Chapitre 6

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J'arrivais, tirée par le bras, dans la salle à manger et restai clouée sur place devant la magnifique table et le beau vaisselier marron. Les chaises blanches étaient déjà occupées et toute la tablée, tournée vers moi : Joceline, Pierre, Mary et deux autres que je ne connaissais pas. Je serrai mon pendentif pour qu'il me redonne courage et saluai :

- Bonjour.

- Bonjour, me répondirent-ils.

Je m'installai à la place que Joceline me montrait discrètement. J'écoutais alors les discussions d'une oreille distraite et gardais le nez dans mon assiette, me demandant si je pouvais manger ou non.

- Tu peux manger, me souffla Joceline qui était juste à côté de moi, et relève un peu la tête.

La gêne que la femme avait ressenti à mon égard semblait s'estomper. Je l'écoutai donc et dégustai en silence gardant la tête haute et droite. Tout cela était si nouveau que je ne savais pas comment me comporter. Je devins plus attentive lorsque je saisis une conversation se tourner vers ma personne.

- Où l'avez-vous trouvée ?, demandait l'homme que je ne connaissais pas.

- Chez le juge, répondit Pierre.

- Pourquoi ?, interrogea la femme qui m'était aussi inconnue.

- Elle avait commis un vol, dit Joceline.

- Et qu'avait-elle volé ?, questionna l'homme.

- Un médicament pour sa mère, annonça Pierre.

- Karine est malade ?, s'exclama doucement la femme.

Je sursautai, un flot de questions me submergea : Comment connaissent-ils ma mère ? Et moi m'ont-ils connue petite ? Connaissent-ils mon père ? Pourquoi cet homme si riche m'a t'il sauvé ? Je faisais semblant de me concentrer sur mon steak et mes frites. Tout ça me dépassait ; je ne comprenais plus rien.

Je relevais la tête pour voir si personne n'avait vus mon trouble, je croisais le regard attentif de Gautier qui avait sûrement tout entendus et guettai ma réaction. Je me concentrais de suite sur mon assiette vide.

Le désert arriva : un flanc. Je pris ma cuillère et grignotai lentement en profitant du bon parfum. Je ne pouvais pas rester ici, je devais retrouver mon père.

Je me levai brusquement et sortis de la salle à manger. Mais j'entendis dans mon dos :

- Non mais pour qui elle se prend !

C'était la voix de Mary. Un poing cogna la table et une dispute éclata.

- Gautier ramène ta copine chez elle !, cria le Milliardaire furieux.

- Pourquoi !?

- Parce qu'elle insulte les gens de cette maison !

- Mais père...

- C'est un ordre Gautier !

Des pas précipités, puis, le silence revint. Je montai les escaliers en trombe et rentrai dans ma chambre fermant la porte derrière moi. Mon cœur cognait trop fort. La respiration haletante, j'enlevai mon jean et mon t-shirt et me glissai sous les couvertures. Les bruits de la querelle que j'avais déclenchée revinrent dans ma mémoire. Un petit réveil avec l'heure était posé sur la table de nuit : 20 h 38.

Je fermai les yeux essayant de penser à autre chose qu'à la dispute, Mary était partie, je n'allais pas dire que j'avais pitié d'elle parce que je mentirai. Le sommeil ne venait pas. J'avais un mauvais pressentiment. Ma mère était peut-être morte.

Morgane: Passé: Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant