Chapitre 9

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(la chanson : Watever it take de Imagine Dragons)

-Pdv Morgane-

S'il croyait que j'allais dormir à 19 H 00, il pouvait toujours rêver ! Je m'emparai d'un sac en toile et y fourrais un jean, un tee-shirt, des sous-vêtements, une brosse à dents, de l'eau et la trousse de secours qui se trouvait dans la salle de bain. Tant pis pour la nourriture. Ma résolution était prise : je partais retrouver mon père.

J'ouvris la baie vitrée qui donnait sur le jardin et m'apprêtais à sortir, quand ma porte grinça. Je me précipitai sur mon lit, en voyant Gautier, j'arrêtai mon geste.

- Tu fais quoi ?, me demanda-t-il.

- Je m'en vais.

- Pour aller où ?

- Retrouver mon père.

- Il est ici.

- Pardon ?

- C'est mon père, ton père.

Je regardai dans le vague prise d'un nouveau vertige. Non ce n'était pas possible ! Mais... ça expliquait tout ! Non, non, ma mère me l'aurait dit. Quoique... Ne sachant que faire, je m'assis sur mon lit. Gautier vint à côté de moi, un sac aussi sur l'épaule.

- Et toi ? Tu vas où ?, l'interrogeais-je.

- Je te suis.

- Alors on s'en va !? Même si c'est notre père ?

- Quel genre de père enferme ses enfants ?

- Aucun...

- Et, c'est bien toi qui voulais partir ? Alors qu'est-ce qu'on attend ?

- Ton père ne risque-t-il pas de nous remarquer ?

- Il discute avec des ministres.

Je réfléchis un court instant et annonçais :

- On passe par mon village ; je dois faire un détour par chez moi.

- On risque de mettre au moins deux jours.

- Alors on part, maintenant ! Mais tu es bizarre Gautier, tu veux t'enfuir de chez toi ?

- J'ai mes raisons.

- Qu'est-ce-qui me dit que je peux te faire confiance ?

- Il en est de même pour moi.

En soupirant, j'empoignai mon sac attendant ses conseils. Il se dirigea vers le balcon et sortit, sautant sur le sol qui n'était pas très loin. Je l'imitai. Gautier me regardait impassible et me fit signe d'avancer doucement. Un garde se tenait plus loin.

- Psst, appela Gautier.

Je me tournai vers lui horrifiée.

L'homme s'avança jusqu'aux buissons où nous étions cachés. Une discussion muette accapara les deux hommes. Le garde, Alec je crois, hocha la tête et nous escorta jusqu'au portail. Je les suivais en silence, jetant des regards angoissés en arrière. Gautier empoigna amicalement Alec et partit devant. Je le rattrapai en disant :

- Es-tu sûr qu'il ne va pas avertir les autres ?

- Sûr, Alec est mon meilleur ami.

- Tu savais qu'il était de garde ?

- Non.

Je m'arrêtai stupéfaite. On aurait pu se faire remarquer. S'enfuir était un peu trop facile.

La nuit était de plus en plus noire. La route et la forêt semblaient effrayantes. Nous marchions depuis plusieurs heures à travers les champs.

A l'aube, Gautier rentra sous le couvert d'un sous-bois et sortit des couvertures de son sac ainsi que du pain et du jambon. Je l'aidai à installer le tout et préparai les sandwichs tandis qu'il regardait sur son portable la route à suivre. Je le vis râler et taper sur son appareil, énervé. Je m'approchai, lui tendant son pain. Il l'empoigna et s'assit sur une couette, le regard perdu. Je fis de même et m'allongeai une fois que j'eus terminé ce maigre repas. J'avais mal au pied et étais fatiguée d'avoir marché toute la nuit.

En fermant les yeux, je pensais à ma mère et à Pierre. Serait-il vraiment mon père ? Pourquoi ma mère m'aurait-elle caché son existence ? Rien ne tenait debout. Ça n'avait aucun sens.

Je me levai pour chercher un ruisseau et me dégourdir les jambes. Gautier me regarda silencieux. Je commençai d'abord par courir doucement puis accélérai ne sentant que le vent dans mes cheveux et l'air frais de la forêt, qui, me faisait le plus grand bien. Les bruits de pas d'un animal, le chant des oiseaux, tout résonnait autour de moi. Je m'arrêtai haletante et, n'ayant pas trouvé de ruisseau, rebroussai chemin en trottinant. Gautier rangeait les affaires. Pouvais-je lui faire confiance ? Pourquoi voulait-il quitter la villa familiale ?

Je pris mon sac l'interrogeant :

- Par où ?

- Suis moi.

Je me plantai là, les bras croisés, tandis qu'il avançait. Je ne le suivrais pas les yeux fermés. Il se retourna agacé.

- Tu as tous les droits de ne pas me faire confiance ; mais...

- Comprends-moi, le coupais-je, tu as une vie parfaite et, au moment où je veux m'enfuir, tu me suis. C'est louche quand même, non ?

- Un jour je t'expliquerais. En attendant, le chemin est bien par là.

Il me plaqua son téléphone sur le visage. Le cellulaire indiquait le chemin jusqu'à mon village et la direction vers laquelle il se dirigeait, était la bonne. Je le suivis, pensive, sur la chaussée. Soudain, une voiture décapotable s'arrêta devant nous. Un homme en costard sortit de la voiture, se dirigeant vers nous.

- Cours !, hurla Gautier.

Je pris, effrayée, mes jambes à mon cou vers la forêt. J'entendis le son d'un moteur qu'on rallume en vitesse, puis, la voiture s'éloigna rapidement. Gautier se tenait non loin de là observant le véhicule.

- Tu le connaissais ?

- C'était un des ministres de mon père.

- Il va le prévenir !, m'écriai-je horrifiée. Dépêchons-nous d'atteindre mon village.

- Oui.

J'avançais vite devant Gautier. Pour une fois, c'était lui qui peinait à me suivre. Le paysage me parut de plus en plus familier. La route en terre, les arbres abattus par les bûcherons, les champs coupés par les paysans qui suaient sous la chaleur de la fin de l'été. L'entrée du village apparut enfin, accueillante.

Un souvenir surgit dans mon esprit. Je me tenais devant, main dans la main avec ma mère ; des valises posées à nos côtés, je pleurais. Je murmurais un mot sans cesse. Je fronçais les sourcils. Je n'arrivais pas à me le rappeler. Fichue mémoire !

Je secouai ma tête pour chasser ce souvenir et pénétrai dans ce hameau que je ne reverrais probablement jamais. Ma maison n'avait pas changé. Cependant, des cordes rouges et blanches l'encadraient. J'entrai et fouillais tous les tiroirs à la recherche d'indices sur mon passé ou mon père. Dans ceux de la commode, des papiers s'entassaient. Je fouillai pour trouver ne serait-ce qu'un certificat de naissance. Lorsque je sortis un carnet noir, une photo tomba au sol. Je la pris dans mes mains, la retournai et lâchai un cri. Gautier apparut me demandant du regard : " Qu'est-ce que tu as ?!"

Je lui tendis la photo. Il y figurait ma mère, moi et encore moi. Deux moi identiques, ou presque. Celle qui avait un grain de beauté sous l'œil droit, n'était pas moi car je n'en ai pas à cet endroit. Gautier me regarda, puis la photo, puis moi, et lâcha :

- Eh bah quoi ?

J'étais sur le point de le frapper.

- Comment quoi !? J'ai une sœur jumelle et toi tu me dis : "bah quoi" ?! Mais tu réagirais comment si tu découvrais que t'avais un frère jumeau !?

- J'irais le chercher.

- Bravo Sherlock, où veux-tu que je la trouve ?, répondis-je énervée et anxieuse; j'avais une sœur jumelle.

Il existait une personne dans ce monde qui m'attendait et sur qui je pouvais compter.

- Au couvent Saint Jésus à Lacherme.

Je pris le papier qu'il tenait et me détendis. En effet, ce document était une facture de 50 euros pour la pension d'une certaine Maurine Smiton. Un frisson me parcourut. Le mot. Le mot que je prononçais à mon arrivée : Maurine. Le prénom de ma sœur.

- Où est-ce Lacherme ?, l'interrogeais-je, une lueur d'espoir dans les yeux.

- Pas loin.

Morgane: Passé: Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant