit sentier de terre sur lequel on cheminait, joyeuses. Le chant des oiseaux semait le bonheur et la quiétude. Soudain, Solène se mit à courir en poussant de grands cris. Je me retournai et aperçus un sanglier qui fonçait droit sur nous. Sans réfléchir, je courus à la suite de mon amie qui grimpait maintenant dans un arbre. J'escaladai le tronc, sans mal, et m'installai sur la branche en dessous de celle de Solène. Nos forêts n'étaient plus sécurisées à cause du manque d'argent. Les bêtes sauvages couraient de toutes parts. Le sanglier s'arrêta devant l'arbre puis s'en alla comme si de rien était. Ma camarade, la main posée sur son cœur hurla :

- Tout va bien !?

- Oui ça va et toi ?!

- Plus de peur que de mal !

- On redescend, tu crois ?!

- Ouais !

Nous descendîmes avec précaution pour continuer à nous balader, une bonne vingtaine de minutes. Ensuite, nous rentrâmes chez Solène. Celle-ci avait insister pour me faire visiter, sa grande maison en pierres blanches surmontée d'un beau toit en ardoise. Des baies vitrées ouvraient sur un magnifique jardin. Un garage donnait sur la rue. C'était vraiment splendide.

Morgane: Passé: Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant