Morgane: Passé: Tome 1

Chapitre 16

Seuls nos pas résonnaient dans la forêt toujours aussi silencieuse. Cela faisait plusieurs jours que nous marchions vers le sud que la boussole de Maurine nous indiquait. Gautier marchait devant comme à son habitude et ma sœur restait à mes côtés. Je lui serrais la main, trop heureuse de l'avoir retrouvée. Elle se tourna vers moi et esquissa un sourire. Nous arrivâmes bientôt dans une petite vallée où un berger dirigeait ses moutons, aidé par son chien. Gautier s'approcha en l'interpellant :

- Berger !

- Que puis-je faire pour toi, jeune homme ?

- Sauriez-vous où mes cousines et moi pourrions dormir ce soir ?

- Hum... Il y a une auberge pas loin d'ici, vous y serez avant la nuit.

- Merci. Pouvez-vous nous indiquer le chemin s'il vous plait ?

- J'y vais justement, ma bergerie est juste à côté.

- Merci monsieur.

Gautier se tourna vers nous, nous faisant signe de suivre le berger et son troupeau. Alors que ma sœur rejoignait Gautier, j'aperçus l'éleveur téléphoner en nous regardant drôlement. Je marchais tranquillement vers le fils du Milliardaire et lui attrapai le bras, le faisant pivoter face à moi. Il haussa un sourcil.

- Je ne pense pas que suivre ce monsieur soit une bonne idée, chuchotais-je tout bas pour ne pas être entendue.

- Ah oui ? Alors tu veux faire quoi ?, répondit-il hautain.

- Arrête veux-tu, il téléphonait en nous fixant ! Je lui lançai un regard de détresse tandis qu'il me souriait et posai une main sur mon épaule.

- Ecoute Morgane, c'est notre seule solution. Nous resterons sur nos gardes si tu veux, mais il ne doit se douter de rien, d'accord ? Au moindre signe étrange venant de sa part, on s'en va.

- D'accord, soufflais-je quelque peu rassurée.

Le troupeau partait déjà et nous le suivîmes en gardant un œil sur le meneur. Le chien, un berger australien, marchait à nos côtés en regardant les bêtes. Il était marron, blanc, noir tacheté.

- Et toi ?, lui demandais-je une fois que je lui eus tout raconté.

- Eh bien Maman, (Je sentis un haut le cœur quand elle prononça ce mot), m'a amenée au couvent en te tenant par la main. Puis elle est repartie me laissant seule avec les sœurs. Ensuite, j'ai grandi là-bas enchaînant les prières, les messes... Elle lâcha un profond soupir et regarda au loin rêveuse. J'aimerais tellement découvrir le monde.

- Ne t'en fais pas. Un jour tu pourras. Quand tout cela sera terminé, lui promis-je.

Je passai un bras autours de ses épaules en la serrant légèrement. Le chien arrêta soudainement le troupeau en grognant. Gautier vint nous rejoindre afin de comprendre ce qu'il se passait. Je tendis l'oreille et me raidis en entendant le bruit d'un moteur.

Je levai les yeux au ciel mettant ma main en visière à cause des rayons du soleil. Un hélicoptère bleu passait au-dessus de nous et se posa quelques kilomètres plus loin. Déjà le berger se dirigeait dans sa direction. J'étais de plus en plus sceptique et sur mes gardes. Je lançai à Gautier un regard qui voulait dire :"Fuyons !".

Il haussa un sourcil et esquissa un sourire arrogant qui m'arracha un râle de rage. Je lâchai les épaules de Maurine et nous suivîmes le gardeur de mouton. Le chien continuait de grogner en regardant vers l'endroit où s'était posé l'engin. Je lui caressai la tête afin qu'il se calme. L'animal tourna ses yeux vers moi. Ils me suppliaient de ne pas y aller. J'aurais bien aimé l'écouter mais mes deux compères continuaient de marcher.

En arrivant tout près de l'engin, j'entendis une branche craquer derrière moi. Je me retournai vivement et pus percevoir une forme parmi les arbres. Gautier et Maurine avaient dû entendre eux aussi car ils fixaient le même coin que moi. Je dévisageai le fils du Milliardaire avec un regard lourd de reproche. Il m'ignora et cria :

- Courez !

Nous prîmes nos jambes à notre cou. J'étais en colère contre Gautier qui ne m'avait pas écoutée et furieuse contre ce satané Milliardaire. Je perçus des bruits de pas rapides et des froissements de vêtements derrière moi, m'informant qu'ils étaient à notre poursuite.

Gautier et Maurine couraient devant avec le chien. Je ne savais pas pourquoi cet animal nous suivait. Je ne m'en préoccupai pas, trop concentrée sur ma course. Mon pied se prit dans une racine et je tombai à la renverse m'étalant de tout mon long sur le sol dur. La tête me tournait et j'avais très mal à la cheville. J'entendis des pas se rapprocher et le chien grogner. L'homme cria de douleur. Je me relevai et vis que l'animal avait mordu le sbire de Pierre. Je retins un rire et faisant confiance à l'animal, je m'éloignai en boitillant.

Je continuai ma marche seule, jusqu'à ce que le chien me rejoigne. Je rigolai et décidai de le surnommer Follower. En continuant, je retrouvai ma sœur et Gautier. Ils attendaient, cachés dans une petite grotte dissimulée par de grandes fougères (voir média). Quand Maurine me vit arriver, elle me sauta dans les bras en me serrant fort.

- Nous avons dû les semer, dit Gautier après m'avoir demandé si j'allais bien. Morgane, tu vas reposer ta cheville pendant que nous deux, nous monterons la garde.

Je hochai la tête en réalisant que j'étais épuisée. Je sortis mon sac de couchage, le dépliai et m'allongeai dessus en poussant un long soupir. Follower se coucha à côté de moi et posa sa tête sur mon ventre. Je m'endormis aussitôt, rassurée.