Chapitre 8

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" Je suis dans un laboratoire, attachée à une chaise. Des gens en blouse bleue s'activent au-dessus de moi tandis que j'appelle ma mère. Elle m'observe derrière une vitre, son visage est inexpressif. Je me débats, en vain, les liens sont trop serrés. Une vive douleur à l'épaule me fait lâcher un cri. Je tourne la tête vers une autre..."

Je me réveillai en sursaut, pleine de sueur. Cachant mon visage à deux mains, j'essayais de calmer ma respiration. Mon cœur ralentit rapidement et je pus me rendormir doucement.

***

Les rayons du soleil et le chant des oiseaux me tirèrent du sommeil. Je m'assis en tailleur encore consciente des images de ce rêve qui continuaient à hanter mon esprit. Je me levai et revêtis une robe blanche sans manches en remarquant que l'armoire avait été garnie de vêtements. Je descendis ensuite pour déjeuner, sentant des gargouillements dans mon estomac.

Il n'y avait aucun signe de vie dans la grande maison.

Je me décidai alors à préparer des crêpes, fouillant dans les placards et le frigo. Je réussis à réunir les ingrédients : lait, œufs, sucre, farine et huile. Mélangeant le tout, je fredonnai la chanson que me chantait ma mère. Ma maman, Karine, morte. Une larme coula. L'huile chauffait dans la poêle tandis que je versai une petite louche de pâte. Sur une assiette, à l'écart, j'empilai peu à peu les crêpes.

- C'est à une cuisinière de faire le déjeuner, normalement.

Je me retournai vers Gautier qui me fixait impassible dans l'embrasure de la porte.

- Eh bien, moi, j'avais envie de cuisiner !

Je lui tournai le dos en continuant. Je l'entendis grogner et se retirer. Qu'est-ce qu'il était agaçant celui-là !

- Oh ! Mais Morgane cuisine ! C'est un miracle !

Je me retournai vivement vers Mary qui me regardait tout sourire. Manquant de renverser la casserole, je lui fis un doigt d'honneur et lui balançai le tablier que j'avais enfilé. Il était recouvert de pâte à crêpe. Mary cria dans mon dos. J'entendis Joceline et Pierre les interroger tous les deux tandis que je courais dehors cherchant la sortie. Je voulais partir d'ici, rentrer chez moi. J'en avais marre de toutes ces personnes.

A peine avais-je dépassé le portail, que deux hommes m'arrêtèrent, me prenant par les bras. Ils me ramenèrent vers la maison, d'où, sortait tout le monde.

- Elle a essayé de s'échapper Monsieur, dit un des gardes.

- Merci Tom.

- Je vous en prie.

Ils partirent et, tout à coup, je me sentais en prison. Je n'étais pas leur invitée mais leur prisonnière. Cette réalité me donna le vertige. Comment avais-je pu être aussi naïve ?! Joceline arriva vers moi. Je l'ignorai et me précipitai dans "ma" chambre fermant la porte à clé. Je ne voulais pas les voir.

Des coups résonnaient sur ma porte. La voix de Pierre résonna alors menaçante : " Morgane, ouvre cette porte tout de suite !". Je me levai redoutant sa colère. Je déverrouillai et il pénétra rapidement, me jetant au sol.

- Enfin, mais, lève-toi ! Pourquoi as-tu essayé de t'échapper ?, demanda-t-il sévèrement tentant de réprimer son agacement.

- Pourquoi me retenez-vous ici ?, dis-je sur le même ton.

- C'est moi qui pose les questions. Et de plus, tu n'es pas prisonnière.

- Ah oui ? Alors pourquoi vos deux gardes ne m'ont pas laissée sortir et...

- Ça suffit !

Je sursautai et le défiai du regard.

- Tu réponds et après on verra. Pourquoi es-tu partie vers la sortie ?

- J'avais besoin de quitter un peu cette maison de riche.

- Puis-je voir ton collier ?

Je me reculai vivement le cachant de ma main gauche. Que me voulait-il ? Il changeait de sujet rapidement ; cela me perturbait.

- Très bien. Penses-tu recommencer ?

- Non.

- Parfait. Tu es en sécurité ici, tu n'as pas à avoir peur.

Mais moi, c'était tout le contraire que je ressentais.

- Merci. Et...

- Et si tu veux te dégourdir les jambes, tu peux sortir dans le jardin.

- D'accord. Mais, puis-je maintenant poser mes questions ?

- Vas-y.

- Pourquoi vos gardes m'ont-ils rattrapée ?

- Ils faisaient leur boulot.

- Pourquoi m'avez-vous sauvée ?

- J'ai mes raisons.

- Vous pourriez préciser ? Connaissez-vous ma mère ?

- Oui. Bonne nuit.

Il partit me laissant bouche bée. Il connaissait ma mère, mais moi, je ne suis pas Karine alors pourquoi m'avoir sauvée ?

-Pdv Gautier-

Morgane se retourna, son regard, lançant des éclairs. Elle jeta son tablier sur Mary en lui faisant un doigt d'honneur. Ensuite, elle courut dehors sûrement pour quitter cette maison de fous. J'en rêvais toutes les nuits, moi. Avec les gardes devant et mes parents, c'était compliqué.

Mary hurla en pleurant. Je la laissai aux soins de mes parents qui l'interrogeaient et fixai Morgane qui courait sur la pelouse. Allait-elle passer ? Eh bien non ! Alec mon meilleur ami et Tom sortirent de l'ombre et l'attrapèrent par les bras.

Je soupirai et montai prendre une douche. L'eau chaude recouvrait mon corps et je me questionnais encore : Pourquoi mon père tient-il à la garder captive ? Qu'a-t-elle de si exceptionnel à part le fait qu'elle soit sa fille ? Et donc ma demi-sœur. Qu'est-ce que ça fait de vivre dans la pauvreté ? Je sortis et enfilai une chemise blanche et un jean bleu.

Ce soir, il y aura les ministres qui viendront dîner, Morgane ne sera sûrement pas là ; mon père trouvera une excuse pour qu'elle se couche tôt. Mon plus grand rêve à moi, était de vivre loin de cette politique qui ne rime à rien. Le bruit des voitures me donnait déjà mal à la tête

La grande table était maintenant entourée de personnes en costard puant l'eau de Cologne et des millions en poche. Je m'installai à ma place attirant des regards envieux.

Je sais.... je suis beau.

Le repas se déroula tranquillement, tout le monde parlait fort et je me mêlais parfois aux conversations. Mais le plus souvent, je restai silencieux ne trouvant aucune envie de participer aux débats.

Vers la fin du repas des chuchotements commencèrent et les ministres se dévisageaient de plus en plus. Mon père lui, parlait avec Axel son plus fidèle ministre, alors je me levai agacé et sortis. Dans le couloir j'entendis : "il faut la tuer !" Sans réfléchir, je me précipitai vers la chambre de Morgane.

Morgane: Passé: Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant