Chapitre 22

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-Pdv Morgane-

Je me réveillai, rassemblai mes affaires et pris une longue douche. Je m'habillai à la hâte et rejoignis Maurine et Gautier qui m'attendaient dans le couloir, leur sac sur l'épaule. Nous quittions enfin Manosque. Cet après-midi, nous prendrons le train pour aller à Marseille. Je leur fis la bise en signe de bonjour. Je frissonnai en sentant le souffle de Gautier au creux de mon oreille. L'air de rien je reculai en appelant Follower puis descendis les escaliers, suivie par mes compères. Nous remerciâmes la secrétaire et quittâmes l'auberge. Nous nous munîmes de nos lunettes de soleil et marchâmes en direction de la gare.

Les rues étaient pleines de monde. Un enfant me bouscula en courant après une petite fille du même âge que lui. Je regardai tristement les quelques mendiants à qui j'aurais volontiers donner une pièce si j'en avais. Maurine marchait à mes côtés avec Follower. Gautier était devant.

Je réfléchis à la plaque métallique qui était dans ma tête, perturbée. Qu'est-ce que cela pouvait-il bien signifier ? Je levai le yeux au ciel comme pour chercher une réponse, un signe ; mais bien sûr rien ne vint. Je soupirais doucement face à cette énigme. Follower aboya me sortant de mes pensées.

- Excusez-moi ?, me demanda un homme en guenille.

Je fus frappée par la sincérité de son regard marron quand il ouvrit de nouveau la bouche pour prononcer des sons inintelligibles.

- Oui ?, répondis-je.

Le fils du Milliardaire se retourna vers nous et haussa un sourcil désapprobateur.

- Comment vous appelez-vous ? Où allez-vous ?, voulut-il s'informer brusquement.

Sur ces paroles il m'attrapa le bras. Ses doigts agrippés à mes vêtements pinçaient ma peau. Je commençais à paniquer mais me contentai de lui dire :

- Je m'appelle Louise. Je pars pour Marseille avec mon cousin et ma cousine ; veuillez me laisser partir je vous prie.

J'essayai de paraître calme mais le jeune homme et ma sœur durent voir ma tension car ils m'appelèrent tous les deux en improvisant.

- Louise tu viens ?!, m'hurla Gautier.

- Nous allons être en retard, dépêche !, renchérit Maurine.

Le mendiant me lâcha sans me quitter des yeux. Je rejoignis mes compagnons. Follower fixait l'homme d'un regard doux, presque aimant. J'esquivai une dame qui courait droit vers moi son panier à la main. Elle s'excusa quand elle me donna un faible coup de coude et reprit sa course effrénée. Un homme en costume m'écrasa le pied avec sa canne tandis que des marchands criaient à tout va. Follower dévisageait encore le mendiant de tout à l'heure qui marchait vers une petite rue. Je caressai la tête du chien pour le rassurer pensant qu'il avait pitié de l'homme.

Il aboya en direction du monsieur puis se retourna vers moi et avança enfin. Je jetai un dernier coup d'œil à l'homme avant de rejoindre en courant Maurine et Gautier qui n'avaient pas vus que je m'étais arrêtée.

Nous arrivâmes enfin à la petite gare beige et grise sur laquelle il y avait marqué : " Gare de Manosque Gréoux Les Bains" avec le logo de la SNCF (voir média). Nous poussâmes la porte bleue au centre et pénétrâmes dans le hall du petit bâtiment. Nous regardâmes les horaires de train et fûmes soulagés de constater qu'il y en avait un dans une heure et demi : à 15h30. Je regardai mes amis et leur demandai :

- On va réserver les billets ?

- Oui et comme le train part dans plus d'une heure, nous avons le temps de manger un petit morceau, je meurs de faim !, s'exclama ma sœur.

- Bonne idée, je vais chercher les billets, déclara Gautier.

Maurine, Follower et moi nous installâmes sur les chaises d'une brasserie en attendant Gautier. Un homme en costume orange s'approcha de nous. Le chien n'aboya pas et le laissa venir sans faire le moindre geste. Je fus légèrement rassurée que l'animal ne grogne pas ou n'aboie pas ; l'homme ne nous voulait aucun mal.

- Bonjour, je m'appelle John Nelerdson, je cherche un train en direction de Marseille, pouvez-vous m'aider s'il vous plaît ?

- Bonjour, je m'appelle Lorine et voici ma cousine Louise, commença Maurine, nous allons justement à Marseille avec notre cousin Paul. Sur le panneau que vous voyez là-bas vous trouverez les horaires de train.

- Merci, mesdemoiselles et bon voyage.

Il partit. Je détournai le regard de son costume étrange. Gautier revint en dévisageant John un sourcil levé.

- C'était qui lui ?

- Un certain John Nelerdson, répondis-je. Arrête de le regarder comme cela, il va finir par se demander ce qui se passe.

- Mouais, je n'ai pas confiance. Que vous a-t-il demandé ?

- Rien de bien méchant juste les horaires d'un train pour Marseille, dit ma sœur.

- Et que lui avez-vous répondu ?

- Qu'il devait aller voir le panneau, rien de plus, le rassurais-je.

- Et qui plus est nous lui avons donné de faux noms, renchérit Maurine avec un faible sourire.

- Vous lui avez donné quels noms ?

- Morgane s'appelle Louise, toi c'est Paul et moi Lorine, arrête de t'en faire.

- D'accord pour plus de sécurité nous devrons nous appeler par ces prénoms et pas les autres, déclara Gautier.

Je levais les yeux face à son semblant de paranoïa. Un serveur arriva à notre table et nous demanda ce qu'il pouvait bien nous servir.

- De la viande pour le chien et un gratin de pomme de terre pour moi avec de l'eau, commençais-je.

- Même chose, ajouta Maurine.

- Une salade pour moi s'il vous plaît et un coca, finit le fils du Milliardaire.

Le serveur acquiesça, nota et répéta notre commande puis s'en alla. Je m'enfonçai dans ma chaise et calai mon dos contre le dossier.

- Une fois à Marseille nous devrons trouver un port et réserver des billets pour embarquer dans un bateau, anticipa Gautier.

- Oui et un hôtel pour dormir. Les bateaux sont longs à quitter le port. Nous resterons au moins une semaine à Marseille avant de pouvoir, enfin, partir pour la Corse, annonça ma jumelle.

- Oui mais le principal reste les billets, marmonnais-je.

- Nous devons nous attendre à ce qu'une brigade nous accueille une fois arrivés en Corse. Mon père a sûrement fait tout son possible pour se mettre des flics dans la poche.

- Oui nous devrons rester sur nos gardes, acquiesçais-je.

Notre commande arriva.

- Cela ne sert à rien que je te propose de boire une gorgée de mon coca cola, Louise ?, lança Gautier en souriant, moqueur.

Je levai la tête de mon assiette pour le regarder et répondre, ironique, un sourire au lèvre :

- Hum je ne sais pas...

Nous rigolâmes de bon cœur puis finîmes ce bon déjeuner en silence afin de le savourer.

Morgane: Passé: Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant